«C'est Saâdane qui m'a conseillé de me concentrer sur Istres» Après s'être retenu de faire des déclarations après la CAN en Angola, Rafik Saïfi a ouvert son cœur au Buteur pour revenir sur ce qui s'est passé dernièrement, ne manquant pas d'évoquer également son retour à la compétition avec Istres. Le buteur algérien parle aussi de la prochaine Coupe du monde et des éliminatoires de la CAN 2012 et du match contre les Marocains. * Tout d'abord, on veut avoir de vos nouvelles et connaître les raisons de votre silence ces derniers temps ? Que voulez-vous que je vous dise ? J'ai fait l'objet d'une campagne de déstabilisation de la part de certaines personnes qui voulaient me détruire. C'est pour cela que j'ai décidé d'éviter de parler à la presse, d'autant que j'avais contracté une blessure durant cette CAN. Par la suite, j'ai rencontré des problèmes liés à mon transfert à Istres. C'est pour ces raisons que j'ai décidé de me déconnecter jusqu'à mon retour à la compétition. Pour ceux qui m'ont fait du mal, je leur dis qu'il y a un Dieu. Je vais faire en sorte de prouver à tout le monde que je ne suis pas fini et faire ainsi taire mes détracteurs. * Avant d'évoquer votre retour à la compétition, peut-on revenir sur cette CAN ? Je dois dire que l'Equipe nationale a réalisé un parcours honorable, du moment que nous avons réussi à atteindre le dernier carré de la compétition, chose qui ne nous est pas arrivée depuis 20 ans. Il faut dire que nous avons livré des matchs d'un niveau appréciable, malgré cette défaite surprise face au Malawi suite à laquelle tout le monde nous a enterrés. Nous avons réussi à nous surpasser en réalisant une victoire face au Mali synonyme de qualification. Nous avons réalisé le plus beau match de la CAN en battant la Côte d'Ivoire considérée comme le favori de ce tournoi. Par la suite, des choses vraiment bizarres se sont produites face à l'Egypte. Même si on avait joué pendant deux ans, on n'aurait jamais pu l'emporter. * Qu'avez-vous à dire à propos de votre rendement durant cette CAN ? Le destin a voulu que les choses ne se sont pas bien déroulées pour moi durant cette CAN. Je suis quelqu'un de pieux qui croit au destin. Plusieurs paramètres m'ont empêché de m'illustrer, entre autres cette blessure que j'ai contractée avant le coup d'envoi de la CAN. * Cela ne vous a toutefois pas empêché de prendre part à ce premier match contre le Malawi ? Il est vrai que j'ai pris part à ce match en traînant une blessure, car je n'étais pas encore rétabli. C'est pour cela que je veux éclairer certains points aujourd'hui. Je suis quelqu'un qui accepte les critiques sans aucun problème, mais s'attaquer à moi parce que je m'appelle Saïfi, ça je ne l'accepte pas. Avant le coup d'envoi de la CAN, j'ai tout fait pour me rétablir avant le début de la CAN, sachant que l'absence de Djebbour allait pénaliser le groupe. Malgré ma blessure, j'ai pris part au match au cours duquel c'est toute l'équipe qui n'a pas marché. Mais les gens n'ont vu que Saïfi. Malgré cela, je n'ai pas voulu répondre aux provocations, afin de ne pas démoraliser mes coéquipiers, du moment que je fais partie des plus anciens joueurs. Du banc, j'ai tenu à encourager mes coéquipiers, car ce qui m'intéressait le plus, c'était la qualification de l'Algérie. Même en ne jouant pas, les critiques à mon encontre ne cessaient pas. C'est alors que j'ai compris qu'on ne voulait plus de moi pour des raisons que j'ignore. * Vous semblez affecté, n'est-ce pas ? Bien sûr, car on a touché à ma personnalité. Ce qui m'a poussé à me poser des questions. La chose qui m'a irrité le plus, c'est que les gens ont oublié tout ce que j'ai donné à cette Equipe nationale. Même si je dois dire qu'il est de mon devoir de servir mon pays. J'ai dû à maintes reprises lâcher mes clubs en France pour aller à l'aventure en Afrique avec la sélection nationale disputer des matchs dans des pays en guerre. Je n'attendais pas qu'on m'envoie le billet d'avion, je prenais mon cabas par le premier vol pour l'Algérie afin d'honorer les couleurs nationales. Vous savez, je ne suis pas contre les critiques objectives qui me permettent de me corriger. Mais ça me fait mal quand cela devient un règlement de comptes. Toutefois, je donne rendez-vous à mes détracteurs tout prochainement, afin de leur dire que Saïfi n'est pas encore fini. * Lors de la CAN en Angola, d'aucuns estiment que le rendement de l'attaque était médiocre. Ne pensez-vous pas que votre absence a pénalisé Ghezzal ? Je pense que Ghezzal s'est retrouvé esseulé en attaque. C'aurait été pareil pour moi. Donc en football, il faut bien faire la part des choses. Même si Ghezzal n'a pas marqué au cours de ce tournoi, il faut reconnaître qu'il a réalisé un grand travail en bloquant les défenseurs adverses dans leur camp. * Après la CAN, votre transfert d'Al Khor à Istres a posé problème. Que s'est-il passé au juste ? C'était à cause de cette lettre de sortie. Laissez-moi remercier le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui a dû intervenir pour que je parvienne à avoir ma lettre de sortie et, par là même, signer dans les délais à Istres avec lequel je compte m'illustrer et retrouver mes sensations avant la Coupe du monde. * Ne regrettez-vous pas d'avoir signé à Al Khor, à quelques mois du Mondial ? Non, au contraire, il ne faut rien regretter dans la vie. Les choses auraient pu bien se passer à Al Khor, mais le fait d'être régulièrement avec l'Equipe nationale ne les pas arrangés. Même moi j'ai préféré retourner en France, afin de retrouver mes aptitudes physiques, en perspective du Mondial, car en D2 la préparation physique est de très haut niveau. La preuve, en deux semaines seulement, j'ai retrouvé ma forme sous la coupe du préparateur physique de l'équipe. Dieu merci, j'ai même été titularisé lors du dernier match de mon équipe. * Justement, la presse française vous a encensé suite à votre rendement face au Havre. Cela devrait vous encourager, non ? Dieu merci, mes sacrifices après la CAN n'ont pas été vains. J'ai dû suivre à la lettre le programme du préparateur physique de l'équipe d'Istres avec des repas spéciaux recommandés par un nutritionniste. Ce qui a d'ailleurs accéléré mon retour à la compétition. Je me suis d'ailleurs bien senti durant ce match qu'on a perdu à cause de l'arbitre qui a donné la victoire aux Havrais dans les ultimes minutes du match. * La pression sera énorme sur vos épaules, car c'est tout Istres qui attend beaucoup de vous ? Croyez-moi que j'aime beaucoup relever ce genre de défis. Je suis quelqu'un qui n'aime pas perdre, même quand il s'agit de matchs quartiers. Je compte me donner à fond avec Istres, afin d'éviter le purgatoire. Je suis très respecté à Istres. Dans le vestiaire avant le coup d'envoi du match contre le Havre, on m'a obligé de faire un petit discours aux joueurs. Tout le monde me respecte par rapport aux dix années que j'ai jouées en Ligue 1. Je souhaite bien atteindre mon objectif, surtout que j'ambitionne d'être au top au Mondial sud-africain. * L'Equipe nationale affrontera la Serbie en amical. Votre absence a surpris plus d'un… Sur ce plan-là, il n'y a aucun problème. Saâdane a préféré me laisser à la disposition de mon club. J'étais déjà blessé avec entre autres ce problème de lettre de sortie. Le mieux pour moi serait d'avoir plusieurs matchs dans les jambes en perspective du Mondial. Saâdane a préféré nous laisser Meghni, Bouazza et moi à la disposition de nos clubs. Je voue beaucoup de respect à Saâdane qui m'a conseillé de jouer avec mon équipe Istres afin de retrouver ma forme et c'est ce que je suis en train de faire. * La prestation réalisée par l'Algérie face à la Côte d'Ivoire en Angola a poussé l'Angleterre et les USA à prendre l'EN au sérieux. Un mot par rapport à cela ? Sincèrement, je pense qu'une équipe qui arrive à ce stade de la compétition est une grande sélection de haut niveau et que sa qualification n'est pas le fruit du hasard. Donc même si on ne s'est pas illustrés durant la CAN, nos adversaires allaient nous prendre très au sérieux. Maintenant après tout ce qu'on a réalisé, nos antagonistes vont se préparer comme il se doit, c'est certain. Cela ne nous inquiète pas outre mesure, car on s'attend à se mesurer à des grandes sélections. * Sur un plan personnel, qu'ambitionnez- vous au Mondial ? De grands joueurs ne prendront pas part au Mondial. Quand l'occasion se présente, il faut bien la saisir pour aller le plus loin possible. On fera tout pour faire honneur au drapeau national et, pourquoi pas, passer le premier tour. Je pense que nous avons les moyens de réaliser des résultats positifs, malgré le fait que certains pensent qu'on ne passera pas le 1er tour, comme ce fut le cas durant la CAN. Mais on est parvenus à atteindre les demi- finales en réalisant des matches honorables. C'est dire que nous allons faire en sorte de bien représenter l'Algérie et le monde arabe en général. Sur un plan personnel, je souhaite être épargné par les blessures. Et comme je ne me suis pas illustré durant la CAN, je compte bien me racheter en Afrique du Sud. * A propos des nouveaux joueurs, on a annoncé la venue officielle de Lacen. Comment s'effectuera son intégration parmi les Verts ? Lacen est un joueur algérien. Il va être accueilli comme Yebda, Abdoun et Meghni. L'Equipe nationale n'est la propriété de personne ; on ne peut que souhaiter la bienvenue à tout élément capable de donner un plus à la sélection. Moi en tant qu'ancien joueur de l'Equipe nationale, je vous rassure qu'aucun joueur n'est contre la venue d'un élément de la valeur comme Lacen. On souhaite avoir des éléments de haut niveau, afin de renforcer nos rangs, surtout que nous allons avoir une Coupe du monde à disputer. Je suis sûr que Lacen appréciera la très bonne ambiance du groupe. * Le tirage au sort des éliminatoires de la CAN 2012 a mis sur notre chemin le Maroc. Que pensez-vous de ce groupe de l'Algérie ? Vous savez, on a fini par comprendre qu'il n'existe pas d'équipe faible en Afrique. La preuve, on a vraiment peiné face au Rwanda. L'on se rappelle aussi le Cap-Vert. Il ne faut sous-estimer aucune équipe. Il faut bien se préparer et prendre au sérieux toutes les rencontres. Concernant le Maroc, je dirai que l'équipe d'Istres renferme trois joueurs marocains dont un ancien international répondant au nom d'Abrazi. Croyez-moi qu'ils souhaitent voir les deux pays se qualifier, car ils sont nos frères. Il ne faut pas oublier qu'ils nous ont soutenus contre l'Egypte. Sur le terrain, ce sera une autre paire de manches. Moi aussi j'espère qu'on se qualifiera ensemble à la prochaine CAN. * Avant de clore l'entretien, on ne manquera pas de parler du MCA, le leader du championnat... Mon rêve est de prendre part à la fête avec le MCA en fin de saison. J'espère que les Chnaoua seront récompensés par un titre de champion que j'ai gagné avant de quitter le Mouloudia pour la France. Vous savez, je garde de très bons souvenirs du stade du 5-Juillet. Entretien réalisé par Redouane B.