L'Algérie, un pays très respecté en Angola Avant de venir à Luanda, nous avons plongé sur Internet pour récolter quelques informations sur cette ville, afin de nous prémunir de toute mauvaise surprise. L'info qui nous a le plus fait peur a été la suivante : «Luanda est la ville la plus chère au monde.» On a pensé un moment que c'était exagéré et que des villes comme Tokyo ou New York seraient largement plus chères que Luanda. Mais une fois sur place, cela nous été confirmé et nous continuons à la confirmer au quotidien. Donc encore une fois, que ceux qui viendront supporter l'Equipe nationale s'y préparent. On importe tout avec des taxes mirobolantes Mais pourquoi donc l'Angola est un pays très cher ? En discutant avec les Angolais eux-mêmes et certains coopérants étrangers, nous avons appris que l'Angola compte exclusivement sur sa rente pétrolière en important presque tout, y compris les produits de première nécessité. Et avec les taxes très élevées imposées par l'Etat, les prix des aliments augmentent systématiquement, d'où la cherté de la vie. L'autre raison qui fait de Luanda un pays cher c'est la guerre civile qui a ravagé le pays pendant plus de deux décennies. 80% de favelas et du vestige portugais Ceux qui ont connu Luanda avant la guerre civile disent que c'était une belle petite ville balnéaire avec de petites maisonnettes d'une architecture portugaise très raffinée. Malheureusement, la guerre civile a détruit une bonne partie de ce charme et l'arrivée massive des habitants des villes de l'intérieur a compliqué les choses avec la prolifération des favelas tout autour du centre-ville. Le visiteur de Luanda, une fois qu'il quitte le cœur de la ville, est agressé par le nombre impressionnant de taudis construits un peu n'importe comment. La CAN, une occasion pour reconstruire le pays Lorsque l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations a été accordée aux Angolais, les politiques de ce riche pays pétrolier étaient aux anges. C'était une occasion inouïe pour eux de reconstruire leur pays. Grâce à des sociétés chinoises, des hôtels ont poussé comme des champignons. Les Angolais espèrent qu'après la CAN, les sociétés étrangères autres que pétrolières s'intéresseront à l'investissement dans un pays qui offre beaucoup de possibilités. Star du rap le soir, «clandestin» le jour Alors que le pays produit 2,2 millions de barils/jour, le peuple angolais vit dans une grande pauvreté, au point où il faut avoir deux voire trois emplois pour pouvoir subsister. Le meilleur exemple est notre chauffeur Alvaro qui est une star du rap chez lui. Ce qui ne l'empêche pas d'arrondir ses fins de mois en exerçant le métier de «clandestin», c'est-à-dire chauffeur de taxi sans autorisation. Alvaro, qui a plusieurs albums, a chanté avec le rappeur portoricain, Fat Joe. En Angola, il n'y a pas de taxi ! C'est vrai que l'Angola est décidément un pays de paradoxes, mais lorsqu'on nous a dit que dans ce pays il n'y a pas de taxis, on était tombés à la renverse. Comment font les gens pour se déplacer ? Les plus riches possèdent tous des voitures de luxe que vous ne trouvez pas en Algérie, des 4X4 en général. Les pauvres, qui constituent 95% de la population, se déplacent dans des mini-bus toujours bondés. Comme il n'y a pas de classe moyenne, les taxis ont disparu. Une aubaine pour les clandestins qui sont sollicités sur des sites Internet afin d'échapper aux contrôles de police. Ce qui constitue toutefois une très belle opportunité puisque pour se payer une voiture avec chauffeur toute la journée, il faut casquer 150 dollars. L'Algérie, un pays très respecté en Angola Les Angolais, notamment les plus âgés, vouent un grand respect à l'Algérie et aux Algériens. Ils savent que notre pays a été pour beaucoup dans l'indépendance de l'Angola en 1975 en faisant des dons en argent et en armes aux combattants angolais, avant de prendre fait et cause avec le gouvernement socialiste angolais contre le mouvement rebelle de l'Unita soutenu par les Etats-Unis. L'Algérie rappelle aussi de bons souvenirs aux Angolais qui n'ont pas oublié le titre africain de basket-ball remporté de belle manière à Alger en 1995. Les supporters angolais ne croient pas en leur équipe Le basket est de loin le sport numéro 1 en Angola avec une sélection qui plane sur le continent africain et qui tient tête aux meilleures sélections mondiales. Toutefois, la qualification en Coupe du monde de basket en 2006 a créé un engouement pour le football. Un engouement vite refroidi par l'élimination précoce des Palanças Negras au Mondial sud-africain. Les mauvais résultats durant les rencontres amicales qui ont précédé la CAN n'ont pas arrangé les choses. «On espère qu'avant de nous affronter, l'Algérie se sera déjà qualifiée au second tour, ce qui pourrait nous donner un coup de main», nous a dit notre chauffeur de taxi. Un état d'esprit que beaucoup d'Angolais partagent, malgré la forte prime promise par le président de la république lui-même en cas de victoire finale. En Angola, on préfère l'entraîneur local A l'instar de tous les pays africain, en Angola on est partagés entre l'entraîneur local et étranger, mais la majorité préfère le produit local. «Avec un entraîneur angolais et une équipe composée en majorité de joueurs du championnat, nous nous sommes qualifiés en Coupe du monde. Avec Manuel José et toutes ces pseudo-stars du championnat portugais, on prend souvent des raclées, c'est cela qui nous rend pessimistes avant le début de la CAN. Regardez l'Algérie, elle a échoué plusieurs fois avec des étrangers et aujourd'hui grâce à un entraîneur local, elle revient en Coupe du monde par la grande porte», a analysé Alvaro, notre chauffeur de taxi, très branché foot. M. S. ------------------- 28 ressortissants algériens en Angola En comptant les employés de l'ambassade et les familles des travailleurs algériens qui exercent dans des sociétés pétrolières notamment, le nombre de ressortissants algériens a atteint 28. On nous a parlé d'un Algérien travaillant à Kabinda à côté de la frontière avec l'Angola, mais qui n'est pas encore inscrit à l'ambassade. Malgré ce chiffre très modeste, l'Algérie possède une ambassade à Luanda en raison notamment des bonnes relations entre les deux pays. La communauté libanaise est de loin la plus importante avec environ 5 000 ressortissants.