«Raouraoua m'en a déjà parlé quand j'étais en Suisse» * Il y a trois semaines de cela, vous aviez offert les trois points de la victoire à votre équipe en inscrivant le seul but de la rencontre contre Piacenza. Racontez-nous ce match ? C'était un match très difficile, comme tous les matches de la Série B d'ailleurs. La preuve, nous n'avons pu gagner que par un but à zéro. Aujourd'hui, quand on s'appelle Lecce, on ne s'attend pas à ce que la tâche soit facile. On est attendus de pied ferme partout, et même chez nous les choses deviennent de plus en plus difficiles. * Et ce but de la victoire ? C'est un ballon qui a rebondi sur la barre pour me trouver au point de chute. Il fallait juste être lucide pour le placer au fond des filets. Mais après avoir marqué le but, j'avais peur que Piacenza ne revienne au score. Car, à chaque fois que je marque on se fait rattraper, mais pas cette fois-ci. J'ai été donc doublement content. * Comment a-t-on réagi au sein de votre équipe ? Tout le monde était très content. On est venus en fin de match me féliciter et me remercier, ce qui m'a fait beaucoup de bien. Cela vous met de plus en plus en confiance. * Cela dit, vous ne marquez pas très souvent, pourquoi ? Cela dépend du dispositif tactique du jour et de mon emplacement sur le terrain. Quand on me fait jouer en attaque, je marque. Mon entraîneur m'a aligné aux avant-postes trois fois de suite et à chaque fois j'ai pu marquer. Mais quand on vous demande de faire autre chose pour des besoins tactiques, vous devez surtout vous occuper de votre tâche. * Vous évoluez à quel poste actuellement ? Excentré gauche ou milieu gauche et ça me va. * C'est votre poste de prédilection ? Disons que je me sens à l'aise à ce niveau. * Vous jouez à d'autres postes ? Cela dépend des entraîneurs. Par exemple, l'année dernière, j'ai joué toute la saison comme arrière gauche. C'est bien de pouvoir s'adapter à tous les niveaux. * Vous ne vous en êtes pas plaint ? A ce niveau, surtout quand on veut réussir, il faut se montrer disponible là où on a besoin de vous. A Avelino, mon entraîneur avait jugé que je pouvais bien m'en sortir comme arrière gauche. Je ne devais pas le décevoir et c'est ce que j'ai fait. Je n'étais pas perdant puisque j'ai gagné en compétition en ayant été titularisé toute la saison. * Comment êtes-vous arrivé à Lecce ? Après une bonne saison accomplie à Avelino, plusieurs clubs se sont intéressés à moi, même des clubs de la Serie A comme Bari et Livourne, mais c'était surtout pour la réserve. Lecce n'a pas été en reste et c'est son entraîneur en personne qui a sollicité mes services. * A Avelino n'a-t-on pas voulu vous retenir ? Je n'appartenais pas à Avelino, mais au FC Lucerne. Les responsables de Lecce ont vu directement avec les Suisses et en trois jours le transfert a été conclu. En Suisse, on ne vous complique pas les choses, je n'ai jamais eu de problème quand il s'agissait de changer de club. Quand Lecce a voulu me recruter, j'ai appelé mon président à Lucerne pour lui faire savoir que c'était une occasion que je ne voulais pas rater et il a été très compréhensif. * Quelle est la durée de votre contrat ? Je me suis engagé pour trois ans. * Cela veut dire qu'on tient à vous à Lecce, non ? Oui, c'est ce que j'ai compris moi aussi et cela me réconforte. * La preuve, vous êtes titulaire indiscutable … Non, vous vous trompez, avec cet entraîneur, il n'y a pas de titulaire indiscutable. Pour pouvoir être aligné souvent dans le onze rentrant, il faut être toujours au top, il est trop exigeant. Disons plutôt que pour le moment, je donne satisfaction. * Vous commencez à voir le bout du tunnel ? Ah oui, c'est une nouvelle étape dans ma carrière. J'ai galéré certes, mais je me suis toujours dit qu'il n'y a que le travail qui paye. Aujourd'hui, grâce à mon abnégation, j'ai pu passer à un autre palier et j'espère retrouver très bientôt la Serie A et progresser davantage. * On suppose que votre premier objectif en ce moment est l'accession avec Lecce en Serie A, non ? Exactement, je ne connais pas un seul joueur qui ne rêve pas d'y évoluer. * Vous y croyez ? Oui, tout le monde ici y croit dur comme fer. Nous avons un effectif assez costaud pour réaliser cet objectif. * Et le second ? Mon second objectif date de très longtemps maintenant, c'est celui de porter les couleurs nationales. * Quand avez-vous commencé à penser à l'équipe nationale ? Dès que j'ai signé mon premier contrat professionnel avec le Servette de Genève. Depuis, je caresse toujours le rêve de porter le maillot national. * Vous êtes impatient de venir en équipe nationale ? Oui, mais pas comme vous pourriez le comprendre. Je ne suis pas impatient de venir en sélection parce que je veux jouer la Coupe du monde, non. Certes, chaque joueur veut jouer une Coupe du monde, c'est une occasion qui risque de ne se présenter qu'une seule fois dans la vie, mais ce n'est pas cela qui me motive le plus. Mon objectif c'est de jouer pour l'Algérie, même si je dois attendre encore une année ou deux. Moi, je vous le dis franchement, le Mondial, je ne le mérite pas, surtout quand je vois ce que les autres ont dû endurer pour décrocher la qualification. Maintenant, si on juge que je peux apporter un plus à cette équipe, je suis disponible comme je l'ai toujours été. Je ne sais pas si je me suis fait comprendre ou non. * Si, vous voulez dire que ce n'est pas à cause de la Coupe du monde que vous voulez venir en sélection... Voilà, je suis Algérien et je veux jouer pour l'Algérie. J'ai exprimé ce souhait il y a très longtemps, en 2004 déjà, et je l'ai renouvelé à plusieurs autres occasions. J'ai déjà eu Raouraoua au téléphone quand j'étais au Servette, j'ai eu Wasege aussi, et même un certain Cheniouni qui est le directeur administratif de l'équipe nationale. On m'a demandé si j'étais prêt à rejoindre la sélection, j'ai tout de suite dit oui, sans réfléchir. Mais après, je ne sais pas ce qui s'est passé, il n'y a pas eu de suite. * Exact, et depuis vous ne vous dites pas à quand cette convocation ? Non, je suis jeune, je n'ai que 25 ans et je peux attendre encore. Ce qui m'intéresse le plus en ce moment, c'est de bien gérer ma carrière pour ne pas me casser la gueule et si entre temps je reçois une convocation de l'équipe nationale, je viendrai en courant. * Savez-vous qu'on parle de vous avec insistance ces derniers temps en Algérie et dans l'entourage de la sélection ? De temps à autre, je lis à travers votre journal quelques articles me concernant, et même sur d'autres sites, mais je ne suis pas au courant si on parle de moi au sein de la sélection. * Il y a de fortes chances, en effet, pour que vous soyez présélectionné avant le Mondial puisque votre nom aurait été couché sur le calepin du sélectionneur national… Franchement, je ne suis pas au courant, mais ça me fait chaud au cœur. * Vous a-t-on contacté directement ou indirectement ? Non, personne ne m'en a parlé et je n'ai rien eu de concret jusqu'à présent. * Que connaissez-vous de l'équipe nationale ? Plein de choses, je la suis depuis bien longtemps. * Connaissez-vous quelques joueurs de l'EN ? Je ne connais que Ziani que j'ai côtoyé lors de mon passage à Lorient. Je l'ai trouvé là-bas quand j'ai été prêté par le FC Bâle, mais après, on s'est perdus de vue. * Et les autres joueurs ? Non, je ne connais personne, je ne les ai jamais croisés. Les seuls joueurs de l'équipe nationale que je connaisse sont Ziani et Achiou avec lequel j'ai joué à Arau. * Vous devriez les connaître à travers les matches de la sélection, non ? Oui, c'est sûr, j'ai appris à les connaître tous. * Avez-vous suivi la dernière CAN ? Oui, j'ai pratiquement suivi tous les matches, sauf un, celui de la demi-finale contre l'Egypte. Ce jour-là, j'étais en déplacement avec Lecce et je n'ai pas pu le voir. Sinon, j'ai regardé tous les autres matches. * Que pensez-vous de cette équipe ? C'est une belle équipe et personne ne peut soutenir le contraire. Elle a du potentiel avec aussi d'énormes capacités et je crois qu'elle n'a pas encore montré tout ce qu'elle a dans le ventre. En tout cas, moi, j'aime la voir jouer. Le jeu à l'algérienne, c'est unique et c'est beau, on ne s'en lasserait pas. * Et si vous êtes appelé pour y participer ? Cela va être avant tout une grande responsabilité. Même si on doit prendre beaucoup de plaisir en pratiquant ce beau football, on ne doit jamais oublier qu'on joue pour les couleurs nationales et cela c'est sacré. Mais cela va être surtout un grand honneur pour moi. J'attends toujours ce jour.