«C'est Ziani qui m'a encouragé» Ryad Boudebouz est un jeune footballeur de parents d'origine algérienne, qui évolue dans l'équipe première du FC Sochaux-Montbéliard depuis 2 ans maintenant. A peine 20 ans (il les a atteints hier), ce joueur, né à Colmar, est considéré par les observateurs de la balle ronde française comme l'une des étoiles montantes du championnat de France. Promis à un bel avenir, Boudebouz, évoluant au milieu du terrain, paraît bien parti pour devenir un grand joueur dans les années à venir. Son immense talent n'est pas passé inaperçu, puisque depuis quelques années, il fait partie des sélections de jeunes de l'équipe de France. Ses débuts en football, il les a faits au sein du club de sa ville natale, le SR Colmar. Pas pour longtemps cependant, puisqu'à seulement 12 ans, il décide d'intégrer le Centre de formation du FC Sochaux avec lequel il remportera la Coupe Gambardella 5 ans plus tard. Il signe son premier contrat pro durant l'été 2008 et inaugure sa première apparition avec l'équipe seniors en Ligue 1, le 4 octobre 2008, au stade du Ray lors de la rencontre Nice-Sochaux (1-1). Le 8 novembre 2008, il inscrit son premier but en Ligue 1 lors de la 13e journée, à l'occasion du match Sochaux-Le Mans (2-1), donnant par la même occasion la première victoire de la saison à son équipe. Attendu de pied ferme cette saison, le joueur n'aura vraiment pas éclaté en raison notamment des nombreuses blessures qu'il a contractées et qui ont freiné son élan. Même s'il défend actuellement les couleurs de l'équipe de France espoirs, Ryad Boudebouz, qu'on a pu joindre avant-hier (lire entretien), semble néanmoins bien attaché à l'Algérie. Il a nous confié qu'il est disposé à venir défendre les couleurs de son pays d'origine, si on fait appel à lui. Certes, il a déjà manifesté son désir de jouer pour l'Algérie par le passé, mais il ne l'a jamais affiché aussi clairement que cette fois-ci. Un choix clair et surtout très courageux de la part de ce joueur, qui ne va pas du tout plaire aux dirigeants du football français qui misent beaucoup sur lui quant à l'avenir de leur football. On le compare à Ben Arfa On a tendance, en France, à comparer le jeu de Ryad Boudebouz à celui du joueur de l'Olympique de Marseille, Hatem Ben Arfa. Ils renferment les mêmes caractéristiques : vivacité, force de pénétration impressionnante, très bons dribbleurs, jouant tous deux du pied gauche. D'autre part, cette similitude ne se limite pas uniquement à leur style de jeu. Le fait qu'ils soient originaires du Maghreb (Ben Arfa est d'origine tunisienne) et qu'ils aient presque une corpulence identique fait que la ressemblance est plus que frappante. Souvent critiqué par les médias français, surtout pour sa nonchalance et ses sautes d'humeur, Ben Arfa n'aura pas vraiment supporté la grande pression exercée sur lui depuis son jeune âge et n'aura de ce fait pas pu réaliser cette grande carrière que lui prédisaient les spécialistes français (à l'instar de Meghni et Meriem, on avait tendance à le surnommer «le petit Zidane», ce qui ne l'a pas vraiment avantagé, puisqu'il n'est plus appelé en sélection depuis belle lurette). Afin d'éviter un scénario semblable à celui vécu par Ben Arfa, Boudebouz essaye d'aller lentement mais sûrement, et ne pas trop faire de fixation quant à l'issue de son avenir en France. Il ne veut surtout pas brûler les étapes. Il dit avoir choisi l'Algérie par conviction et non par crainte. Le dernier mot revient donc à Saâdane. Ziani l'a recommandé à Saâdane Le stratège des Verts, Karim Ziani, qui a déjà évolué par le passé au FC Sochaux, connaît parfaitement bien les qualités de Boudebouz et reste convaincu que ce joueur peut apporter un plus à la sélection nationale. Sachant qu'il est encore très jeune et peut jouer dans le haut niveau pour au moins les dix ans à venir, Boudebouz pourra constituer une vraie relève pour notre EN, surtout après le Mondial. L'actuel sociétaire du VFL Wolfsburg a toujours tenu un discours élogieux quand il s'agit de Boudebouz et essaye de temps à autre de l'orienter, voire le guider, dans sa carrière. C'est d'ailleurs lui qui l'a encouragé, pour ne pas dire persuader, à jouer pour l'Algérie. A cet effet, on apprend que Ziani a même discuté par le passé avec Saâdane de Boudebouz et le lui aurait recommandé. Le sélectionneur national, comme pour d'autres jeunes prometteurs joueurs, préfère attendre la fin du Mondial pour convoquer cette perle dans la perspective de l'intégrer progressivement dans le groupe des Verts. Ainsi, il pourra compter sur lui pour les prochaines échéances, à commencer par la CAN 2012 et la Coupe du monde 2014. Saïd Fellak «Entre la France et l'Algérie, mon choix est fait : ça sera mon pays d'origine» * Tout d'abord, on voudrait savoir comment ça se passe pour vous actuellement à Sochaux ? Ça va, tout se passe bien. Après avoir rencontré quelques petits problèmes par le passé, que j'ai pu régler cependant, je peux dire à présent que tout marche bien pour moi. * Vous parlez certainement du manque de temps de jeu dernièrement, contrairement au début de saison où vous jouiez régulièrement... Exactement, mais il faut savoir que cela est dû essentiellement à la blessure que j'ai contractée et à mes obligations avec l'équipe de France des moins de 19 ans. A présent, je joue de plus en plus avec mon club. J'ai pris part aux matchs de mon équipe en Coupe de France et, actuellement, je me sens bien en jambes. * De quel genre de blessures avez-vous souffert ? Je me suis fait opérer des dents et j'ai été indisponible durant trois semaines. Cela a beaucoup freiné mon élan et casser ma montée en puissance. * Vous évoluez au poste de milieu du terrain offensif, c'est ça ? Oui, mais pas milieu offensif uniquement. Je peux jouer en tant que milieu défensif aussi, sans problème. * Etant donné que vous êtes issu d'une famille 100 % algérienne, on aimerait savoir si vous aviez suivi le parcours de l'Algérie durant ces derniers mois ? Evidemment, et avec grande attention. L'équipe est en construction permanente et malgré ça, elle a pu décrocher sa place brillamment pour la prochaine Coupe du monde. Elle a fait en tout cas une forte impression lors de la dernière CAN. * Que pensez-vous de son parcours durant cette CAN ? Comme je viens de vous le dire, l'Algérie a réalisé une belle performance durant la CAN et fait sensation aussi. Car battre la grande Côte-d'Ivoire avec l'art et la manière, ce n'est pas à la portée de toutes les équipes. Je reste convaincu qu'elle aurait pu aller encore plus loin dans cette compétition, malheureusement ce ne fut pas le cas. * Qu'est-ce qui vous a plu dans cette équipe d'Algérie ? Ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est l'esprit de guerriers avec lequel ont joué les joueurs durant cette CAN. Après une inattendue défaite lors du premier match face au Malawi, l'équipe est revenue dans la course et a pu, malgré la difficulté, arracher sa qualification au deuxième tour et battre courageusement une solide formation ivoirienne qui renferme pourtant plusieurs joueurs de classe mondiale, à l'image de Drogba, Touré et autres. Dans le foot, il n'y a pas que la qualité qui peut faire la différence, il y a aussi le mental. * Actuellement, vous défendez les couleurs de l'équipe de France espoirs. Peut-on dire que votre choix est fait, ou se pourrait-il qu'on vous voie un jour porter le maillot de l'Algérie ? Non, mon choix n'est pas encore fait. Je l'ai déjà dit, pour moi il n'y a pas de problème et je ne ferme pas la porte à mon pays d'origine. Je reste à la disposition du sélectionneur algérien, mais vu que ce dernier ne m'a pas encore contacté, je ne peux rien avancer de concret. Le jour où il m'appellera, on verra plus clair. Il faut que vous sachiez que suis d'abord Algérien dans ma tête. * Donc, vous êtes prêt à intégrer les Verts, même si actuellement vous jouez pour la France… Prêt, oui. Si le sélectionneur m'appelle, je répondrai oui sans aucun problème. Cependant, si je viens, c'est uniquement pour jouer en équipe A, pas en Espoirs ou quelque chose dans le genre. * A votre place, beaucoup auraient aspiré jouer pour l'équipe de France A. Est-ce que votre choix pour l'Algérie est motivé par le fait que vous sachiez que jouer pour les Bleus est un objectif très difficile à atteindre ? Certes, c'est difficile de jouer pour la France A, mais ce n'est pas ça qui a fait que j'ai choisi l'Algérie. Depuis longtemps, j'ai nourri cette envie de défendre les couleurs de mon pays d'origine. Il y a un bon challenge en perspective, surtout que beaucoup de nouveaux éléments vont venir, à l'image de mon ami Brahimi. Donc, tout cela reste motivant pour moi. Je reste convaincu que si tout le monde est appelé, l'équipe d'Algérie sera encore plus forte et performante dans deux ou trois ans. * Meghni, Yebda, Yahia ont tous joué pour la France en jeunes et s'apprêtent à présent à prendre part à un Mondial avec l'Algérie. Une motivation de plus pour vous ? C'est toujours motivant de jouer une Coupe du monde. Voir des joueurs comme Meghni, Yebda et autres s'apprêter à disputer un aussi prestigieux tournoi m'encourage encore plus à intégrer les Verts. * Vous n'avez jamais été contacté par le sélectionneur ni par la FAF par le passé ? Non, jusqu'à l'heure actuelle, aucun responsable ne m'a appelé. * Quels sont les joueurs que vous connaissez parmi les sélectionnés ? Je connais parfaitement Karim Ziani et Yazid Mansouri. * En parlant de Ziani, il ne tarit pas d'éloges lorsqu'il parle sur vous. Il aimerait même vous voir prochainement en sélection… Ziani est quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Il n'y a pas longtemps, je l'ai eu au téléphone. Comme d'habitude, il a tenu à m'encourager à venir jouer avec lui en sélection. Maintenant, j'attends un signe du coach pour voir. * On vous laisse conclure… Je dirai tout simplement que si je suis appelé, on pourra compter sur moi. Entretien réalisé par Saïd Fellak