«J'ai eu les larmes aux yeux quand j'ai su que je serai retenu pour le prochain stage de l'EN» «J'aime beaucoup Anthar Yahia. Je suis exactement comme lui. J'aime le courage qu'il incarne sur le terrain. Je m'identifie beaucoup à lui, à son nationalisme et sa manière de parler de l'Algérie toujours pour la défendre. Je pense avoir des similitudes avec lui.» * Quel est votre joueur préféré chez les Verts ? Sur le terrain, je les préfère tous. De Chaouchi et Gaouaoui, à Ziani et Mansouri, en passant par les défenseurs Bougherra et Halliche. Mais il y a, en effet, un joueur que j'apprécie un peu plus que les autres. * C'est qui ? Anthar Yahia ! Je ne sais pas pourquoi, mais je kiffe tout ce qu'il fait en dehors du terrain. C'est peut-être pour sa façon de parler en arabe, comme quelqu'un qui a vécu toute sa vie en Algérie, sa générosité envers les gens, sa disponibilité dans le groupe pour Halliche qu'il a pris sous sa coupe dès son premier stage… Je me dis que ça serait bien de jouer dans la même équipe qu'un gars aussi simple. Je m'identifie beaucoup à lui, à son nationalisme et sa manière de parler de l'Algérie toujours pour la défendre, parce que je pense avoir des similitudes avec lui. * Vous sentez que vous lui ressemblez ? Je suis exactement comme lui. J'aime aussi le courage qu'il incarne sur le terrain. Avec Bougherra, Ziani, Belhadj, Yebda et les autres, on sent qu'ils jouent pour faire plaisir aux supporteurs. Yahia sait réchauffer les cœurs des supporteurs. Il a toujours le souci de relever la tête aux Algériens. J'aime ce genre de comportement. Il donne l'exemple à suivre. Il a mon total respect, lui et les autres joueurs qui ont mené les batailles des éliminatoires. Franchement, ils ont été parfaits ! Je leur dis bravo ! * Vous parlez comme un fan de Yahia ! Mais je suis totalement fan de Yahia et de tous les joueurs de l'EN ! Je ne m'en cache pas. J'ai vibré avec leurs exploits à chacun de leurs matchs. J'aime mon pays ! Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que je sois fan des Verts. * Ce sera un conte de fées de vous retrouver bientôt en sélection, non ? Vraiment ! Je ne crois pas mes yeux. Je rêve debout. L'équipe nationale a toujours été un rêve pour moi, depuis ma tendre enfance. J'ai d'ailleurs plein de maillots de l'EN que j'ai ramenés du bled. Je suis resté complètement enfant de ce côté-là. Mais il n'y a pas que moi qui suis fan de Yahia, même ma mère l'adore. Vous savez, avant chaque match, j'appelle ma mère et vous savez ce qu'elle me dit ? Elle me dit : «Vas-y Anthar Yahia, un but el youm ! (aujourd'hui)» (il se marre franchement). * Vous faites partie des 30 joueurs retenus pour le stage de Coverciano. Comment avez-vous appris la nouvelle ? On m'a appelé vers minuit pour me dire qu'on a lu cela dans Le Buteur. Je n'en revenais pas ! J'ai eu les larmes aux yeux tellement j'étais heureux. Je n'ai pas eu de confirmation officielle, mais cela a suffi à mon bonheur. J'espère que ce que j'ai lu est vrai. C'est tellement fort de se rapprocher de la sélection que j'aime le plus au monde ! C'est indescriptible. * Vers qui est allée votre pensée ? A ma famille. Ma maman, surtout ! Elle en rêvait la pauvre depuis longtemps. * Quel a été votre contact officiel avec l'EN ? J'ai reçu un appel téléphonique de Monsieur El hadj Raouraoua, il y a environ une vingtaine de jours. J'étais heureux et fier que le président de la fédération ait pensé à m'appeler. J'ai grandi aussitôt dans ma tête. J'ai senti que j'allais avoir de nouvelles responsabilités. Une sélection en équipe nationale, ça vous interpelle sur-le-champ. Depuis, je rêve que mon téléphone affiche son numéro ou celui du sélectionneur… (il sourit). J'espère que ça va ré-sonner bientôt… * Qu'en est-il de Luis César, votre nouvel entraîneur ? C'est quel qu'un de très respecté ici à Tarragone. C'est lui qui était entraîneur lors de l'accession en 2005-2006. Il connaît très bien la maison. Dès son arrivée, il nous a dit qu'il n'y avait pas de titulaire dans l'équipe et qu'on repartait tous à zéro. Sa méthode est complètement différente de celle de son prédécesseur. Il nous fait beaucoup travailler. La charge de travail est à l'opposé de ce qu'on a connu cette saison. Pour ma part, je perçois du positif dans son comportement envers moi. Je sens qu'il n'est pas le genre à écouter ce qu'on lui dit. * Votre frappe de balle, vous la travaillez à l'entraînement ? Oui, je fais souvent une vingtaine de minutes de tirs de loin, sur balle arrêtée ou en mouvement. Je place le ballon des 40 mètres et je tire. C'est vrai que c'est un don de Dieu, mais il faut aussi travailler tous les jours pour améliorer la qualité des tirs. * Les touches aussi ? Oui, je me suis rendu compte que j'avais la possibilité de faire de longues touches. Je prends le ballon, je lance et ça va loin, c'est tout. Tant mieux si ça peut aider l'équipe. * Il paraît que votre ancien coach vous chambrait à l'entraînement à propos de vos coups francs, c'est vrai cela ? Oui, un peu. Une fois, la semaine qui avait suivi le match contre Huesca, j'ai allongé la séance d'entraînement pour m'exercer aux tirs lointains des 40 mètres. Parfois ça rentrait et parfois ça partait dans les décors. Il était donc venu me voir pour me dire : «Apprends déjà à marquer des 20 mètres avant de tenter des tirs aussi lointains.» Le jour du match, on faisait match nul (1-1) et on avait hérité d'un coup franc des 40 mètres. Je place le ballon, je tire et il y a but ! C'était dans les dernières minutes du match. J'ai été le voir de suite pour lui dire que c'est moi qui avais raison. Mais il était content pour moi. D'ailleurs, en conférence de presse, il a dit qu'il n'était pas étonné de me voir marquer un but comme ça, puisqu'il me voyait toujours le faire à l'entraînement. * Votre frère aussi est footballeur à Châteauroux… Oui, Sofiane Cherfa est mon grand frère. Il joue en Ligue 2, à Châteauroux et il évolue en défense, dans l'axe. Lui aussi, c'est un mordu de l'Algérie. Nous avons reçu la même éducation, à l'algérienne, quoi ! Il joue avec un ancien international algérien, Nasser Ouadah. Mon frère a déjà fait une sélection avec l'équipe d'Algérie, chez les Espoirs. Il travaille aujourd'hui dans son coin en espérant jouer un jour chez les A. Il était à Monaco. On est très proches l'un de l'autre. On s'appelle tous les jours. J'espère qu'un jour on sera lui et moi en sélection d'Algérie. Ce sera le top pour nous et toute notre famille. J'espère que Dieu nous aidera à réaliser ce rêve… * Vous serez libre en fin de saison. Qu'allez-vous faire ? Je ne sais pas encore ce que je vais faire. J'attendrai la fin de saison et j'étudierai toutes offres émanant de clubs émanant de Divisions 1. Que ce soit en Espagne ou ailleurs. Si le Deportivo la Corogne relance mon dossier, je serai à l'écoute de ce qu'on va me proposer. Mais une chose est sûre, c'est que je ne partirai pas de Tarragone si je reçois des offres de clubs de la D2 espagnole. * Votre statut va changer maintenant en devenant international algérien, non ? C'est sûr que cela va beaucoup m'aider dans ma vie de tous les jours en club. On ne se comporte pas de la même manière avec un joueur international. J'espère que moi aussi je vais apporter un plus à l'équipe nationale. En tout cas, je me donnerai à fond sur le terrain, il n'y a pas le moindre doute. Déjà, c'est mon tempérament de ne jamais rien lâcher pour un match de championnat. Que dire donc lorsqu'il s'agira de jouer pour tout le pays ! Forcément, la motivation est décuplée. * Que pensez-vous de ceux qui ont été écartés alors qu'ils espéraient faire partie des 23 mondialistes ? Je suis désolé pour ceux qui ont été écartés. Je suppose qu'ils le vivent très mal. Mais c'est ça le football, il y a des hauts et des bas dans la carrière d'un joueur. Mais personne ne devrait baisser les bras. Il faut que chacun travaille pour élever son niveau afin de convaincre le sélectionneur de mériter sa place en sélection. Et puis, qui peut savoir ce qui va se passer avant le Mondial ? Il peut y avoir des blessés et d'autres qui se retrouveront en baisse de forme totale. Ce sont des choses qui peuvent arriver à tous. * Pensez-vous comme Lacen que vous allez prendre la place d'un joueur qui s'est battu pendant de longs mois avant vous ? On peut comprendre qu'un joueur qui s'est battu pendant les éliminatoires soit frustré de ne pas aller au bout de l'aventure. Mais je pense que le sélectionneur est au-dessus de ces considérations. Déjà que je ne suis pas encore en équipe nationale pour dire ces choses-là. Mais je parle en tant que supporteur des Verts. Et là, je me dis qu'on doit prendre les joueurs les plus compétitifs pour la Coupe du monde. Si demain je suis moins performant qu'un autre, je voudrai que le coach le prenne à ma place pour représenter les couleurs de l'Algérie. Il ne faut pas se la jouer perso lorsqu'il s'agit du pays. * Comptez-vous être retenu dans la liste des 23 pour le Mondial ? Vous savez, Wallah que je prendrai ce qu'on va me donner. Je suis déjà très heureux que M. Raouraoua ait pensé à m'appeler, que M. Saâdane ait pensé aussi à moi pour intégrer l'EN. Si je dois rater le Mondial et revenir après la Coupe du monde en équipe d'Algérie, je signerai tout de suite. Le plus important, à mes yeux, est de faire partie des sélectionnables. Que ce soit pour le Mondial ou après. Je me mets à la disposition de mon pays et ça suffit pour me rendre fier !