«Le défi que je me suis lancé et tout ce que j'ai dû endurer, c'est pour l'Algérie» Cela fait longtemps que Rafik Saïfi ne s'est pas exprimé dans les médias nationaux. C'est d'ailleurs après avoir insisté auprès de lui que l'attaquant d'Istres a accepté de nous accorder cet entretien dans lequel il revient sur la période difficile qu'il a traversée depuis la dernière CAN. Saïfi, qui commence à retrouver ses marques, ne compte pas s'arrêter là. Entretien. * Peut-on connaître d'abord votre avis sur les dernières déclarations faites par votre ex-entraîneur à Al khor, Bertrand Marchand, qui n'a dit que du bien de vous sur les colonnes du Buteur et qui a même souhaité votre retour au Qatar ? En vérité, je n'ai pas lu l'interview. Maintenant s'il a dit de moi tout ce que vous venez de me dire, cela me touche et m'honore à la fois, d'autant que ce témoignage émane d'un entraîneur de renom comme Bertrand Marchand. C'est aussi la preuve que ma valeur est restée intacte. Ceci est très encourageant pour moi et va me motiver davantage pour le reste de ma carrière. * Bertrand Marchand nous a également fait savoir que vous allez retourner à Al Khor qui a besoin de vos services, en précisant que vous n'êtes à Istres qu'à titre de prêt. Allez-vous retourner au Qatar ? Je ne vous cache pas que je suis à l'aise à Istres où j'ai retrouvé mes repères et mes moyens physiques. Mais tout est question de destin. Si les responsables d'Al Khor insistent pour mon retour chez eux, je serai obligé d'y retourner, dans la mesure où je suis encore sous contrat avec ce club. J'ai encore une année de contrat à honorer, mais je crois qu'il est encore tôt de discuter de ce sujet. Tout s'éclaircira pour moi après la Coupe du monde. * Peut-on connaître l'objet de votre dernière visite au Qatar ? Beaucoup de choses ont été dites à ce propos et certains ont même affirmé que je m'étais rendu au Qatar pour négocier d'éventuels contrats avec d'autres clubs et je ne sais quoi d'autre. Mais la vérité est complètement autre. * Peut-on la connaître ? Sachez que je n'ai pas mis les pieds au Qatar depuis mon retour d'Angola. J'ai directement rallié les rangs de mon nouveau club à Istres après la CAN. J'avais laissé beaucoup de choses en suspens là-bas et il fallait donc que j'y retourne pour récupérer quelques affaires à moi et régler d'autres problèmes d'ordre personnel. J'avais donc pris le soin de demander l'autorisation d'effectuer ce voyage de la direction de mon club actuel. Aujourd'hui, je suis de retour et je me prépare pour notre prochain match contre Vannes. * Revenons donc en France où vous avez été élu meilleur joueur du mois de mars par votre club. Que représente cette distinction pour vous ? J'espère d'abord ne pas m'arrêter là et faire tout mon possible pour confirmer encore plus cette performance. Rien n'est venu par hasard comme certains pourraient le croire, mais c'est au prix d'énormes sacrifices et d'un travail de longue haleine avec notre préparateur physique à Istres. J'avais décidé de défier cette blessure qui m'a pourri la vie avant, pendant et après la CAN, pour revenir à mon meilleur niveau. J'ai été soumis à un programme strict, j'ai beaucoup souffert, mais j'ai pu, et Dieu merci, récolter le fruit de mes sacrifices, comme en témoigne cette distinction. J'espère, comme je viens de le dire, continuer sur cette lancée et tout donner pour atteindre notre objectif à Istres et, surtout, arriver en pleine forme en Coupe du monde. * Ce trophée de Meilleur joueur du mois est arrivé au bon moment, non ? Certainement. Après avoir vécu une période très difficile depuis la CAN, j'en avais vraiment besoin. Je n'oublierai pas mes amis, les membres de ma famille et, surtout, mes parents qui m'ont beaucoup soutenu pendant cette période. C'est d'ailleurs grâce à eux que j'ai pu surmonter tout ce que j'ai dû endurer. Le meilleur est à venir inch'Allah. * Jusque-là, vous avez pu marquer deux buts, en plus de quelques passes décisives. Vous avez certainement envie d'en marquer d'autres, non ? Quel est l'attaquant qui ne voudrait pas marquer des buts ? Mon appétit est plus grand aujourd'hui et je vais tâcher de marquer d'autres buts et d'être au service du groupe. Mais l'essentiel est de gagner, peu importe celui qui marque. * Demain justement, (entretien réalisé hier jeudi ndlr), vous serez en déplacement pour affronter Vannes. Un mot sur ce match ? Ça va être difficile pour les deux équipes, mais les performances que nous avons réalisées dernièrement nous ont mis plus en confiance. Ce qui nous permettra de revenir avec un autre résultat positif. J'espère que je serai dans mon jour pour faire un bon match là-bas. * Vous ne voyez pas que votre retour en forme est venu au bon moment, surtout vis-à-vis de l'EN où on ne cesse de déplorer différentes blessures, à l'approche de la Coupe du monde ? Soyez sûr que tout ce que je suis en train de faire actuellement, c'est pour l'Equipe nationale. Il est vrai, en ma qualité de professionnel, que je me dois de servir mon club employeur et de tout faire pour le sauver de la relégation, mais je pense toujours à l'EN que je compte rejoindre en possession de tous mes moyens à partir du stage de Suisse et jusqu'à la fin de la Coupe du monde. * Vous pensez déjà au Mondial ? Vous dire le contraire serait vous mentir. Oui j'y pense, et tous les jours. Un évènement pareil, ça se prépare mentalement, physiquement et techniquement. * Nous supposons que vous suivez aussi l'actualité des Verts… Bien entendu. Je lis quotidiennement tout ce qui concerne l'Equipe nationale sur le net à travers les différents sites et journaux en ligne. Je suis surtout les nouvelles des mes coéquipiers, notamment ceux qui sont blessés auxquels je souhaite, à l'occasion, un prompt rétablissement, afin de préserver notre groupe en prévision du Mondial. Je ne vous cache pas que l'ambiance de l'EN me manque beaucoup. * Comment expliquez-vous, justement, cette cascade de blessures dont a été victimes la majorité de nos joueurs et qui ne vous a pas épargné vous aussi ? Je pense que la raison principale, c'est l'enchaînement de la compétition pendant une longue durée. Nous avons été sur la brèche depuis deux années où nous étions tout le temps appelés à disputer des matchs décisifs en sélection, sans parler des matchs de championnat avec nos clubs. Et les dernières éliminatoires jumelées de la Coupe du monde et la Coupe d'Afrique ont été très dures pour nous. Comme tout le monde le sait, nous avons enchaîné directement avec la CAN. Par la suite, tout le monde devait rejoindre son club. Ma foi, il arrive où le joueur ne peut plus supporter un tel rythme. Je n'étais pas trop surpris de voir toutes ces blessures s'abattre sur nous, mais l'essentiel aujourd'hui est de s'en remettre avant la Coupe du monde. Il faut dire que ces blessures nous ont permis de souffler un peu et de nous reposer, après une longue période d'intenses efforts. * Mais un problème se pose également, la majorité des joueurs ne jouent pas actuellement et manquent terriblement de compétition. Ne pensez-vous pas que cela pourrait influer négativement sur le rendement de l'équipe en Afrique du Sud ? Il est vrai que cela pose problème et je suis vraiment désolé pour tous ceux qui sont actuellement en difficulté avec leur club. Mais je suis convaincu qu'ils sont tous capables de se surpasser, quand il s'agit de l'Equipe nationale. Le manque de compétition est un sérieux problème, certes, mais nos joueurs, quand ils portent le maillot national, oublient tout. Ils vont se sacrifier pour les couleurs nationales, j'en suis certain. Et puis, nous avons déjà vécu cela avec nos clubs et cela ne nous a pas empêchés de tout donner en Equipe nationale. Et cette fois-ci, l'enjeu sera plus important et la motivation plus grande. Il s'agit de Coupe du monde quand même. * Avant de terminer cet entretien, on ne peut pas s'empêcher d'évoquer avec vous les performances de votre ancien club, le Mouloudia. Suivez-vous son parcours cette saison ? Evidemment, et même cette interview ne peut être piquante sans parler du Mouloudia. Je ne peux pas oublier l'équipe qui m'a permis de me faire un nom et de décrocher mon premier contrat professionnel en France. C'est un club que je porte toujours dans mon cœur et que je chéris par dessus tout. Je suis attentivement ce qu'ils font et je suis très content des résultats qu'ils réalisent. Ils sont très proches du titre, il ne faut pas qu'ils lâchent. * Cela ne va pas être facile, il y a l'Entente qui risque de coiffer le Mouloudia au poteau… Ecoutez, le championnat est à nous cette année, que Dieu nous préserve du mauvais œil. Je ne le dis pas parce que j'aime le Mouloudia, mais parce qu'il le mérite par rapport à son parcours. Je suis sûr qu'ils en sont capables. Je vais même aller plus loin que ça, le Mouloudia, avec son histoire et sa popularité, devrait gagner le championnat chaque saison, non pas une fois tous les dix ans. * Se distinguer au Mondial, finir votre parcours avec l'EN avec de belles performances en Coupe du monde et une consécration du Mouloudia en championnat, vous imaginez ce scénario ? Je ne peux pas rêver de mieux, c'est le scénario est idéal. Je souhaite de tout mon cœur faire une bonne Coupe du monde et honorer les couleurs nationales, après une longue absence de la scène mondiale. Et je profite de cette occasion pour passer le bonjour à mes parents et ma mère qui est un peu souffrante en ce moment.