«Vraiment, cela fait plaisir d'avoir un joueur comme Ghezzal en sélection. Il aime l'Algérie. Cela se voit clairement dans ses yeux et quand il parle.» Souriant et détendu comme toujours, Madjid Bougherra n'est pas la personne à parler dans le vide. Ce qu'il dit est toujours intéressant car (qualité rare chez les footballeurs) il a un esprit analytique très développé. Surtout, il garde toujours la tête sur les épaules. On vous invite à le vérifier à travers cet entretien où il se livre sur les circonstances de son transfert chez les Rangers, ses ambitions, la sélection nationale et, inévitablement, sur Algérie-Egypte. * Entre le Madjid Bougherra que Le Buteur était allé voir à Charlton il y a un peu moins de deux ans, souvent remplaçant, pas toujours certain de jouer, luttant pour le maintien, et celui que le journal est allé voir à Glasgow, titulaire indiscutable avec les Rangers, l'un des plus grands clubs britannique, jouant pour le titre et finaliste de la Coupe d'Ecosse, qu'est-ce qui a changé ? Tout a changé. D'abord, mon image. Je me suis rendu compte en venant ici que mon image a changé. Chaque chose que je dis est considérée par les journalistes et est reprise. Lorsque j'étais à Charlton, j'avais fait plein de déclarations au Buteur, mais elles n'ont eu aucune répercussion. En revanche, tout ce que je dis au Buteur depuis que je suis chez les Glasgow Rangers est répercuté dans les médias écossais. Donc, j'ai appris à faire attention à ce que je dis car chaque mot est pris en compte. Ensuite, la mentalité. Je suis dans un club où il faut gagner tous les matches, alors qu'avant, je jouais pour le maintien. Si nous gagnions, c'est tant mieux, et si nous perdions, c'est tant pis. Là, il faut tout gagner. C'est une pression. Grâce à ça, j'ai appris et j'ai mûri. Et puis, j'ai atteint un âge (26 ans) où j'ai maintenant de l'expérience pour tout ce qui est football. Maintenant, il faut avoir des ambitions et essayer de tout gagner. * Vous avez déclaré la semaine passée, ici, à Glasgow, que ton erreur avait été d'avoir quitté trop vite Sheffield Wednesday, où tu étais bien considéré, afin de rejoindre Charlton qui, à l'époque, évoluait en Premier League. En quoi cela a été une erreur ? Je ressens aujourd'hui les mêmes sensations qu'à Sheffield Wednesday. J'étais très bien là-bas, j'étais titulaire, je jouais mon jeu… Bref, j'avais passé six premiers mois parfaits. Puis, j'ai quitté ce club pour Charlton parce que je voulais jouer rapidement en Premier League. Résultat : j'ai été dans un club qui est redescendu. Le scénario se répète cette saison : avec les Rangers, j'ai fait six mois parfaits et voilà que Newcastle s'est manifesté. Comme Charlton, Newcastle joue en Premier League, mais lutte pour son maintien. Je n'ai as voulu refaire la même erreur. Je veux terminer la saison à Glasgow et savourer. Sachant que je joue mon jeu et que l'entraîneur me fait totalement confiance, je ne peux que progresser. Aux Rangers, je m'éclate et je ne vois pas pourquoi je changerais. * Vous préférez donc être titulaire dans un championnat de niveau moindre que celui de la Premier League plutôt que d'être titulaire dans un club moyen de la Premier League ? C'est certain. Les Rangers, c'est un grand club : un entraînement de fous, 50 000 personnes à chaque fois au stade lorsque nous jouons à domicile, participation à une coupe européenne des clubs chaque année, même si ce n'est pas le cas cette saison… Certes, le championnat écossais n'est pas le meilleur du monde. Il y a trois ou quatre bonne équipes, mais le reste n'est pas énorme. Cependant, cela reste du football et la finalité est la même : jouer 90 minutes à chaque match pour acquérir de l'expérience au profit de l'équipe nationale. Vous demandez à n'importe quel joueur et il vous dira qu'il préfère jouer plutôt que d'être remplaçant. * A la fin de la saison passée, Charlton a raté l'accession malgré un bon départ et vous étiez certainement déprimé de devoir encore jouer en Championship. Comment est venue la proposition des Rangers ? Sachant que j'étais un transfert financièrement assez important, je sentais que Charlton était en difficulté financière et que quelque chose allait venir après. Donc, après les matches de l'été avec la sélection d'Algérie, j'ai pris deux semaines de vacances, puis j'y suis retourné. J'ai senti que l'entraîneur, Alan Pardew, savait que j'allais partir. Le premier club à se manifester a été West Bromwich Albion (qui venait d'accéder en Premier League, ndlr). C'était un contact rapide et, le lendemain, j'étais parti effectuer la visite médicale et négocier. Pendant toute la journée, nous avions discuté des conditions salariales car il n'y avait pas un grand changement entre ce qu'on me proposait et ce que je touchais à Charlton. J'étais un peu déçu. Pendant les négociations, l'entraîneur des Glasgow, Walter Smith, m'avait appelé pour me dire : «Ne signe pas à West Bromwich. On te veut aux Rangers.» * Comment a-t-il entendu parler de vous ? C'est surtout à travers le préparateur physique des Rangers qui était à Sheffield Wednesday. De plus, tout le monde suit les matches et il y a des gens qui suivent les joueurs. * Donc, bien que vous n'ayez pas beaucoup joué à Charlton, Smith a eu écho de votre niveau et de votre potentiel à travers le préparateur physique qui vous avez connu à Sheffield Wednesday… C'est bien ça. Et puis, le bruit de mon départ de Charlton commençait à courir avant fin mai et les clubs s'intéressent en priorité aux joueurs en fin de contrat ou mis sur la liste des transferts. Il y a eu des scouters (recruteurs) qui sont venus me voir pendant certains matches, mon entraîneur avait donné son avis favorable. Bref, tout s'accordait dans cette histoire. Il y a eu ensuite un coup de chance. En fait, j'avais donné mon accord à West Bromwich Albion et je voulais signer. Il se trouvait que le président attendait le résultat de la visite médicale. Alors, il m'a demandé de repasser dans deux ou trois heures (il était déjà 17h) ou bien de revenir le lendemain. J'ai préféré la seconde option car je devais rentrer à Londres régler des affaires. Dans ma tête, il était clair que j'allais signer à West Bromwich. Le lendemain, à mon réveil, l'entraîneur des Rangers m'a appelé encore, ainsi que mon agent. Des gens compétents m'ont aussi appelé pour me dire de ne pas rater cette occasion car c'est un grand club. Je suis donc parti à Glasgow, j'ai visité les installations et j'ai parlé avec l'entraîneur. Le discours m'a plu et j'ai signé. Après, l'entraîneur de West Bromwich Albion m'a appelé. Il a compris mon choix et s'est montré très respectueux. Il n'était pas du tout rancunier et m'a souhaité de réussir chez les Glasgow Rangers. * Parmi les personnes compétentes qui vous ont conseillé d'accepter l'offre des Rangers, on présume qu'il y avait Brahim Hemdani… Pas seulement lui. Il y avait Hemdani, Zarabi qui avait joué en Ecosse (à Hibernian, ndlr) et que je considère comme mon frère, depuis que nous étions ensemble à Gueugnon, Karim Ziani, mon ancien entraîneur à Charlton, Alan Pardew, un autre de mes anciens entraîneurs, Paul Sturrock, qui est Ecossais… Ce sont des gens qui connaissent bien les championnats britanniques et qui m'ont conseillé de sauter sur l'occasion. Aujourd'hui, El Hamdoullah, je ne regrette pas. * Tout le monde entend parler des Glasgow Rangers, de leur palmarès, de la chaleur de leur public… Ce que vous avez découvert de l'intérieur est-il conforme à l'idée que vous vous faisiez du club de l'extérieur ? Franchement, non. Je me rends compte que je joue dans un grand club. Déjà, le centre d'entraînement est immense et magnifique. On ne peut que progresser avec ces conditions de travail. Par ailleurs, tout ce qui est médiatisation, marketing et prise en charge du joueur est fait de manière formidable. Le stade est magnifique, toujours complet, avec une superbe ambiance. Je ne l'imaginais pas comme ça, franchement. * Est-il motivant pour un joueur de jouer chaque fois à domicile devant 50 000 spectateurs ? Ressentez-vous plus de motivation que lorsque vous étiez à Crewe Alexandra, à Sheffield Wednesday ou à Charlton ? C'est vrai que c'est une autre motivation. Quand on joue dans un grand club, on sait qu'il y a beaucoup de gens qui nous regardent dans le monde entier. On sait qu'il y a un public qui vous apprécie. Alors, on entre sur le terrain en se donnant à fond sur une superbe pelouse. Ici, tout vous motive. Je ne sais pas comment expliquer cela. C'est une situation à part. * Le fait d'avoir Brahim Hemdani comme «éclaireur» à votre arrivée au club vous a-t-il aidé dans votre intégration ? C'est clair que Hemdani, Darcheville et Cousin m'avaient aidé à m'intégrer (entre-temps, Cousin est parti à Hull City et Darcheville à Valenciennes, ndlr), mais le fait que je sois en Angleterre depuis déjà trois ans m'a facilité la tâche. Comme je parle maintenant l'anglais, je me suis mis à parler avec tout le monde. Certes, au départ, j'avais plus d'affinités avec Brahim, Darcheville et Cousin, mais mes affinités se sont maintenant élargies à tous les joueurs. * Maintenant que vous avez une place importante dans l'équipe, est-ce qu'on vous reconnaît dans la rue ? Oui, El Hamdoullah. Lorsque je sors ou que je fais les magasins, c'est comme partout : on me sollicite pour des autographes ou pour des photos. C'est surtout durant le mercato que le soutien des supporters s'est le plus manifesté. Ils me demandaient de rester et de ne pas partir. * Les supporters avaient eu vent des offres de Marseille et Newcastle ? Oui. J'ai été surpris que certains supporters aillent jusqu'à me supplier de rester car cela faisait seulement quatre ou cinq mois que j'étais au club. En fait, on m'a expliqué qu'ils m'adoraient parce que j'ai su remplacer un joueur qu'ils croyaient irremplaçable. L'été dernier, le défenseur central Cuellar avait été désigné meilleur joueur de l'année et il a été transféré à Aston Villa pour 8 millions d'euros. Les supporters étaient mécontents de son transfert car c'était leur idole et ils ne croyaient pas qu'il pourrait y avoir quelqu'un pour le remplacer. Maintenant, ils m'ont adopté dans leur cœur et ils l'ont oublié. * Scandent-ils votre nom durant les matches ? Je suis tellement concentré sur le match que je n'arrive pas à écouter, mais il est vrai qu'il m'arrive d'entendre mon nom scandé dans les gradins. * Vous aviez déclaré au Buteur lorsqu'il y a eu les offres de Marseille et de Newcastle que, dans tous les cas de figure, vous ne jouerez que dans un championnat britannique, que ce soit celui d'Angleterre ou celui d'Ecosse, mais plus jamais en France. Est-ce parce que vous avez encore le mauvais souvenir de votre passage à Gueugnon où l'entraîneur de l'époque, Zvunka, vous confinait par racisme sur le banc des remplaçants ou bien c'est parce que vous avez pris conscience que vos qualités ne peuvent s'exprimer que dans un championnat britannique ? Ce n'est pas à cause d'un mauvais souvenir car je n'étais resté que six mois à Gueugnon. Je pense plutôt que mes qualités sont faites pour le football britannique. Je dois l'avouer : c'est mon style et c'est comme ça. Ici, c'est complètement différent de ce qu'on voit en France. Niveau approche de match, niveau gestion des entraînements, niveau engouement, niveau mentalité, c'est deux mondes différents. Si je joue en France, je sais que ce sera toujours deux entraînements par jour et les supporters constamment dans le dos. Ici, il y a rarement deux entraînements, il y a plus de matches, les gens sont respectueux et superbes et, après l'entraînement, tu mènes ta vie calmement. * En un mot, en Ecosse, vous pratiquez votre métier avec plaisir… Voilà ! Il n'y a pas beaucoup de contraintes, pas beaucoup de mises au vert. En France, c'est un super pays pour apprendre quand on est jeune car leur niveau de formation est élevé, mais arrivé en seniors, mis à part Marseille, le Paris Saint-Germain, Saint-Etienne et Lyon, ce n'est pas énorme. Franchement, je n'ai aucune motivation pour retourner en France. * Maintenant que la page des contacts avec l'Olympique de Marseille est définitivement pliée, dites-nous qui vous a contacté du club marseillais… Il n'y a pas de fumée sans feu. Je sais que mon agent a su, par l'intermédiaire de je ne sais qui, que Marseille était intéressé par mes services. Je n'ai pas donné suite. De toute façon, mon agent connaît ma position. Il a dû expliquer à son interlocuteur que je n'étais pas intéressé. * Votre départ des Rangers dépend de deux paramètres : votre désir de partir ou la décision du club de vous vendre. Confirmez-vous votre souhait de ne quitter les Rangers que pour un club de plus haut niveau ? Oui, je le confirme. J'ai eu une progression cohérente : je suis parti de Gueugnon pour Crewe Alexandra, puis vers Sheffield Wednesday et ensuite à Charlton et maintenant aux Glasgow Rangers. J'ai donc gravi les échelons. Partir à présent vers un club qui joue le maintien serait illogique, sachant que je suis dans un club qui disputera peut-être la Ligue des champions ou, au pire, la Coupe de l'UEFA. J'ai des ambitions. Si je dois changer, ce sera pour un club huppé qui joue quelque chose. Personnellement, je n'ai aucune envie de partir à la fin de la saison car il y a une compétition européenne à disputer. Mon cœur est là et je veux rester au moins pour une autre saison. * Vous êtes sous contrat jusqu'à 2012, mais même si le club décide de vous vendre, vous avez quand votre mot à dire, non ? Certes, mais il ne faut pas se leurrer : le football, c'est avant tout du business. Je n'aurais pas forcément mon mot à dire. * Financièrement, et sans citer de chiffres, est-il plus intéressant de jouer aux Glasgow Rangers ou à Newcastle ? Honnêtement, je pourrais avoir deux fois plus d'argent à Newcastle. Aux Rangers, il n'y a pas une grande différence entre ce que je touche et ce que je touchais à Charlton. Je ne fais pas partie des gros salaires du club. Je reste un joueur venu de deuxième division. Cependant, sportivement parlant, je suis dans un grand club. El Hamdoullah, je me contente de ce que j'ai car cela me permet de vivre et d'aider ma famille. * Abordons le volet équipe nationale. Avez-eu ressenti de bonnes sensations au niveau de l'équipe lors du match amical à Blida face au Bénin, le dernier avant le premier match officiel contre le Rwanda ? Oui, j'ai eu de très bonnes sensations, déjà par rapport à l'ambiance. Nous nous retrouvons toujours avec plaisir, tout sourire. Il y a une bonne ambiance et ça rigole franchement. On sent maintenant un noyau, une famille. C'est déjà un point positif. Est-ce qu'on est prêts ? Oui, on est prêts. Certes, on peut encore améliorer la cohésion et le jeu du groupe. Le coach ne cesse de le répéter. C'est le temps qui nous manque pour travailler ça, mais nous avons vu que, offensivement, nous avons ce qu'il faut : Ghezzal, Ghilas, Saïfi, Djebbour, soit quatre joueurs pour deux postes. Au milieu du terrain, nous avons une doublure pour chaque poste. Même chose au niveau de la défense. Cela fait longtemps que nous n'avions pas cela. Nous avons un groupe, nous avons un banc. Quoi qu'il puisse arriver, nous aurons toujours un joueur de même qualité qui entrera. Nous avons gagné et c'est bon pour le moral, même si c'est contre le Bénin qui n'a rien d'une équipe extraordinaire. * Lorsque vous avez été remplacé, le public vous avait ovationné en scandant «Bougherra ! Bougherra !» Est-ce l'effet Rangers ? C'est peut-être ça. Le fait de jouer dans un grand club vous rend plus médiatisé. Je sais, par exemple, que mon père suit tous mes matches sur Al Jazeera Sport et je présume que les Algériens aussi. Ils peuvent me suivre durant la saison, ce qui n'était pas le cas auparavant. dit, être supporté par le public de son pays, c'est le top ! Cela te donne des frissons. * Avez-vous une appréhension par rapport à la solidité et à la complémentarité de l'axe central face au Rwanda vu que Anthar Yahia sera absent, que Rafik Halliche est tout juste revenu d'une blessure et que ça fait des mois que vous n'avez pas été associé avec Samir Zaoui ? Franchement, non. Il y aura Zaoui et aussi Maïza avec qui je m'entends très bien depuis que nous avons joué ensemble en sélection Espoirs. Halliche sera revenu de blessure. Il ne faut ne pas oublier Mehdi Meniri qui est complètement rétabli de sa blessure et qui est revenu sur les terrains la semaine dernière. Et puis, Zaoui et Maïza sont plus expérimentés que nous sur le terrain synthétique et en Afrique. Donc, ce n'est que du bonus pour nous. * Donc, aucune crainte particulière ? Franchement, aucune. Comme je l'ai dit, chaque poste est doublé et les joueurs ont tous les mêmes qualités. * Face à l'Egypte, vous aurez peut-être comme vis-à-vis Amr Zaki ou Mido. Suivez-vous les matches de Wigan pour essayer d'étudier leur jeu ? Je ne cherche pas particulièrement à suivre les matches de Wigan, mais lorsque je tombe sur eux à la télévision, je regarde. Effectivement, j'ai observé leur jeu et j'ai constaté que Mido est un joueur fixe, qui ne bouge pas trop, qui joue en déviation, alors que Zaki tourne autour. De toute façon, on verra cela avec le coach lors des séances vidéo. Cela dit, comme je le répète souvent, lorsqu'on met le maillot de l'Algérie, qu'on rentre sur le terrain et qu'on voit le drapeau, on joue à fond, avec le cœur, quel que soit l'adversaire, dusse-t-il être Ronaldo ! Quand on est solidaires, on a toujours eu des résultats. * Les envoyés spéciaux du Buteur en Egypte ont constaté, lors de leurs différents séjours, que les Egyptiens, qu'ils soient footballeurs, entraîneurs, journalistes ou supporters, craignent l'Algérie dont ils reconnaissent la hargne et le supplément de cœur qu'ils mettent dans chaque match international. Croyez-vous que le cœur est vraiment un atout pour les Algériens et cela sera-t-il suffisant ? Nous, les Algériens, avons une fierté incommensurable. Cela commence quand l'hymne national est entonné et les frissons viennent après avec la rage de vaincre. Je ne sais pas comment expliquer cela… Nous avons cette grinta qui nous pousse à remonter quelque chose, à donner tous ce que nous avons dans le ventre. * C'est un sentiment personnel ou bien sentez-vous cela chez tous vos coéquipiers ? Tous les joueurs le ressentent. Nous ressentons cela plus à domicile qu'à l'extérieur. Peut-être que nos supporters nous manquent quand on joue chez l'adversaire. Ce que je peux assurer, c'est que chaque joueur joue avec le cœur. * Que craignez-vous le plus chez la sélection d'Egypte ? Qu'elle joue nos nerfs. C'est une équipe patiente, qui sait prendre son temps et rester en place durant 90 minutes, alors que nous, Algériens, avons tendance à vouloir marquer tout de suite. Fort heureusement, nous progressons doucement dans ce domaine car nous parvenons à présent à rester concentrés durant tout e match. Face au Sénégal, bien que nous étions menés au score, nous avons su rester calmes et reprendre l'avantage alors qu'avant, nous partions un peu partout en faisant n'importe quoi pour marquer. C'est pour ça que je dis que la patience sera la clef du match. Je redoute donc que les Egyptiens jouent sur nos nerfs et nous fassent perdre patience. * Abdelkader Ghezzal était impatient de jouer pour l'Algérie. Avez-vous eu ce sentiment lors du premier regroupement auquel il a assisté en France et lors du dernier stage, son premier en Algérie ? En France, je n'avais pas eu le temps de bien le connaître, mais j'en ai eu l'occasion à Alger. Vraiment, cela fait plaisir d'avoir un joueur comme lui en sélection. Il aime l'Algérie. Cela se voit clairement dans ses yeux et quand il parle. En plus, il a marqué son premier but à Blida avec la sélection, sur une passe décisive de moi en plus, et il était très content. Cela m'a fait plaisir de le voir marquer. Surtout, c'est quelqu'un qui peut jouer tout seul devant. S'il nous sommes amenés à jouer en 4-5-1, il sera tout à fait capable de jouer seul en pointe. En tant que défenseur, je connais ce type d'attaquants : il pèse sur une défense. Il ne s'arrête jamais de courir, il fait constamment des appels, il dévie de la tête, il protège bien son ballon… Avec un attaquant comme Saïfi, Djebbour ou Ghilas autour de lui, ça peut se révéler très efficace. Entretien réalisé à Glasgow par Farid Aït Saâda