Bahmane, la compétence humble L'une des figures emblématiques du football algérien, Abdelkader Bahmane, est mort dans la matinée de lundi à l'age de 73 ans, après avoir souffert de longs mois dans l'anonymat le plus total. Bahmane, qui a eu le mérite de former des générations et des générations d'orées, que ce soit durant son passage au WAT, au NAHD et à l'USMH, a rassemblé la grande foule lors de ses funérailles, à leur tête le wali de la ville ainsi que d'anciens dirigeants, à l'instar de Grari Benyounes, Mami ou Soulimane, sans oublier le groupe actuel widadi, direction, staff et joueurs, et tous ceux qui l'estimaient. Bahmane, la compétence humble Abdelkader Bahmane, un nom qui ne dit certainement pas grand-chose aux nouvelles générations d'Algériens. Pour paraphraser Charles Aznavour, on vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. C'est que l'homme, un peu à cause du poids de l'âge et de la maladie, un peu en raison de la marginalisation des compétences, n'était pas particulièrement sous les feux de la rampe ces dernières années. Il était même –osons le mot- carrément oublié par beaucoup de ceux qui l'ont connu et/ou côtoyé. Humble parmi les humbles, il s'était retiré du monde de football où l'argent, cette denrée accessoire à ses yeux, a pris le pas sur le labeur, la seule notion par laquelle il jurait. Si Bahmane s'était illustré dans les années 70 et 80, c'est parce qu'à cette époque, le labeur était une valeur forte dans le football algérien. Le labeur, qui a été le fondement de l'éclosion, sous sa coupe, de joueurs qui allaient devenir des légendes : Chaâbane Merzekane, Mahmoud Guendouz, Rabah Madjer… Si le NA Hussein Dey avait été le principal pourvoyeur de la sélection nationale, le mérite en revenait, entre autres, à lui. Son abnégation à la formation et son souci permanent de lancer des jeunes n'ont pas été démentis lorsqu'il prit en charge le WA Tlemcen, club qui allait devenir, malgré des moyens limités, un épouvantail pour les supposés grands clubs avec des joueurs qui sont devenus, à présent, des entraîneurs confirmés, tels Abdelkader Amrani et Fouad Bouali. Bahmane, c'était le capitaine qui formait et lançait des bataillons formés de jeunes soldats discrets, voire anonymes, mais terriblement efficaces. Même à l'USM El Harrach, autre club par lequel il est passé, il a laissé sa trace en rajeunissant l'effectif et en lançant des talents en herbe. A présent que le champ de bataille footballistique a été laissé à des néophytes qui ont délaissé la guerre pour son nerf, il s'était retiré à Tlemcen, la ville qui l'a vu grandir. Très peu de gens le savent, mais le défunt Abdelkader Bahmane avait même été un éphémère sélectionneur national par intérim en 1981, dirigeant l'équipe à l'occasion de deux matchs des éliminatoires pour la Coupe du monde 1982. Il a donc eu sa contribution dans la qualification historique pour le Mondial qui s'en est suivie, mais il ne s'en était jamais gargarisé par humilité. Tel était Abdelkader Bahmane, véritable meneur d'hommes, que beaucoup d'hommes ont malheureusement oublié. Allah yerrahmou. F. A-S. Bouraoui président du WAT : «C'était un livre de football» wPrésent en compagnie de tout le groupe widadi, le président Rachid Bouraoui était très ému de perdre l'un des monuments phares du football tlemcénien : «On vient de perdre non seulement un expert du football mais surtout un homme au vrais sens du mot, même s'il était plus connu dans le monde sportif que dans la vie de tous les jours. D'ailleurs, je n'hésite pas à le comparer à un livre de football, tellement il maîtrisait bien son travail». Yahla, ancien président du WAT : «C'est malheureux qu'une légende parte dans l'anonymat» Même s'il n'est plus trop proche de la maison widadie, Abdelkrim Yahla a tenu, malgré tout, à rendre un dernier hommage à Bahmane, qui a collaboré avec lui un certain moment durant la saison 2006-2007 : «C'était une personne qui respire le football, tellement il était passionné par son travail, en offrant au football algérien plusieurs très grands joueurs. Mais il n'a pas eu la fin qu'il méritait vraiment, car on a plus tendance à oublier les gens dès qu'ils disparaissent un peu de la circulation». Djalti : «Il donnait de l'importance même aux plus jeunes» Parmi les anciens joueurs présents à son enterrement et qui ont travaillé sous la coupe de Bahmane, le virevoltant ailier gauche Djalti qui n'a pas oublié l'aide de son ancien coach pour devenir l'un des meilleurs attaquants widadis de tous les temps : «C'était vraiment un grand monsieur, je n'oublierai jamais son geste envers moi. Alors que j'étais encore enfant et que je refusais d'aller m'entraîner, il était venu à la maison pour m'offrir une paire de chaussures de foot. Ce qui m'a vraiment ému et j'ai décidé de me donner à fond. C'est vous dire qu'il donnait de l'importance, même aux jeunes, pourvu qu'ils assurent la relève».