En 1975, Bahmane avait déclaré : «Je quitte l'USMMC pour continuer mon apprentissage avec Snella .» Le décès de Abdelkader Bahmane, ancien entraineur de l'USMMC, a provoqué une grande consternation dans le milieu sportif harrachi. Sitôt la nouvelle tombée, nombreux parmi les anciens joueurs, dirigeants et supporters nous ont fait part de leur profonde peine tant le défunt a marqué de son empreinte son passage à l'USMMC et tous ceux qui l'ont connu reconnaissent en lui un technicien de grande envergure qui a, grâce à ses compétences, beaucoup donné et surtout contribué à la réussite du club harrachi. Mieux, c'est durant ses quatre années de présence à la tête de la barre technique que l'USMH a connu ses meilleurs moments. Quatre ans de travail couronnés par deux titres. La Coupe d'Algérie remportée haut la main en 1974 contre le WAT, le club de sa ville natale, et une accession en première Division 1 année plus tard. Bahmane et l'USMMC liés par l'histoire Le nom de Bahmane est donc lié avec l'histoire du club harrachi. Une histoire qui a débuté en août 1971 alors que l'USMMC venait de monter en deuxième division. Après avoir fait accéder le club harrachi, Ali Benfaddah a quitté l'USMMC pour rejoindre le MCA. Dès lors le poste d'entraîneur était resté vacant. Après avoir contacté plusieurs techniciens , Abdelkader Mana, l'ancien président de l'USMMC, a jeté son dévolu sur Abdelkader Bahmane qui venait de terminer un stage d'entraîneur au CREPS. C'est donc à l'USMMC que Bahmane, l'ancien footballeur alors âgé de 33 ans, a entamé sa carrière d'entraîneur. Mais il faut dire que ce technicien a hérité d'une équipe composée d'une pléiade de jeunes joueurs formés au club et finaliste de la Coupe d'Algérie juniors et qui ont pour nom Rachid Kabri, Nasreddine Salmi, Amar Medjereb, Mustapha Mokore, Abderahmane Hadjeloun, Belkacem Tahar ainsi que d'autres éléments plus expérimentés tels que Mustapha Ramit, El Hachemi Bougouffa, Azeddine Annani, Hamid Meraiki, Diab, Allel Djebli, Norredine Mechta, Mohamed Hamoui, Abdelkader, Bachir Zitoun, Rabah Lahcène, Hebbache, Saïd Allik et bien d'autres qui ont contribué à ces deux titres remportés sous sa houlette. ----------------------- * En 1975, il avait déclaré «Je quitte l'USMMC pour continuer mon apprentissage avec Snella» Après avoir assuré l'accession à l'USMMC, Abdelkader Bahmane quittera la barre technique du club harrachi en juillet 1975 pour rejoindre le NAHD. Un départ inattendu, faut-il le préciser, mais le défunt a su convaincre tous les Harrachis. On s'en souvient de cette fameuse déclaration à la presse pour justifier son départ de l'USMMC : «Si je quitte l'USMMC, ce n'est sûrement pas pour des raisons financières, mais c'est pour continuer mon apprentissage avec Snella.» En fait, tous les anciens reconnaissent en lui sa grande ambition et son amour pour ce métier d'entraîneur. Le défunt a donc rejoint le staff technique du NAHD qui avait à sa tête Jean Snella, ancien entraîneur de l'équipe de France mondialiste en 1958, considéré à l'époque comme le plus grand technicien français. C'est sous sa houlette que Bahmane a poursuivi son apprentissage pour devenir quelques années plus tard l'un des entraîneurs les plus compétents en Algérie. Il est revenu à l'USMH à deux reprises Quelques années plus tard après son départ de l'USMMC, Bahmane est revenu à deux reprises à El Harrach. D'abord, en 1989, puis en 2002. Il avait dirigé l'équipe harrachie lors de la saison 1989-90. Il avait réussi une belle saison avec en main des éléments tels que Lounici, Boutaleb, Djaâdi, Badji, M. Rahem, Bechouche, Herabi , Ifticen, Meziani , Nouri, ainsi que d'autres. Il est encore revenu douze ans plus tard à la barre technique de l'USMH où il est resté quelques mois seulement. Mais là, il est venu à la rescousse pour pallier le départ de Brahim Ramdani en plein milieu de saison. C'était sa dernière saison à la tête de la barre technique de l'USMH. Son modèle, le jeu brésilien Feu Bahmane était de ceux qui privilégient le football offensif. Sous sa houlette, jamais son équipe ne jouait défensivement. Il tirait sa culture tactique du football brésilien pour lequel il avait une grande admiration. Aussi, il s'inspirait de Zagalo, l'ancien entraîneur de la grande équipe nationale brésilienne championne du monde en 1970 et qui est aussi le créateur du 4-4-2. Le premier entraîneur algérien à avoir appliqué le 4-4-2 Le défunt Bahmane est, de l'avis de plusieurs anciens spécialistes de la balle ronde et notamment les anciens joueurs de l'USMMC, le premier entraîneur algérien à avoir appliqué la stratégie du 4-4-2. «En 74-75, je me rappelle qu'on avait joué durant toute la saison avec quatre hommes au milieu du terrain, dont deux à vocation offensive en plus des deux attaquants. Ce qui fait que étions toujours en surnombre dans la zone défensive de l'équipe adverse. Cela nous a permis non seulement de réaliser largement l'objectif d'accession, mais d'avoir aussi la meilleure attaque du championnat», nous disait Tahar Belkacem, l'ancien stratège de l'USMMC. * Mana : «Bahmane n'était pas un simple entraîneur, mais un monument du football» Pour avoir l'avis de ceux qui, parmi les anciens, l'ont connu à El Harrach, nous avons joint hier matin Abdelkader Mana, l'ancien président de l'USMMC, qui fut à l'origine de sa venue à El Harrach : «Bahmane, pour moi, n'est pas un simple entraîneur, mais un monument du football qui a marqué de son empreinte le football en Algérie d'une manière générale et à El Harrach en particulier. L'USMMC lui doit beaucoup, tant il a énormément donné et contribué à la réussite de l'USMMC. C'est aussi grâce à lui que le club a connu une grande dimension. Lui et moi étions étroitement liés. Il avait carte blanche dans tout ce qui touche le domaine technique. Il jouissait de l'estime de tous les anciens sportifs qui lui vouait aussi un grand respect. Il n'était pas un simple entraîneur, mais aussi un grand formateur. Il n'a jamais été impressionné par les grands noms de joueurs et encore moins par les grandes équipes. Sa devise était : Travail, Rigueur et Discipline.» * L'hommage des anciens joueurs Mohamed Rahem«Même si j'étais le chouchou de l'équipe, il me faisait marcher à la baguette» Lors de son passage à El Harrach en 90, il avait redonné une meilleure image à l'équipe en instaurant une discipline de fer. Mohamed Rahem, qui avait tout juste 20 ans, le seul international de l'USMH et l'un des meilleurs espoirs du football algérien, s'en rappelle : «Avec Bahmane, j'ai appris ce que veut dire la rigueur et la discipline. Pourtant j'étais le chouchou de l'équipe, mais il ne m'a jamais toléré la moindre erreur. Aux entraînements, il était très ponctuel. Pour étayer mes propos, je vous raconte une petite anecdote qui m'est arrivée avec lui. Une fois, il venait d'entamer la séance d'entraînement. Tous les joueurs étaient présents, mais je suis arrivé avec un quart d'heure de retard. De loin, il m'avait vu entrer dans les vestiaires pour me mettre en tenue. Il n'a rien dit. Après avoir mis ma tenue, je suis allé le voir pour justifier mon retard avant d'entamer la séance. Il m'avait dit : “Jeune, je peux savoir qui êtes-vous ?“ Surpris par cette question, je lui ai répondu : «Coach, vous plaisantez je suppose, mais je suis Rahem, joueur de l'USMH et de l'équipe nationale !“ Il m'a renvoyé en me disant : «Puisque tu es Rahem l'international va t'entraîner avec Kermali.“ Depuis ce jour, j'ai compris que discipline et rigueur ne sont pas un vain mot chez Bahmane. Que Dieu ait son âme !» * Tahar Belkacem : «C'était l'un des meilleurs entraîneurs algériens de tous les temps» De son côté, l'ancien meneur de jeu, Tahar Belkacem, que nous avons joint hier en milieu de journée nous a déclaré : «C'était un grand entraîneur, je dirai que c'est l'un des meilleurs que l'Algérie ait jamais possédé. J'ai travaillé durant quatre ans sous sa coupe et, croyez-moi, ce n'était pas facile de résister au volume de travail qu'il nous faisait subir. Bahmane, que Dieu ait son âme, était non seulement un grand bosseur, mais aussi un grand tacticien.»