Peut-on concilier lutte contre la menace terroriste et respect des droits de l'Homme ? Plusieurs personnalités politiques et judiciaires internationales ont répondu samedi dernier positivement à cette question, tout en défendant la nécessité d'un équilibre entre sanction et menace. Les participants au colloque “Terrorisme et droits fondamentaux” organisé par le barreau (avocats) de Paris ont fait preuve d'unanimité sur un point : le terrorisme constitue aujourd'hui une menace grave pour les démocraties “À la faveur de son action, il entend voir la démocratie s'autodétruire”, a rappelé l'ancien ministre français de la Justice, Robert Badinter. Avec quelles armes le combattre et jusqu'où peut-on aller ? Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a, d'entrée de jeu, estimé que ce type de discussion pouvait s'avérer stérile. Ecartant les arguments de ceux qui craignent une “tentation sécuritaire”, il a jugé que “le refus de lutter contre le terrorisme (qui) serait la preuve d'un renoncement aux droits de l'Homme”. Dangereux aussi, selon le ministre, le débat sur les “causes” du terrorisme. “À force de tout vouloir expliquer, on arrive à excuser l'inexcusable”, a-t-il martelé. “Rien ne peut justifier la Shoah et rien ne peut expliquer qu'on lance un avion contre une tour pleine de gens qui ne demandaient qu'à vivre”. Stephen Breyer, I'un des neuf juges de la Cour suprême des Etats-Unis, très attendu par les participants, a évoqué les “problèmes posés par les droits relatifs à certains détenus”, notamment “les personnes détenues à Cuba”, sur la base américaine de Guantanamo. Un “principe de proportionnalité” défendu par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, qui a estimé que l'antinomie entre liberté et sécurité était plus “formelle que réelle”.