«Ghezzal est un attaquant vif et racé. Il a une technique remarquable et une condition physique considérable. Il est très rapide et adroit. » Lorsque Maïcon avait débarqué à l'Inter en provenance de Monaco en 2006, rares étaient ceux qui misaient sur lui pour une place sur le banc des remplaçants, tellement il donnait l'impression de n'être qu'un joueur juste bon à tenir un match ou deux, histoire de remplacer le titulaire au même poste. Mais le lion caché au fond de lui se révèlera dès lors que Mancini lui donna sa chance. Depuis, sa progression a été spectaculaire. A tel point qu'il est devenu, aujourd'hui, l'un des meilleurs arrières latéraux du monde, si ce n'est le meilleur. Nous l'avons rencontré au Complexe sportif de l'Inter, situé en périphérie de Milan. La discussion a tourné autour du match Brésil-Algérie à Montpellier, auquel il avait pris part en compagnie de Ronaldinho, Kakà et consorts. Maïcon était ravi de revenir sur cette rencontre durant laquelle il avait inscrit un but. Ce qu'il en retient ? La ferveur du public algérien, entre autres. Les détails ? A vous de les découvrir dans cet entretien exclusif. Quel est le secret de votre impressionnante réussite ces deux dernières saisons ? Il n'y a pas de secret dans la réussite en dehors du travail et de l'abnégation. Dans tous les domaines, c'est pareil. Il faut travailler d'abord et travailler ensuite pour pouvoir goûter au plaisir de la reconnaissance. Si j'ai réussi à convaincre plus de monde, c'est que j'ai bossé comme un forcené pendant des années auparavant. Le haut niveau est impitoyable. Il ne faut jamais baisser les bras sinon on retombe tout de suite dans l'oubli. A plus forte raison lorsqu'on est défenseur. Le football est ingrat dans ce sens. Comment cela ? Lorsqu'un attaquant marque un but il aveugle tout de suite les observateurs pour tout le reste du match. Même s'il s'endort par la suite, il sera bien apprécié. Ce qui n'est pas le cas des joueurs qui évoluent au milieu de terrain, en défense ou comme gardiens de but. Ceux-là sont obligés de rester vigilants tout le long de la partie. La moindre erreur de leur part est payée cash. On impute toujours une victoire aux attaquants et une défaite aux seuls défenseurs. La preuve de cette ingratitude, c'est que les attaquants sont toujours nominés pour le Ballon d'Or et ce genre de distinction. C'est rare pour un défenseur. Dommage ! Le président Moratti vous voyait gagner le Ballon d'Or... Le président Moratti est un homme remarquable et généreux. Il a effectivement dit que je méritais le Ballon d'Or cette année. Il n'a pas dit cela pour influencer les électeurs du Ballon d'Or, mais plutôt parce qu'il a été ébloui, selon lui, par ma performance lors d'un match que je trouve personnellement mémorable et historique statistiquement parlant en ce qui me concerne. Et quel est ce fameux match précisément ? C'est celui qu'on a joué à Sienne et qu'on a remporté sur le score de 2-1. Le président, le coach et mes coéquipiers m'ont vivement félicité à la fin du match parce que j'avais inscrit le premier doublé de ma carrière professionnelle. De plus, cette victoire nous a permis de remporter le titre symbolique de champion d'hiver. Il faut ajouter à cela le fait que l'équipe de Sienne nous avait opposé une résistance héroïque ce jour-là.
Mais les observateurs ont été unanimes à dire que votre second but était entaché d'un hors-jeu flagrant... Je sais très bien que ce but avait suscité bien des débats. Cela avait même duré quelques jours. C'est comme si c'était le premier but de l'histoire du football à être marqué sur une position litigieuse. (Il sourit). Mais ceux qui se sont érigés en défenseurs de l'éthique sportive et de l'honnêteté n'ont réagi à ce but qu'une fois confortablement installés dans leur fauteuil à la maison. L'arbitre du match, lui, n'avait pas la télé et le ralenti devant lui. Il ne pouvait donc voir que ce que lui a permis son champ de vision. Et s'il a accordé mon but, c'est qu'il est bien valable. Je ne suis pas le premier ni le dernier à marquer sur une action litigieuse. C'est le football et on se doit de l'accepter comme il est. Même Mourinho avait avoué que l'arbitre aurait dû refuser ce but. Vous l'avez oublié ? Mourinho a fait cette déclaration après avoir visionné la séquence à la télé. Il ne s'en est rendu compte que bien plus tard comme tous les autres. Mais lorsque j'avais marqué ce but à 10 minutes de la fin de la partie et alors que Sienna avait exercé un pressing incroyable sur notre défense, Mourinho n'avait rien trouvé à faire que de courir vers moi pour m'enlacer et me féliciter. Sur le coup, il n'avait rien vu lui aussi. Mais c'est parce qu'il est honnête et courageux qu'il a avoué après avoir revu la séquence à la télé que le but était entaché de hors-jeu. Je ne connais pas beaucoup d'entraîneurs capables d'une telle franchise. Il a même félicité l'équipe de Sienne en avouant qu'elle nous a fait souffrir ce jour-là et que le match nul aurait été plus équitable. C'est rare une telle reconnaissance de nos jours. Et que pensez-vous de Ghezzal que vous avez affronté ce jour-là ? Je ne peux pas prétendre le connaître très bien. C'est sa première saison je crois en Série A. Mais d'après ce que j'ai vu de lui contre nous, je peux vous assurer que c'est un attaquant vif et racé. Il a une technique remarquable et une condition physique considérable. Il est très rapide et adroit. Il nous a bien torturés dans ce match-là. Si ma mémoire est bonne, je crois que c'est lui qui a failli égaliser dans les dernières minutes du match. C'est dire si on se rappelle de lui. Et que connaissez-vous de Mourad Meghni, l'autre Franco-Algérien qui joue à la Lazio, mais qui est perdu pour le football algérien ? Réussir à intégrer l'équipe de la Lazio de Rome n'est pas quelque chose de facile. Il faut avoir un très bon niveau pour pouvoir s'imposer au milieu de cette grande formation. La Lazio joue un bon football porté vers l'attaque et cela convient au jeu de Meghni. Maintenant, s'il a choisi de jouer pour l'équipe de France, c'est son affaire. Je dirai juste que c'est dommage pour le football algérien qui aurait pu en bénéficier. Connaissez-vous un peu le football algérien ? Bien sûr que je connais ! Et comment voulez-vous que j'ignore le football algérien alors que j'ai marqué le tiers de mes buts en sélection contre votre pays ? (Il rigole). Je m'explique vite sinon vous n'allez rien comprendre. En fait, comme je n'ai marqué que trois petits buts dans ma carrière internationale et celui que j'avais inscrit en match amical contre l'Algérie à Montpellier, en France constitue donc... le tiers ! J'avais marqué un premier but et Ronaldinho le second. Mais nous n'avions réussi à faire la différence qu'en deuxième mi-temps et non sans peine. Et que retenez-vous de ce match aujourd'hui ? Qu'il a été surtout plaisant et de haute intensité. Les deux équipes n'ont rien lâché jusqu'au bout. Nous avons été très surpris par la qualité de l'équipe algérienne. Il y avait en face de nous des joueurs vifs et très techniques. Ils nous ont beaucoup gênés défensivement et en contre-attaques surtout. Franchement, je ne m'attendais pas à une telle résistance de leur part. J'aime les équipes qui jouent le jeu à fond et sans complexe comme c'était le cas avec l'équipe d'Algérie. Cette confrontation nous a été très bénéfique dans notre préparation. Le jeu des Algériens est très intéressant. Et comment ne le serait-il pas, venant du pays qui a enfanté un joueur de la trempe de Zidane ! Et que pensez-vous justement de Zidane ? C'est un joueur qui marquera le football pour toujours. Il a fait l'unanimité durant l'essentiel de sa carrière. On ne peut pas atteindre le niveau qui était le sien sans être doué à la base. Il a réussi une carrière qui fait rêver tous les joueurs du monde. Il a gagné tous les titres majeurs et ce n'est pas donné à n'importe qui. C'est un grand champion qui a inscrit en lettres d'or son nom parmi les meilleurs joueurs de tous les temps. Il a réalisé une carrière exceptionnelle que ce soit à la Juve, au Real Madrid ou avec l'équipe de France. Vous rappelez-vous des noms des joueurs de la sélection algérienne que vous avez affrontés ? Ne me mettez pas dans la gêne, s'il vous plaît ! (Il sourit). J'ai peur de dire des bêtises car ma mémoire n'est pas encore au point dans ce genre d'exercice. Mais ce dont je me souviens par contre, c'est que l'ensemble des joueurs bougeaient très bien sur le terrain et qu'ils se dépensaient à fond durant toute la partie. Et je ne crois pas qu'ils donnaient l'impression de jouer pour la première fois de leur vie avec une telle envie, juste parce qu'ils avaient en face la sélection du Brésil. Leur qualité est certaine. Mais ce que je retiens le plus de ce match de Montpellier, c'est ce public qui n'arrêtait pas de soutenir son équipe avec autant de ferveur. Pour un Brésilien, cela compte beaucoup. Quelles sont les chances de l'Inter de garder son titre ? Il faut se demander plutôt quelles sont les chances de nos adversaires de nous arracher le titre. Nous ne céderons aucune parcelle du terrain. Nous ne ferons de cadeau à personne et nous comptons gagner encore deux autres titres cette saison. Ce sera difficile mais nous saurons relever le défi. Ce sera encore plus dur de battre Manchester United en Ligue des champions, non ? A ce stade de la compétition, le niveau des équipes est le même. Il n'y a pas de différence entre le tenant du titre et celui qui arrive en finale pour la première fois. N'auriez-vous pas souhaité rencontrer Liverpool pour prendre votre revanche ? C'est sûr qu'on aurait eu plus de rage face à Liverpool. Mais cela n'aurait pas suffi à nous assurer la qualification. Les équipes anglaises sont très redoutables en Ligue des champions ces dernières saisons. Et en Italie, qui de la Juve ou du Milan AC pensez-vous avoir derrière vous jusqu'au bout ? Les deux sont redoutables. Mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre sur notre rythme pour les écarter de notre chemin. Cela dit, la Juve est un peu plus redoutable que Milan, à mon sens. Mais je peux me tromper. De tous les titres que vous avez gagnés, lequel vous chérissez le plus ? Tous les titres que j'ai gagnés me sont chers parce que c'est le fruit de beaucoup d'efforts et de sacrifices. Ils ne sont pas tombés du ciel et personne ne m'en a fait cadeau. Mais la Copa America a un goût si particulier, surtout quand on la gagne à deux reprises (2004 et 2007, ndlr) face à un adversaire nommé Argentine ! Entretien réalisé par A. L.
Quaresma, l'éternel flop L'information a été révélée lundi : Ricardo Quaresma, le transfuge vedette de l'Inter de la précédente intersaison, a été prêté à Chelsea. Une éviction qui, il n'y a pas si longtemps, aurait pu surprendre, mais qui aujourd'hui s'inscrit dans une certaine logique. Depuis son arrivée à San Siro, le milieu de terrain portugais a accumulé les mauvaises prestations. José Mourinho, qui est pourtant son compatriote, n'a étalé aucun favoritisme à son égard. Après l'avoir évincé de l'équipe titulaire, il l'a envoyé en tribunes.
Elu «Poubelle d'Or 2008» Même s'il est connu pour ses décisions parfois persifleuses, voire contestables, force est d'admettre que ce choix du «Special One» ne convie pas vraiment à la contestation. Au vu de ce qu'il a montré sous le maillot Nerazzuro, Quaresma était, en effet, le plus à même à être évincé. Avec seulement 13 matches joués en Serie A (dont 7 seulement comme titulaire) et 1 but marqué, son bilan n'était en rien reluisant et même s'il a pris part aux six premières rencontres des champions d'Italie en Ligue des champions, les observateurs italiens étaient unanimes sur le fait que son transfert vers la Lombardie était un véritable échec. Ils l'ont prouvé, d'une manière plutôt saugrenue, en lui attribuant le titre de «Poubelle d'Or 2008». Une distinction que personne ne lui enviera, puisqu'il consacre chaque année le joueur le plus décevant de la Serie A italienne.
Incapable de s'illustrer à l'étranger Agé de 25 ans, Quaresma, qui avait éclaboussé de sa classe le championnat portugais ces dernières années, n'en est pas à son premier échec dans un grand club européen. En 2004, son séjour au FC Barcelone était déjà catalogué comme un énorme fiasco (1 but en 22 matches). Cela ne l'a cependant pas empêché de rebondir par la suite, puisqu'il s'était refait une belle santé au FC Porto. Toujours est-il que l'on est en droit de s'interroger sur les capacités de ce grand technicien de réussir dans un grand championnat européen, ainsi que sur sa valeur marchande (estimée un temps à plus de 30 millions d'euros). Aujourd'hui, il est plus que probable qu'il quitte l'Inter à la fin de la saison. Si tel est le cas, il serait bien inspiré de retourner au Portugal et ne plus en sortir, car cette issue est probablement la meilleure solution pour lui afin de relancer sa carrière embourbée. A moins qu'il ne se fasse attirer par les onéreuses sirènes de Tottenham.
