«Lemmouchia aurait dû faire preuve d'un petit peu plus de retenue pour éviter au groupe une cassure.» Hocine Yahi, l'ancien international du CRB, s'est déclaré surpris et choqué au même temps par la réaction du milieu de terrain de l'ES Sétif, Khaled Lemmouchia, qui a pris la décision de quitter la délégation de l'EN avant-hier en Angola, en raison d'un différend technique avec le coach national, Rabah Saâdane. Pour l'ancienne coqueluche du Chabab, qui a aussi vécu des moments semblables en sélection mais sans jamais montrer le moindre signe de mécontentement envers ses entraîneurs au risque de porter atteinte à la sérénité de l'équipe, Lemmouchia aurait dû faire preuve d'un petit peu plus de retenue pour éviter au groupe une cassure, désormais inévitable, quel que soit le résultat, estime-t-il. * Tout d'abord, quel commentaire faite-vous de la décision de Lemmouchia de quitter le groupe de l'EN ? Je dirai que c'est une faute professionnelle grave. Quel que soit l'alibi avancé, Lemmouchia aurait dû faire preuve d'un petit peu plus de sens de responsabilité et aussi de solidarité envers ses camarades, surtout que l'équipe préparait un match d'une extrême importance face au Mali (joué hier). * On croit savoir qu'il aurait refusé le banc de touche avant de s'accrocher avec le coach national... Franchement, c'est aberrant. A ce niveau de la compétition, il faut être costaud moralement et accepter les décisions du coach. Il fallait penser à l'intérêt de l'équipe nationale et du pays tout entier. On n'a pas le droit d'abandonner ses compagnons dans des moments aussi difficiles. Le football, c'est comme en guerre, on doit se battre tous pour la même cause, quel que soit le sacrifice, sans jamais imaginer laisser tomber ses amis en pleine bataille. Non, si c'est vraiment le cas, Lemmouchia n'a pas le droit de réagir de la sorte. * Cela risque-t-il de perturber la sérénité du groupe ? C'est clair, des écarts de discipline de cette ampleur cassent la sérénité du groupe. Ça nuit énormément à la solidarité des joueurs. L'entraîneur sera aussi le plus affecté. Franchement, ça ne sera pas facile de s'en remettre de cette histoire. Dommage, car il y avait de la place pour réaliser un bon truc dans cette CAN 2010. * Personnellement, vous avez vécu cette situation de remplaçant lorsque vous étiez joueur, alors que d'aucuns s'accordaient à dire à l'époque que vous étiez un titulaire à part entière. Qu'est-ce qui vous retenait de revendiquer une place de titulaire ? Je dirai, pour ma part, que mon éducation m'interdisait d'émettre le moindre commentaire sur les choix de mes entraîneurs. Dieu sait que durant toute ma carrière internationale j'ai vécu des cas d'injustice flagrants, même plus graves, mais je me suis toujours abstenu de nuire à la sérénité de l'équipe nationale qui était pour nous quelque chose de sacré. Et puis il y avait une meilleure discipline et une solidarité fondée sur des bases solides. * Pour terminer, croyez-vous vraiment aux chances de l'équipe nationale de passer ce premier tour ? Je dirai qu'avec ce que vous venez de m'annoncer, ça ne sera pas aussi simple. Cette cassure ne sera pas aussi simple à gérer, mais je crois que si nous parvenons à battre le Mali, chose qui est difficile, je reste optimiste comme tout algérien, voilà. Entretien réalisé par Moumen A.