«Il y avait plus de rage chez les Algériens» Pour obtenir une interview avec Samuel Eto'o lors de cette CAN, il faut se réveiller très tôt, ou carrément ne pas fermer les yeux et camper devant son hôtel. Et pour cause, la star de l'Inter devient pratiquement intouchable, avec autant de sollicitations. Dès qu'il sort de sa chambre, les gens l'entourent pour immortaliser avec lui l'instant de cette heureuse rencontre. Car, à Lubango, Eto'o est tout simplement La star de cette CAN ! Si vous voulez parler business avec lui, il est toujours OK ! Mais dès qu'il a en face de lui un journaliste, Eto'o reprend son statut de big mondialiste et s'éloigne avec le sourire. Mais rassurez-vous, le capitaine du Cameroun n'est pas tout le temps inaccessible, puisqu'il est resté longtemps avec les journalistes dans la zone mixte, après avoir animé la conférence de presse aux côtés de son coach, Paul Le Guen. Nous avons profité de toutes ses apparitions pour recueillir par-ci et par-là ses impressions, sans oublier celles, très précieuses, qu'il nous a accordées en aparté à l'hôtel Derra Da Chela de Lubango où l'équipe du Cameroun a établi ses quartiers. Dans cet entretien «patchwork» Eto'o a parlé de la CAN, des difficultés des mondialistes et bien évidemment de l'Algérie dont il dit beaucoup de bien. Appréciez. * Vous avez raté votre entrée dans cette CAN en perdant contre le Gabon. Un commentaire sur ce match ? Ce sont des choses qui arrivent dans le football. On n'a pas fait un mauvais match, mais c'est vrai, les gens ne retiennent que le résultat. Surtout dans une compétition comme celle-ci, où chaque point compte au final. Face au Gabon, on n'a pas été réalistes devant. On a raté le dernier geste et ça ne pardonne pas devant une équipe aussi bien organisée. Pourtant, on s'était procuré pas mal d'occasions. * Qu'est-ce qui n'a pas bien fonctionné dans ce match ? Non, l'équipe n'était pas mauvaise sur pas mal de points. Malheureusement, on était dans un jour sans, c'est comme ça, on n'y peut rien. Ça arrive à tout le monde et pas seulement à nous. Maintenant, il va falloir se reposer et récupérer nos forces rapidement. On s'est beaucoup dépensés dans ce match. Il reste encore deux rencontres qu'il faudra impérativement gagner. Je suis sûr qu'on peut le faire. * C'est une situation que vous connaissez bien avec la sélection du Cameroun, puisque vous êtes déjà passé par là lors de la dernière CAN, en perdant votre premier match pour retrouver la Zambie juste après… Oui, il y a deux ans on s'était retrouvés exactement dans la même situation et on était parvenus à renverser la vapeur en notre faveur. On avait perdu 4-2 face à l'Egypte avant d'écraser la Zambie par 5-1. Cette fois aussi, on peut faire le même coup face à la Zambie. Il suffira de bien rentrer dans cette deuxième rencontre, et tout faire pour soigner notre différence de buts car elle pourrait être importante dans ce groupe au décompte final. On va jouer nos chances à fond et on ne va rien lâcher, comme d'habitude. Moi, je ne baisse jamais les bras. Si vous me connaissez, vous savez que je réagis toujours bien dans les moments difficiles. Je suis venu en Angola pour gagner le titre et je ferai tout pour jouer la finale et la gagner. * Vous voulez aussi battre votre record de buteur (16 buts) lors de cette CAN… Toujours ! C'est dans ma nature, je suis un gagneur. Je veux tout gagner sur le terrain, le titre de meilleur joueur du match, celui de meilleur buteur et le trophée de l'épreuve. Je suis venu pour gagner tout ce qui est possible dans cette CAN. Alors, ne me demandez pas si on va se rebiffer au prochain match. On veut bien évidemment le gagner et aller au bout de cette compétition. Le doute n'est pas permis pour notre équipe. * Pourtant, les Gabonais vous ont bien fait douter, tactiquement ils ont bien tenu le coup, non ? Ils ont fait ce qu'il fallait et c'est tant mieux pour eux. C'est une très bonne équipe, bien en place. Ils ont un très bon entraîneur, Alain Giresse, que je respecte beaucoup. On sent qu'il a fait du bon travail dans cette équipe. Il a apporté sa touche personnelle et ça se voit. Pour le reste, on a manqué de réalisme. Ils n'ont pas été meilleurs que nous. Nous avons bien gardé le ballon ; en tout cas plus que notre adversaire. On a plus fait le jeu que les Gabonais, mais c'est eux qui ont réussi à marquer. Ils ont été plus réalistes. De notre côté, nous avons surtout raté beaucoup d'occasions, mais à aucun moment on n'a douté de nos capacités. On est tombés sur un bon gardien qui était, en plus, dans un super grand jour. Sinon, on n'avait pas douté. C'était juste un jour sans pour nous et les Gabonais ont su en profiter, c'est tout. * On vous a vu très détendu, même après la défaite. Est-ce pour montrer à vos coéquipiers qu'il n'y a pas le feu à la maison ? Je suis capitaine de l'équipe et je me dois bien évidemment de communiquer avec mes coéquipiers. Mais si j'étais détendu, c'est plus parce que je suis persuadé qu'il n'y a pas le feu à la maison, comme vous dites. Il n'y a pas de raison pour qu'on s'affole après une défaite. J'aurais été en colère si on ne s'était pas procurés autant d'occasions. Mais là, l'équipe n'a pas été mauvaise du tout. C'est la chance qui ne nous a pas souri, c'est tout. * Comment voyez-vous le match suivant, contre la Zambie ? Contre la Zambie, c'est très simple. Nous avons besoin de trois points et on va tout faire pour les obtenir. Notre objectif est d'aller en finale de cette CAN. Il est donc impératif de gagner ce match. Il ne faut pas trop se poser de questions. On va jouer pour gagner et je suis sûr qu'on va le faire. Nous avons tout pour gagner ce match et les suivants. Nous voulons être présents le 31 janvier sur le terrain et gagner la CAN ! * Mise à part la Côte d'Ivoire, les équipes qualifiées pour la Coupe du monde ont toutes perdu leur premier match. Comment l'expliquez-vous ? Ne cherchons pas la petite bête. Cette CAN est encore très longue. On verra où seront les mondialistes d'ici au 31 janvier. Il ne faut pas les enterrer trop vite. Regardez ce qu'a fait l'Algérie face au Mali ! Je suis sûr que les mondialistes vont se réveiller à mesure qu'on avancera dans cette compétition. Le début est souvent difficile pour les équipes qui sont qualifiées en Coupe du monde, car toutes les sélections les attendent de pied ferme. C'est normal. * Etes-vous tout de même heureux de cette aventure en Angola ? Oui, c'est un grand plaisir d'être ici, même si cette CAN 2010 a très mal démarré avec ce qui est arrivé aux Togolais. Les gens sont très gentils et les stades magnifiques. Seuls les ballons ne sont pas terribles. Il faudrait les améliorer. * Votre déclaration aux journalistes camerounais lors de la conférence a rassuré tout le monde… Oui, je leur ai dit : «Dites aux Camerounais qu'Eto'o leur demande de rester tranquilles, car nous jouerons les quarts de finale.» Si je l'ai dit, c'est que j'en suis persuadé. Nous irons aux quarts de finale. Je ne parle pas dans le vide et vous allez voir cela lors de prochains matchs. * Quelle appréciation portez-vous sur les équipes mondialistes, dans cette CAN ? On a tous démarré mal dans cette CAN, même la Côte d'Ivoire, bien qu'elle n'ait fait qu'un match nul. Mais je suis sûr que les mondialistes vont monter en puissance, à mesure que la compétition avancera. L'Algérie vient de le montrer face au Mali en sortant un gros match. J'espère qu'on sera les prochains. * Quel est, justement, votre avis sur ce match de l'Algérie ? Je n'aime pas trop parler des autres équipes, mais puisque vous insistez, je dirai que les Algériens ont été plus forts sur toute la ligne. Les Maliens semblaient un peu perdus dans ce match. Il y avait plus de rage chez les Algériens. Ils en voulaient beaucoup plus. On a retrouvé le vrai visage de l'équipe algérienne. C'est très costaud ce que les Algériens ont réalisé. Je leur souhaite bonne chance dans cette CAN. Entretien réalisé par Nacym Djender