«J'étais fan de Yahia... Avec lui et Bougherra, j'ai beaucoup appris et je continue encore à apprendre» * Vous faites exprès de vous mettre un peu plus avec les locaux qu'avec les pros ou vous y allez naturellement ? Vous devez savoir avant tout que tout ce que vous voyez se faire au sein de cette équipe est naturel. Il n'y rien de faux. Tout est authentique. Maintenant, c'est vrai que j'ai la faculté de pouvoir me fondre facilement dans le groupe des locaux comme celui des pros. Mais ne croyez pas qu'il y a des clans au sein de l'équipe. C'est juste une question d'affinités et de mentalité. Certains ne parlent pas bien le français et ils ont des difficultés à comprendre l'humour de ceux qui sont issus de l'émigration. Mais en dehors de cela, tout le monde s'apprécie et on s'entend très bien les uns avec les autres. Il y a un total respect entre nous et c'est le plus important. * Vous êtes conscient au moins de votre rôle de fédérateur ? C'est vrai que je prends conscience de ce rôle de plus en plus. Je le fais parfois exprès, c'est vrai, parce que ça permet aux uns et aux autres de se rapprocher. Je ne suis pas le seul à le faire, car il y a aussi Rafik Saïfi qui le fait très bien depuis des années. * Est-ce que Saâdane vous en a parlé ? Oui, bien sûr. Dès qu'il a vu que je prenais plaisir à passer d'un groupe à l'autre, il est venu me parler de cela. Il m'a incité à le faire, en me disant que c'est très important pour le groupe. Il m'a dit de veiller à ce que l'ambiance soit bonne des deux côtés, de tenter de créer une sorte d'humour intermédiaire pour rapprocher les deux mentalités. C'est ce que j'essaie de faire en m'inspirant du rôle de Rafik Saïfi dans l'équipe. Je prends cela très au sérieux et je n'éprouve aucune difficulté à le faire. C'est même un grand plaisir. * Vous vous êtes rapproché naturellement de Antar Yahia, votre partenaire de chambre. Comment ça s'est fait entre vous ? Le plus normalement du monde. En fait, le premier pas est venu de Antar, puisqu'il ne donne pas l'impression d'avoir grandi en France. A l'entendre parler et à le voir vivre tout simplement, on a du mal à croire qu'il n'est pas né en Algérie. Son humour est également celui de l'Algérie. Tout ce qu'il fait le fait passer pour quelqu'un qui a vécu toute sa vie en Algérie. On dirait qu'il n'est jamais sorti du pays, tellement il est drôle et sympa. Non, Antar est un type à part. * Qu'est-ce qui vous a rapprochés tous les deux ? Je ne sais pas, c'est juste un feeling qui est passé entre nous. Je ne peux pas l'expliquer. On s'est trouvés tous les deux et on ne se quitte plus depuis. On partage la même chambre et sur le terrain, on est aussi tous les deux défenseurs. C'est sur lui et Madjid (Bougherra) que je me suis reposé en arrivant dans cette défense. J'ai beaucoup appris avec eux et je continue encore à apprendre. * Vous partagez quoi de particulier dans la chambre, la musique, les films ? Oui, on regarde souvent les mêmes films et on se fait des confidences tous les deux. Bref, je me sens tout simplement très à l'aise avec Antar. Même El hadj Cheniouni a compris. Dès qu'on arrive dans un hôtel, il nous donne la clé d'une chambre commune. Tout le monde sait désormais que Yahia et Halliche partagent la même chambre. * Vous étiez en plus un des admirateurs de Yahia, avant même votre arrivée en sélection, non ? Ça c'est vrai ! J'étais fan de Yahia et de tous les joueurs de l'EN. J'admirais toute l'équipe, Ziani, Bougherra, Belhadj, Saïfi et tous les autres. Je ne pouvais pas imaginer que ça allait se passer aussi vite et que je fasse un jour partie de cette EN. Le rêve s'est réalisé trop vite et tant mieux pour moi, Al hamdoullah. * Vous vous rendez compte un peu de ce qui vous arrive depuis deux années ? C'est vraiment incroyable ! Je me dis parfois que ce n'est vrai ce qui m'arrive. Il y a de cela deux ans, j'étais encore au NAHD. Quelque temps plus tard, je me suis retrouvé au Portugal, commençant une carrière professionnelle, puis sélectionné en équipe nationale parmi ceux que j'admirais de loin, à la télévision. Tout est allé vite, trop vite par moments, mais j'ai eu la chance d'être protégé par Allah et soutenu par beaucoup de proches. Mais il faut dire que tout cela n'est pas venu par hasard. C'est le fruit de beaucoup de travail et de sacrifices. C'est ce qui me pousse à donner toujours plus. * Comment vivez-vous votre statut de nouvelle de star en Algérie ? C'est impensable ce qui m'arrive ! Tout le monde veut me parler et m'encourager. Même dans mon quartier, les amis et les voisins sont fiers de me parler. Ce n'est pas un truc normal lorsque vous voyez vos propres amis vous demander de prendre des photos avec vous. Je ne pouvais pas imaginer que ça pouvait aller jusque-là. * Ça vous dérange parfois ? Aucunement ! Tout cela est du pur bonheur et je savoure pleinement ce nouveau statut. Si les gens veulent me parler ou prendre des photos avec moi, c'est qu'ils veulent me dire qu'ils m'aiment et qu'ils m'encouragent à aller de l'avant. Lorsqu'ils viennent me parler, c'est plus pour me dire que ce que je fais leur plaît. Mais parfois, c'est un peu gênant quand on reçoit beaucoup d'éloges à la fois. On n'est pas habitués à tout ce monde. C'est ce qui me gêne un peu parfois. * Ziaya vient d'arriver en Equipe nationale, avez-vous parlé avec lui pour l'encourager ? Bien sûr ! C'est notre devoir à tous de lui souhaiter la bienvenue. Je lui ai dit pour ma part comment il doit faire pour intégrer le groupe facilement. Par exemple, je lui ai conseillé de ne pas se mettre tout le temps avec les locaux, pour connaître un peu la mentalité des pros et pour avoir des affinités avec eux. Les locaux, c'est plus facile pour lui, car il connaît tout le monde. Mais avec les pros, ce sera autre chose. C'est donc à lui de faire les efforts pour mieux s'intégrer. On sent déjà qu'il est à l'aise avec tout le monde. * Qu'est-ce que vous avez entendu de plus touchant depuis votre retour du Soudan ? Beaucoup de belles paroles, que ce soit dans ma famille, chez mes amis ou alors avec les supporteurs que je ne connais pas. Lorsque quelqu'un vient vous dire que vous avez réussi à lui réaliser son rêve, ce n'est pas rien. Je me dis souvent que c'est énorme d'entendre dire ces choses-là. Moi à mon âge aider à réaliser les rêves ? Je n'étais pas habitué à entendre de telles paroles. * Vous qui fréquentez Antar Yahia tout le temps, quel est son défaut principal dans la chambre ? Ah, ça c'est très personnel, je les garde pour moi. (Il se marre). Je peux juste vous dire qu'actuellement, il a transformé la chambre en salle de soins avec toutes les machines qu'il a ramenées. (il se marre encore de plus belle). Entretien réalisé par Nacym Djender