Anelka : « On se demande qui sont les racailles » Un an après son exclusion de l'équipe de France au Mondial sud-africain, Nicolas Anelka livre ses vérités sur cette affaire. L'attaquant de Chelsea s'explique aussi sur son image controversée. Nicolas Anelka nous a donné rendez-vous lundi au Fouquet's, sur les Champs Elysées. Une équipe de Canal + l'attend aussi pour un entretien diffusé ce soir dans « le Grand Mag », la nouvelle émission en clair de la chaîne cryptée (19h10). Tout juste rentré de vacances en famille à Dubaï, le Français de Chelsea est détendu. Habillé en jean, baskets et chemise bleu nuit, il a des choses à dire, lui qui est pourtant avare d'interviews. L'affaire des insultes (il a intenté un procès contre le journal « l'Equipe » dont le délibéré sera annoncé avant le 1er juillet), l'équipe de France, Domenech, Laurent Blanc, l'ex-joueur du PSG, qui se félicite de l'arrivée d'investisseurs qatariens (« une très bonne chose pour le club »), a abordé bon nombre de sujets. Un an après le Mondial en Afrique du Sud, quand vous repensez à la mi-temps de ce France - Mexique du 17 juin 2010, que vous dites-vous ? Nicolas Anelka. (Il réfléchit) Ce qui s'est passé dans le vestiaire à la mi-temps du match contre le Mexique, cela arrive dans tous les clubs ou équipes nationales, à tous les niveaux, dans tous les vestiaires. Il y a eu un désaccord tactique entre le coach et moi. C'est tout. Comprenez-vous que les gens aient pu être choqués ? Pour les gens, ce qui a été choquant, c'est le titre de la une du journal « l'Equipe » le surlendemain. Sinon, je pense qu'ils sont assez intelligents pour savoir que ce n'est pas la première fois et ce n'est pas la dernière que ce genre de désaccord arrive. C'est le cas dans tous les sports d'ailleurs. C'est arrivé dans cette même Coupe du monde avec un joueur du Portugal et son coach sans prendre de telles proportions. Mais aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a des histoires beaucoup plus graves qu'une soi-disant insulte dans un vestiaire. Quand on voit des hauts représentants français être plongés dans des histoires d'agressions sexuelles ou de harcèlement, on se demande qui sont les racailles… Quel était le problème tactique avec le sélectionneur ? Simplement le fait de décrocher et de ne pas rester en pointe comme il le voulait. C'est mon style de jeu que de bouger un peu partout sur le terrain, et jusqu'à preuve du contraire, au cours de ma carrière, cela m'a plutôt bien réussi. Qu'avez-vous dit exactement dans ce vestiaire ? Dans ce que j'ai dit ce soir-là, il y avait un seul mot à caractère insultant et personne ne sait si c'était envers le coach ou envers sa tactique. Ça restera dans le secret du vestiaire. Il y a des choses qui se passent dans un vestiaire et qui doivent y rester. Quand vous quittez le stade pour rentrer vers l'hôtel à Knysna, pouviez-vous imaginer que votre Mondial était terminé ? Non. Je me dis que l'altercation va peut-être sortir dans les journaux mais sans plus. Jamais je ne me dis que je vais devoir partir. Mais sans essayer de savoir ce qui s'était vraiment passé la veille, on me demande de m'excuser publiquement de quelque chose que je n'ai pas dit. On m'a dit : « Excuse-toi publiquement ou tu pars. » A partir de là, je ne pouvais que partir. Comment êtes-vous parti ? J'ai réuni tous les gars. Je voulais leur dire au revoir mais je voulais aussi qu'eux continuent. Je leur ai dit que je comptais sur eux pour battre l'Afrique du Sud et pour se qualifier. Je voulais vraiment qu'ils le fassent. Mais au fond de moi, après tout ce qui s'était passé, je savais que c'était fini. C'est pour ça que je parle à la mi-temps contre le Mexique. Je savais qu'on allait dans le mur, donc j'ai voulu créer une réaction. Et j'assume ce qui s'est passé. Je crois même que ça aurait pu créer un déclic positif. En voulez-vous à Domenech ? Non, pas du tout. Pourquoi lui en vouloir ? Même si c'est lui qui a parlé au journal « l'Equipe », je ne lui en veux pas… Cela fait un an maintenant et c'est le passé. J'avais de très bons rapports avec lui et j'ai juste eu cet incident dans le vestiaire. Je sais malgré tout que c'est une bonne personne! On ne s'est juste pas entendu professionnellement sur ce tournoi. Vous n'avez joué qu'une seule Coupe du monde dans votre carrière, celle de 2010, et elle s'est mal terminée… Oui. C'était écrit. J'aurais même dû ne pas en faire. C'était le destin. J'ai toujours eu un problème avec les personnes qui dirigent le football français et avec l'équipe de France, et ça depuis l'âge de 15 ans. Et le fait que ça se passe comme cela en Afrique du Sud, c'est à l'image de tout ce qui s'est passé dans ma carrière sous le maillot bleu et avec les entraîneurs français. Que pensez-vous du travail de Laurent Blanc ? Je ne regarde pas les matchs des Bleus, mais je sais qu'ils ont de bons résultats. Il fait du bien à l'équipe de France et il fait du bien au jeu. Vous seriez-vous bien entendu avec lui ? Je pense que c'est difficile d'être entraîné par quelqu'un avec qui tu as joué et aussi contre qui tu as joué. Cela m'aurait fait très bizarre de l'avoir comme coach… Que pensez-vous de son rôle dans la polémique sur les quotas ? Pour moi, le fait qu'il y ait une réunion avec comme sujet cette histoire de quotas, c'est déjà trop. Après, je pense qu'il a été obligé d'en parler parce qu'il était présent. Mais le problème reste le même. Tant que « les grands Blacks » ne sont pas considérés comme des Français à part entière, même quand ils sont nés en France, alors il y aura toujours ces réunions. Le Parisien.fr