Ammi Mohamed : «J'ai pleuré quand on a dit que mon frère n'était pas Algérien» Lors de l'entretien accordé à notre journal, le joueur de Santander a été réticent pour parler de ses racines en Algérie. «Je vous en parlerai un peu plus tard», dira-t-il. Tout cela ne pouvait qu'aiguiser notre curiosité et nous pousser à aller au devant des membres de la famille de Medhi. Ceux-ci se montreront, dans un premier temps, réticents et nous en connaîtrons les raisons un peu plus tard. Après cela, ce sera une discussion à bâtons rompus avec ammi Mohamed, l'oncle paternel de Medhi. Nous découvrirons la maison familiale que le joueur de Santander a promis de venir visiter très bientôt. Nous apprendrons que Abdelkader, le père de Medhi, est né en 1943 à Oued Djeir, dans la wilaya de Blida, et qu'il a quitté l'Algérie à l'âge de 18 ans pour se rendre en France. Toute la famille a été délogée par les colons français et c'est ainsi qu'elle se retrouvera quelques kilomètres plus loin à Ahmer El Aïn, plus précisément au lieudit El Hassassnia. Le père de Lacen a, dès son jeune âge, rejoint les Scouts musulmans avant de quitter le pays à la fin de l'année 1960. Abdelkader retournera au pays en 1961 et y restera deux années. Il prendra, après l'indépendance, la décision de s'installer définitivement en France. Le père de Medhi ne fera qu'un court séjour en Algérie, en 1970, et, depuis, il n'est plus retourné au pays. Abdelkader ne donnera plus aucune nouvelle, depuis et ce qui a poussé ammi Mohamed, son frère, à entreprendre des recherches qui l'ont conduit en France et qui s'avéreront vaines. Enfin des nouvelles ! L'intérêt porté par l'entraîneur national au milieu de terrain de Santander a indirectement contribué à rapprocher les membres de la famille Lacen. En effet, le père de Medhi a enfin donné de ses nouvelles et renoué le contact avec les membres de sa famille qui se trouve en Algérie. L'oncle de Lacen nous dira que son frère, Abdelkader, donne régulièrement de ses nouvelles et qu'il a promis de venir à Ahmer El Aïn très bientôt. Il nous confiera qu'il est fort probable qu'il soit accompagné de Medhi et cela pour rendre visite aux membres de la famille qui résident à Ahmer El Aïn et à Oued Djeir, où se trouve encore la tante paternelle de Lacen. Ammi Mohamed : «J'ai pleuré quand on a dit que mon frère n'était pas Algérien» C'est les larmes aux yeux que ammi Mohamed répondra à nos questions. Il nous dira que s'il avait hésité à nous recevoir dans un premier temps, c'est qu'il avait eu pour cela de bonnes raisons : «Une certaine presse n'a pas hésité à avancer que mon frère n'avait pas la nationalité algérienne et d'autres allégations encore plus graves. J'en ai pleuré car toute ma famille a œuvré et fait beaucoup de sacrifices pour la cause nationale. Nous avons souffert dans notre chair de l'occupation coloniale et je ne vais pas profiter de l'occasion de votre visite pour pleurer sur mon sort et celui de ma famille. Il y a une justice divine, car mon neveu possède un passeport algérien et il est prêt à rejoindre ses frères pour défendre les couleurs nationales. J'en suis fier !» «Hadjout a Bougherra et nous, nous avons Lacen» Notre visite à Ahmer El Aïn pour aller au-devant de la famille Lacen n'est pas passée inaperçue et, bien sûr, on a, de ce côté de la Mitidja, l'Equipe nationale dans le sang. Nous étions en terre de football, puisque le club de la ville l'OMAEA a été créé en 1946. Un voisin de la famille Lacen nous dira en bombant le torse : «Ecrivez dans votre journal que si Hadjout a Bougherra, nous, nous avons Lacen !» Slimane Baghdali