Avec un match de référence face à la Côte d'Ivoire, un match de désillusion face au Malawi et une certaine fragilité mentale face à l'Egypte, l'Algérie a montré de tout durant ce tournoi africain. Du statut d'outsider avec une équipe dont la plupart des joueurs sont à leur première Coupe d'Afrique des nations, la sélection algérienne de football a écrit une belle page dans cette édition africaine 2010, allant jusqu'à bousculer la hiérarchie établie, tout en dévoilant la face cachée de l'arbitrage africain. Un bilan somme toute positif et surtout une représentation honorable de l'Algérie dans cette fête continentale. Mais il faut être réaliste, cette Equipe nationale doit encore travailler pour être vraiment au top surtout pour le prochain Mondial, véritable tremplin pour les cimes. Pourtant, le capitaine Mansouri et ses coéquipiers ont très mal débuté cette CAN en concédant une sévère défaite face à une équipe largement au-dessous de leur niveau, le Malawi. En effet, les Ziani et Consorts sont complètement passés à côté de leur premier match. Il fallait donc se ressaisir d'autant que les critiques fusaient de toutes parts. Mais, le deuxième adversaire des Verts n'est autre que la redoutable équipe malienne qui avait fait un excellent match d'ouverture contre le pays organisateur l'Angola (4-4). Les Aigles maliens et leurs stars ont donc vraiment posé des problèmes aux Fennecs algériens. Mais, Halliche était là et c'est la victoire, courte, certes, mais victoire quand même qui permettait aux Verts de tenter un dernier match difficile face au pays organisateur pour passer ce premier tour et atteindre ce modeste objectif annoncé sur les bouts des lèvres de responsables algériens. D'ailleurs, Saâdane a émis des doutes en annonçant avant le début de la compétition: «Il ne faut pas s'alarmer en cas de mauvais résultats.» Ce qui explique pourquoi ces résultats positifs sont donc considérés comme «extraordinaires» par les fans des Verts. Devant cette équipe angolaise, les Verts se sont contentés du pousse-ballon puisqu'ils étaient au courant du résultat du match Mali-Malawi qui se déroulait en même temps que le leur. Un nul suffisait aux deux équipes, l'Angola et l'Algérie, pour se qualifier. Et c'est sur ce score qui «arrange» les deux équipes que ce dernier match de groupe se termine. L'Angola et l'Algérie passent donc aux quarts de finale. Le match référence des Verts Libérés par cette qualification, Belhadj et Consorts s'en vont donc défier ces redoutables «Eléphants» de la Côte d'Ivoire avec leurs vedettes dont l'inévitable Didier Drogba. Avant ce match, l'attaquant de l'AS Sienne (D1 italienne), Abdelkader Ghezzal, a annoncé: «Devant les grandes nations, nous jouons sur notre véritable valeur et on développe un beau jeu. Je pense que nous sommes en train de monter en puissance au fil des matchs, et face à la Côte d'Ivoire nous allons tenter le tout pour le tout pour réaliser le match parfait et se qualifier inchallah.» Pourtant, Chaouchi et ses coéquipiers entament très mal le match en concédant un premier but avant la demi-heure du jeu. Puis, ce fut la course vers l'égalisation. Chose faite après de gros efforts. Sur un tir foudroyant de Keita, les Verts se voient alors obligés de réagir en moins d'une minute pour revenir au score. Et c'est un «Magic» Bougherra décidé, qui monte en attaque et qui, réussit, contre toute attente ce but égalisateur historique. On passe aux prolongations et c'est sous la pâte d'un Bouazza dont c'est la première rentrée en CAN que les Verts prennent l'avantage et surtout réussissent à le bien gérer jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre Eddy Maillet des Seychelles. Les Verts ont réalisé un match «référence». Et comme son nom l'indique, ce sera donc un match qui restera dans les annales du football africain, voire mondial. Koffi Codjia, un arbitre historique... Le sort a voulu que l'Algérie retrouve l'Egypte pour une demi-finale «explosive». Mais, l'arbitre du match, le Béninois Koffi Codjia, «explose» justement ce match au profit des Egyptiens. Il n'a rien trouvé de mieux que d'expulser trois joueurs algériens et non des moindres, durant cette partie, les deux défenseurs Halliche et Belhadj ainsi que le gardien Chaouchi. Et c'est ainsi, qu'il n'y a pas eu match, puisque c'est l'arbitre qui a «joué» ce match pour permettre aux Egyptiens de battre l'Algérie sur un score lourd (4-0). L'Egypte n'avait pas du tout besoin de ce coup de pouce pour pouvoir gagner ce match. Les Verts trop fatigués et moins expérimentés, avaient montré des signes de lassitude, mais avec les décisions hasardeuses de l'arbitre, il n'y avait plus place au jeu et aux efforts pour arracher une qualification en finale, décidée à l'avance par l'arbitre Codjia... Enfin, le dernier match de classement entre l'Algérie et le Nigeria n'a pas été très motivant pour les Verts qui se sont finalement inclinés par la plus petite des marges avec un effectif remanié (1-0). Les Verts terminent ainsi à la 4e place. C'est un parcours honorable avec un total de six matchs (2 gagnés, 1 nul et 3 défaites). Les Verts ont concédé 10 buts tout en n'inscrivant que 4. Les points forts Le bilan des Verts est donc positif compte tenu du fait que l'Algérie était absente dans les deux dernières éditions et qu'elle n'a pas atteint les demi-finales depuis 20 ans. Et des satisfactions de l'équipe on relèvera, d'abord cette fougue et cette volonté de montrer la plus belle image possible du football algérien. Les Verts qui n'ont d'ailleurs effectué qu'un seul stage de longue durée même s'il a été scindé en deux parties pour cause de fin d'année, ont su redonner vie à ce football algérien terni depuis deux décennies. Les joueurs ont emmagasiné une belle expérience grâce à cette CAN. Ce qui veut dire que c'est un point positif que de savoir comment réagir dans une phase finale. Ce qui augure de bonnes perspectives pour le Mondial. L'équipe a retrouvé une certaine stabilité au milieu du terrain. Et la jonction entre les trois compartiments (defense-milieu-attaque) est donc bien retrouvée grâce à la compréhension des joueurs. Le plus grand point à l'actif des Verts dans cette CAN est d'avoir acquis ce jeu collectif qui leur faisait défaut auparavant. Ce qui a donné plus de confiance aux joueurs. Les autres satisfactions viennent des joueurs tels Mourad Meghni qui, bien que blessé, a vite retrouvé ses marques en affichant toute sa classe. Yebda est devenu indispensable dans l'entre-jeu. Ziani affiche une assurance à toute épreuve. Halliche a démontré qu'il est la pièce maîtresse de ce collectif. Son expulsion face à l'Egypte n'avait-elle pas déstabilisé toute l'équipe? De plus, en attaque, la paire Matmour-Ghezzal est une des satisfactions de l‘équipe bien qu'il reste encore du travail en matière d'offensif. Un autre point positif est à relever en dehors du cas technique et il s'agit de l'excellent travail effectué par le staff médical avant et pendant cette CAN. Chapeau bas donc pour ces spécialistes de la médecine. Les points faibles Paradoxalement, c'est le jeu collectif qui a été bien appris qui constitue également un point faible. Mais, dans une considération précise, les Verts n'ont pas encore appris à jouer diminués. D'ailleurs, l'entraîneur national, Rabah Saâdane, lui-même le reconnaît: «Il faut apprendre à jouer en infériorité numérique, ça aussi c'est une expérience que les joueurs ont vécu pour la première fois dans ce type de match. Il y a aussi des joueurs qui ont déconnecté et ont fait des bêtises et un manque de maîtrise psychologique. Je pense que tout le monde va retenir la leçon parce qu'au haut niveau on ne peut pas se permettre de perdre un joueur. Je ne fais allusion à personne, je suis un éducateur. Dans le haut niveau on n'a pas le droit de commettre de grosses erreurs quelles que soient les circonstances. Il faut que les joueurs restent maîtres de la situation, c'est bonne expérience», a souligné Rabah Saâdane. Un autre point négatif, est l'aspect offensif. Saâdane l'avait bien remarqué avant et durant cette CAN. Mais, il n'a pas encore trouvé la solution. Il est vrai que la priorité de Saâdane était de retrouver ce jeu collectif et c'est donc chose faite. Ce serait donc dans les prochains stages que ce cas doit être sérieusement travaillé par Matmour, Ghezzal et ses compatriotes. D'ailleurs Saâdane le reconnaît, concernant Ghezzal, qui n'a pas marqué le moindre but lors des matchs disputés par les Verts puisqu'il pense que «le joueur a besoin d'un peu plus de temps pour s'améliorer dans la finition en sélection nationale et aussi avec son club». Et pour trouver une bonne solution à cet aspect offensif, Rabah Saâdane n'exclut nullement le recours à du renfort: «Si je trouve des joueurs de qualité, dit-il, je ne me priverai pas, a priori, je ne me suis pas trompé quand je disais qu'il faut avoir au minimum quatre bons joueurs au milieu du terrain pour permettre à l'équipe de bien tourner au Mondial parce qu'il peut y avoir des blessés ou des suspendus. Il faut que les remplaçants soient de même niveau que les titulaires», conclut le coach national, Rabah Saadane. Maintenant, les points forts sont là, il est temps de corriger les défauts. La place est, désormais, au Mondial.