Plusieurs fois, tout être étranger nous paraît distant dangereux, voire menaçant. Plusieurs fois, tout être étranger nous paraît distant dangereux, voire menaçant. Par ignorance, nous tendons à simplifier des situations que nous ne méconnaissons avec des clichés souvent injustes et erronés : les Américains sont toujours mauvais, le Brésil a toujours eu la meilleure équipe du monde de football et Rio de Janeiro la ville la plus dangereuse, le Mondial sud-africain sera un désastre en termes d'organisation et Johannesburg est une autre ville dangereuse. Arriver en Europe en barque de fortune c'est plus intéressant que de vivre en Afrique… et que chacun complète la liste comme il veut. Je me suis promené à Rio et à Johannesburg sans aucun problème, de la même manière que je l'ai fait à la Casbah d'Alger, ce quartier enchanteur, avec le même résultat. Il y a des gens cultivés et instruits qui viennent en Algérie la peur au ventre à cause des attentats. C'est normal ? C'est de l'ignorance, de la méconnaissance de personnes qui n'ont jamais été en Algérie. On m'a demandé d'écrire sur Mehdi Lacen, ce grand incompris. On a écrit beaucoup de choses sur lui en Algérie, on a passé des heures à la télé et à la radio pour parler de ce garçon réservé, mais très peu de gens ont parlé avec lui. Nous, les journalistes, avons la fâcheuse manie de juger sans connaître et de générer des courants d'opinion qui naissent de l'ignorance et de la peur de l'inconnu. Footballistiquement, personne ne peut discuter le talent de Mehdi Lacen, mais on doute toujours de ses qualités humaines : on parle d'une personne prétentieuse, hautaine, arrogante et j'en passe. Je ne vais pas brandir le drapeau du sauveur de personne, encore moins de Mehdi. Cela fait quelques années que je côtoie les joueurs de haut niveau qui sont une race à part et l'impression que m'a laissée Mehdi est celle d'un garçon tout ce qu'il y a de normal, ce qui n'est pas rien dans ce monde. Sérieux, aimable, calme… un garçon normal. Pas le moindre geste d'orgueil, pas le moindre mot déplacé. Au contraire. Personnellement, je n'ai aucun intérêt à ce que Mehdi joue ou ne joue pas pour la sélection algérienne. Mais, si vous voulez le voir vêtu en vert aux côtés de Ziani, Matmour et compagnie, prenez la peine de le connaître. Après, si vous voyez que c'est un mauvais garçon, sortez tout votre arsenal et détruisez-le ! Ce n'est pas juste de changer l'ordre du jugement en commençant par juger pour ensuite connaître la personne. Si Mehdi atterrit finalement à Alger, je parierai la magnifique baie d'Alger que tous ceux qui l'ont descendu en flammes seront ses premiers défenseurs. En tant que footballeur, mais aussi et surtout en tant que personne. Gonçal Pérez, Barcelona