Puisqu'ils veulent venir, ferrons-les tous ! L'Algérie va prendre part au mois de juin prochain à sa troisième phase finale de Coupe du monde de son histoire. Après 24 ans d'attente, les Algériens vont enfin se frotter aux plus grandes nations de foot à l'échelle mondiale et démontrer leur véritable valeur. Evidemment, une telle compétition planétaire suscite l'engouement de tout le monde. Que ce soient supporters, entraîneurs ou joueurs, ces derniers voudront marquer cette événement à leur façon. D'ailleurs, depuis quelques semaines maintenant, il ne se passe pas un jour sans qu'on lise dans les journaux deux à trois nouveaux noms de joueurs algériens évoluant à l'étranger, qu'on ne connaissait pas forcément avant, qui veulent désormais intégrer la sélection et participer au Mondial sud-africain avec leur pays d'origine. Il est clair que ça reste un rêve pour tout joueur de disputer au moins une fois dans sa vie une Coupe du monde. Une compétition qui marquera à jamais sa carrière sportive. L'attitude de certains joueurs émigrés peut paraître quelque peu égoïste, dans le sens où ces mêmes éléments n'affichaient pas le même sentiment ni la même volonté à défendre les couleurs de leur pays d'origine auparavant, lorsque le football algérien piétinait et broyait du noir. Certes, le challenge, à présent, paraît captivant et plus tentant, d'où cette ferveur qui entoure l'EN depuis le mois de novembre dernier. Mais au vu du faible niveau que connaît notre championnat local, beaucoup diront qu'il est indispensable pour notre sélection de recourir aux talents formés à l'étranger pour qu'elle puisse suivre la cadence du haut niveau et ne pas fléchir. Cela dit, si des joueurs tels que Chakouri, Fabre, Boudebouz affichent actuellement clairement leur préférence d'évoluer pour l'Algérie, d'autres, cependant, hésitent toujours et ne semblent pas trop emballés à l'idée de rejoindre les Verts, à l'image de Tafer et Belfodil. Ces derniers, longtemps ignorés par les responsables du football national, préfèrent plutôt être redevables envers le pays qui leur a fait confiance depuis leur jeune âge. Isshak Belfodil justement, ce jeune prodige, formé à Lyon, a été convoqué par la FAF à prendre part avec les U20 algériens à la dernière Coupe du monde qui s'est tenue au Nigeria au moins d'octobre passé. Néanmoins, le joueur a préféré décliner l'invitation. Voulant connaître les raisons qui l'ont poussé à refuser l'appel de son pays d'origine, Belfodil dira : «Quand j'avais 14 ans, mon père avait contacté la Fédération algérienne pour que je puisse jouer avec la sélection. Malheureusement, les responsables n'ont pas daigné accorder une quelconque considération à mon père. Je ne vois pas pourquoi maintenant je viendrai.» Afin d'éviter de tels scénarios, ne serait-il pas intéressant de mettre en place une cellule de prospection permanente en Europe, en France plus particulièrement, pour suivre ces jeunes talents dès leur jeune âge et essayer de les convaincre de venir jouer pour l'Algérie, même si ce n'est pas dans l'immédiat ? Durant les années 1980, l'Amicale des Algériens en Europe faisait presque le même boulot et ça a plutôt marché. Les encadreurs algériens en France, ce n'est pas ce qui manque aussi, et des personnes, à l'exemple de Korichi, pourraient s'en charger. F. Saïd ----------------------- Des joueurs émigrés se bousculent pour joueur pour les Verts Puisqu'ils veulent venir, ferrons-les tous ! Pour beaucoup d'Algériens, l'empressement affiché par de nombreux joueurs évoluant à l'étranger pour jouer en sélection algérienne est loin d'être désintéressé. La prochaine participation algérienne à la Coupe du monde de football ne serait pas étrangère à cet engouement trop pressant pour être innocent, à leurs yeux. Il n'est donc pas étonnant, suivant ce point de vue, qu'il y ait des propositions de service même de la part de joueurs qui, il y a quelques semaines, étaient de parfaits inconnus. Le rationnel plutôt que le populisme Faut-il donc crier avec les loups en clouant ces joueurs au pilori pour cause de nationalisme de la dernière heure ? On peut se réduire à cette option démagogique, à la limite du populisme, nourrie par une hiérarchisation absurde des canons du patriotisme, mais elle serait loin de servir le football algérien. Puisqu'il y a du monde qui veut jouer pour l'Algérie, autant en profiter pour «ferrer» le maximum de joueurs ! Ainsi, même si certains d'entre eux feraient les malins en postulant à jouer pour l'Algérie par pur opportunisme, il suffit d'être encore plus malin en les accueillant dans la maison Algérie à bras ouverts, certificats définitifs d'algérianisation faisant foi. En faisant jouer avec le maillot des Verts des jeunes susceptibles d'être «chipés» par des sélections étrangères, ne serait-ce que pour 5 minutes, les responsables algériens les mettraient définitivement dans le giron de l'Algérie et pour le restant de leur carrière, puisque les règlements de la FIFA interdisent tout changement de pays à un joueur ayant joué une fois au moins pour la sélection A d'un pays. Au-delà du Mondial, il faut assurer l'avenir Si on le fait, la qualification de l'Algérie pour la Coupe du monde aura au moins servi à réaliser quelque chose sur le long terme : nous assurer la disponibilité de jeunes joueurs que les sélections de leur pays d'adoption pourraient engager. C'est plus important que les résultats ponctuels des matchs qui attendent les Verts durant le Mondial, car même si la performance algérienne serait mauvaise, dans le pire des cas, on aura eu au moins l'opportunité de s'assurer de bons éléments susceptibles de mener l'Algérie vers de nouvelles conquêtes dans le futur. Cela s'appelle une projection sur l'avenir. C'est également une manière de mettre les joueurs candidats à l'épreuve de leur bonne foi. Comme le dit un vieil adage populaire algérien, on suivrait le menteur jusqu'à chez lui… F. A-S.