Annoncé comme successeur de Christian Gourcuff, Djamel Belmadi que nous avons pu avoir au téléphone, pense bien un jour coacher la sélection nationale, mais affirme que le président de la FAF ne l'a jamais contacté à ce propos. Belmadi nous livre ses impressions sur les récentes sorties des Verts et évoque la nécessité de changer de système de jeu tout en préservant la même philosophie de jeu inculquée par Gourcuff. On a appris que le président de la FAF aurait pensé à vous pour succéder à Christian Gourcuff, une confirmation ? Non, en fait, j'ai accordé une interview à une chaîne qatarie et on m'avait posé la question suivante : «Etes-vous prêt à prendre en main l'Equipe nationale algérienne ?» J'ai répondu, étant donné qu'il y avait un entraîneur en place, il fallait le respecter. Je n'aime pas parler justement, lorsqu'il y a un en coach en fonction, c'est avant toute chose un manque de respect pour le métier qu'on exerce. Après ce n'est un secret de polichinelle : un jour au l'autre, je prendrai la sélection nationale. Gourcuff serait encore indécis, et le poste pourrait devenir vacant, évidemment, on ne le souhaite pas du tout, mais c'est une éventualité, quand allez-vous commencer l'aventure avec les Fennecs ? Ecoutez, c'est une question de temps, quand j'aurai les épaules assez larges, et le timing sera là, je prendrai ma décision. Je veux dire que lorsqu'on fera appel à moi et tout sera réuni, pourquoi pas, assurément que je serai honoré d'entraîner l'Algérie. Il n'y a pas de date précise et sachez que ça n'a rien à voir avec la présence ou le départ de Gourcuff. Je ne ferai pas ce corbeau ou ce vieux vautour qui attend sa proie pour l'achever et prendre sa place. Il faut respecter Gourcuff et lui donner le temps de réussir. Cet effectif de l'EN fait rêver les meilleurs coach, pas vous... Certes, qu'on voit le potentiel de joueurs qui existent dans cette sélection, on se dit pourquoi pas, c'est un challenge plus qu'intéressant et surtout un devoir de répondre à l'appel du pays. Franchement, des joueurs comme ceux de la sélection donnent envie de travailler avec eux. L'Algérie est passée d'un 4-4-2 à un 4-3-3 contre la Tanzanie, cela a payé bien, puisque l'attaque algérienne a marqué 7 buts, est-ce le système qu'il faut pour cette équipe ? Je ne veux donner de leçons à personne, mais pour moi, il est évident qu'en appliquant un système bien figé et ne pas tenir compte du potentiel, notamment technique des joueurs qu'on a en sélection, ça serait montrer une certaine arrogance et un manque d'humilité dans ce métier là. Je ne suis pas de ce genre de technicien qui apporte avec lui un système de jeu et l'impose, parce qu'il faut s'adapter aux joueurs qu'on possède et aux forces et faiblesses des adversaires. Cela ne signifie pas que c'est un manque de conviction. Le 4-3-3 est finalement le système qui arrange les Verts, ça nous a beaucoup réussi... Les qualités du joueur algérien sont connus de tous : on joue technique, rapide et avec beaucoup de créativité. Lorsqu'on évoque ces qualités-là, on pense à des équipes comme le FC Barcelone, bien sûr avec toutes proportions gardées. Donc, avec les joueurs qu'on possède, on peut jouer le 4-3-3 ou le 4-2-3-1, et au risque de me répéter, je ne veux donner de leçons à personne. Je reviens à dire que la philosophie de jeu est plus importante qu'un système. C'est ma propre vision. Même la défense algérienne n'encaisse pas trop avec une sentinelle devant l'axe de la défense... Vous savez, je me suis toujours dit qu'avec le potentiel qu'on possède, on pouvait jouer facilement et plus efficacement en 4-3-3 avec toujours cette idée de poser des problèmes à nos adversaires plutôt que de penser à chercher comment éviter à ne pas subir ou plutôt comment défendre. Ce système-là est celui qui répond aux profils de nos joueurs. Slimani a atteint 20 buts avec la sélection, il a marqué 4 buts en deux matchs face à la Tanzanie, certains pensent qu'il a sauvé l'Algérie... Très sincèrement et avec tous le respect que je dois aux autres joueurs, au jour d'aujourd'hui, Slimani est le meilleur attaquant algérien. Pas spécialement par rapport à ce qu'il a fait face à la Tanzanie en marquant deux buts au match aller et deux buts au retour, mais pour les qualités exceptionnelles qu'il possède. Il est généreux dans l'effort et perpétuellement en mouvement. Lorsqu'on voit le premier but qu'il donne à Brahimi, on s'aperçoit qu'en plus de ses qualités de buteur, il a une grande vision de jeu et un esprit collectif propre à lui. Son jeu de tête est magnifique, et ne lâche rien, on l'a vu à 5 à 0 lever les bras pour demander le ballon et proposer des solutions pour marquer. Franchement, devant, il tue la concurrence, c'est difficile de détrôner un buteur de sa race. Pour terminer, Djamel, êtes-vous pour le maintien du coach Gourcuff ? Bien sûr, je suis un adepte de la stabilité. Il faut le laisser travailler et ne pas le mettre tout le temps sous pression. Je reviens à dire encore une fois que Raouraoua n'a jamais pris attache avec moi. Si un jour je dois entraîner l'Algérie, cela doit se faire dans les règles de l'art.