Même Lippi est critiqué Rabah Madjer et Mahmoud Guendouz ont décidé de ne plus s'exprimer sur l'Equipe nationale. Non parce que la sélection de leur pays ne les intéresse plus, loin de là, mais parce qu'ils sont décriés de partout à chaque fois qu'ils émettent des critiques sur le jeu des Verts. Certains ont même dépassé toutes les limites en traitant Guendouz de traître après que l'ancien capitaine des Verts eut osé critiquer la stratégie de Saâdane face à l'Angola durant la dernière CAN, et prié le champion d'Europe 87 de ne plus donner des leçons aux joueurs de l'EN et à leur entraîneur à travers ses différentes analyses et interventions. Ces deux monuments du football algérien, qui ont défendu les couleurs nationales dans les quatre coins du monde, et qui ont hissé très haut l'emblème national par leur dévouement et leurs sacrifices, sont aujourd'hui accusés de tous les torts parce qu'ils ont relevé, en tant que techniciens, les insuffisances techniques et tactiques des Verts et parce qu'ils ont donné leurs avis sur leurs différentes prestations. Si les journalistes n'ont pas le droit de critiquer l'Equipe nationale, même après une débâcle, sous prétexte qu'ils n'en ont pas les compétences, et si des techniciens de renom sont priés de se taire parce que le staff technique national n'a de leçons à recevoir de personne, l'on se demande qui en a le droit et quel serait le profil de celui qui sera enfin habilité à le faire. On a l'impression, en effet, qu'il est interdit de critiquer l'Equipe nationale, qu'elle est intouchable, tout comme son entraîneur qui a décidé un jour d'interdire l'accès au stade aux journalistes qui n'ont pas accepté le 3 à 0 face au Malawi, «sauf à ceux qui aiment l'Algérie», pour reprendre son expression. Pour les responsables de l'Equipe nationale, ceux qui aiment l'EN, ce sont ceux qui disent que c'est blanc même quand c'est noir, sinon, ils ne sont pas les bienvenus. Pour pouvoir s'exprimer sur l'Equipe nationale et donner son avis, le champ médiatique ne doit être ouvert qu'aux béni oui oui, aux lèche-bottes et aux charlatans. Et puisqu'on en est arrivé là, les deux messieurs, Madjer et Guendouz, ont décidé de se taire, de ne plus ouvrir la bouche, c'est promis, ils ne diront plus rien. En France, même les politiques s'emmêlent En France, soucieux de la situation qui prévaut au sein des Bleus, même les politiques s'en sont mêlés pour déclencher la sonnette d'alarme. Avant-hier, un député UMP, François-Michel Gonnot, a écrit à Rama Yade pour demander le départ de Raymond Domenech, et hier, c'était autour de l'ex-Premier ministre, Jean-pierre Raffarin, d'exprimer son inquiétude : «Mais je suis très inquiet parce que cette équipe n'a pas l'air d'avoir ce supplément d'âme qu'il faut pour gagner.» Chez nous, ces deux personnalités auraient été qualifiées de traîtres. Si on a remis en cause les conditions climatiques face au Malawi, et l'arbitrage contre l'Egypte pour expliquer les deux lourdes défaites de la CAN, par quoi peut-on justifier celle de mercredi dernier contre la Serbie ? Non, les carences de cette équipe sont trop évidentes pour ne pas manifester son inquiétude à moins de 100 jours de la Coupe du monde, et Saâdane, comme ses joueurs, doivent non seulement accepter les critiques, mais en plus, les prendre en considération. Basset M. --------------- Même Lippi est critiqué Chez nous, il suffit qu'on se l'ouvre pour placer un mot, qu'on estime déplacé, et c'est la levée de boucliers qui est décrétée. Alors on se met à accuser les autres de fouteurs de trouble ou de dénués de nationalisme, comme il était arrivé à Mahmoud Guendouz dont le tort aura été d'avoir dit des vérités que tout le monde refusait d'entendre. Chez nous, on n'accepte pas la critique. Cela est de notoriété publique. OK, il y a eu du bon. Tout le monde le reconnaît. On a même dit merci pour avoir été gâtés par un moment d'euphorie qui aura suivi la qualification au Mondial. Ça on aime bien. Lorsqu'il s'agit d'être bécoté, caressé dans le sens du poil, on ne dit jamais assez ! Mais dès qu'on se voit placer un mot de travers, on se met à grincer des dents et à crier au complot cher à nous tous Algériens autant que nous sommes. Aujourd'hui, on est dans une réalité telle que dire que Saâdane a fauté serait assimilé à un crime de lèse-majesté. C'est à se demander si le mec est un génie pour qu'il soit complexé à ce point par la critique. Alors, soit il a tout le temps raison et que c'est nous qui se gourons, soit il a tout faux. Car rien n'explique cette attitude hostile qu'on adopte à la FAF et en EN dès qu'on entend péter de travers. L'Algérie ne gagne plus, ça c'est un fait. L'Algérie a marqué zéro but lors des trois derniers matchs et en a encaissé huit. Celui qui trouve ça flattant lève la main. Saâdane voyant le diable partout répète que c'est son poste qui est convoité, mais que fait-il, lui, pour le conserver ? Cela pourrait ne pas servir de référence à d'aucuns, même Shehata, fraîchement champion d'Afrique pour la troisième fois consécutive, a été lynché mercredi soir à l'issue de la défaite face à l'Angleterre (3-1). Pourtant, il ne s'agissait que d'un match insignifiant pour l'équipe d'Egypte, qui de plus est, a mené au score à Wembley pendant près d'un quart d'heure. Qu'a-t-il fait ? Rien, il n'a plus juré de ne plus jouer à domicile. Il n'a pas promis aussi d'effectuer le stage loin des supporters. Saâdane lui l'a promis. Comme si c'est la faute à ces derniers si l'Algérie s'était fait corriger par la Serbie. Fabio Capello, le tout puissant coach de la sélection aux trois lions, dit prendre toujours la critique du bon côté. Il dit même que ça l'aide à avancer. Marcello Lippi, le sélectionneur de l'Italie, championne du monde en titre, a eu sa pige ! Pourquoi pas Saâdane. Il dit peut-être qu'il n'est ni Capello, ni Shehata, ni Lippi. Ce qui est vrai… A. A. A.