Deux entraîneurs étrangers ont marqué l'histoire du derby algérois entre le Mouloudia et l'USMA. Il s‘agit de Robert Nouzaret et Rolland Courbis. Les deux entraîneurs ont laissé leurs empreintes au point où les inconditionnels des deux clubs évoquent leurs noms. Robert Nouzaret était à deux doigts de battre l'USMA en 2005 et même en infériorité numérique, n'était la grosse bourde du défenseur Rafik Boudiaf dans le temps additionnel, lorsque le Nigérian Michael Eneramo avait égalisé. Suspendu, Nouzaret avait suivi la partie de la tribune officielle et, en seconde période, il avait appelé les supporters du Mouloudia à se lever pour encourager leur équipe. Rolland Courbis, c'est un peu particulier. Il a en effet mis fin à la suprématie mouloudéenne en finale de coupe d'Algérie en leur infligeant une défaite historique, le 1er mai 2013. Voici leurs paroles. --------------------------------------- Nouzaret : «On est les favoris, donc on gagnera 2-1» M. Nouzaret, si on vous demandait de nous parler du match MCA-USMA... Ah ! C'est votre grand match (rire). C'est le match phare du championnat d'Algérie. Je me souviens qu'au Mouloudia, on m'avait parlé de ce match bien avant son déroulement et j'avais confirmé cela le jour J. C'est un grand match où il y a le spectacle, l'ambiance, l'intensité, la volonté de gagner et notamment des gradins bien garnis. Vous suivez toujours le Mouloudia, votre ancienne équipe... Oui, à vrai dire, je ne regarde pas ses matchs, mais je regarde toujours les résultats et même le classement. Je suis content car ces deux dernières années, le club se trouve en haut du classement, c'est une bonne chose. Comment peut-on préparer un tel rendez-vous ? Ecoutez ! Chacun a une manière de préparer un tel match. Je peux vous dire que c'est le match le plus facile à préparer. Après, il faut avoir une idée sur la qualité de l'effectif. Dans le cas où on a des joueurs d'expérience, on peut se préparer en ouvrant les portes au public car les joueurs n'ont pas peur de la pression. Si on a des joueurs qui trouvent des difficultés, il vaut mieux fermer les entraînements. Chaque entraîneur connaît ses joueurs. Pourquoi ce match est facile à préparer ? Oui, il est facile car comme entraîneur, on n'a pas besoin de motiver les joueurs. Les joueurs sont hyper motivés à tout donner. Les joueurs veulent tous remporter ce derby car il y a le prestige en jeu. Le derby, c'est la motivation. Gardez-vous des souvenirs du fameux derby de 2005 ? Oui, bien sûr. Je n'oublierai jamais cette soirée au stade du 5-Juillet, qui était plein à craquer. On n'avait pas gagné, on était sur le point de gagner avant de concéder le but égalisateur dans le temps additionnel. Je me souviens que c'était à cause d'un de mes joueurs. Vous parlez du défenseur Boudiaf... Oui, il avait commis une erreur sur la touche et puis nous avions encaissé le but égalisateur. On avait fait un grand match ce jour-là, mais dommage ! Je me souviens aussi que nous avions joué pendant presque une heure de jeu en infériorité numérique (Ndlr : expulsion de Sofiane Belaïd). On garde aussi un souvenir de vous appelant les supporters à se lever et encourager l'équipe, en faisant tournoyer l'écharpe du club... (Rires.) Oui, tout le monde me parle de cette séquence. C'était en direct à la télévision. J'avais lancé un appel aux supporters du Mouloudia pour encourager leur équipe. On avait besoin d'eux. On menait au score mais on était dominés, il fallait encourager leur équipe. Une pression particulière dans cette affiche ? Non pas du tout. Moi je suis quelqu'un qui aime les supporters, notamment ceux du Mouloudia qui m'ont laissé une très bonne impression avec leur attachement au club. Ce sont des supporters à l'européenne. En plus, pour le seul derby que j'ai dirigé en 2005, c'est l'USMA qui était le favori et non pas le Mouloudia. Donc, il y avait cette idée de créer la surprise et on avait réussi cela car tout le monde avait donné l'USMA comme favori. Parlons du match de ce mardi, le Mouloudia a-t-il les moyens de battre l'USMA ? Evidemment. Je n'ai pas regardé ses matchs, mais lorsqu'on voit les résultats des deux équipes, je pense que le Mouloudia peut gagner. L'USMA traverse une situation difficile certes, mais il faut savoir que c'est un derby très indécis. On ne peut jamais prédire quoi que ce soit. Ça risque même de se jouer sur un détail. Un conseil aux joueurs et un appel aux supporters... Mon conseil aux joueurs est de jouer calmement, de ne pas se précipiter, mais avec vitesse et rapidité. Il faut faire plaisir aux supporters. Pour ces derniers, je ne doute pas de l'amour au club, d'ailleurs en quittant le Mouloudia, j'avais regretté ses supporters. Je leur demande de remplir le stade et de soutenir leur équipe. --------------------------------------- Courbis : «Le Mouloudia favori ! Ça ne veut rien dire» Alors coach Rolland, le derby MCA-USMA se tiendra demain, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Je pense que c'est le match le plus important de l'histoire du football algérien. Il y a beaucoup de derbys en Algérie, mais celui-ci est particulier. Ça ne concerne pas deux clubs de la même ville, mais deux clubs du même quartier, parfois dans la même famille même. C'est un peu spécial. J'apprécie beaucoup cette affiche. J'espère que ça ne se jouera plus à Bologhine. Non, il aura lieu au stade du 5-Juillet... Ok, parce que j'avais appris qu'on avait proposé Bologhine pour faire jouer le match. Je pense que ç'aurait été une grosse erreur de le faire jouer dans un petit stade. Pour ce match, il n'y a qu'un seul stade qui peut l'abriter, le 5-Juillet ou, au pire des cas, Blida. Moi, lorsque j'étais coach de l'USMA, j'avais donné mon avis au président, une fois, ce n'est pas possible de le faire jouer dans un autre stade. Le match ne se joue plus à Bologhine depuis 1995. A l'époque, les autorités avaient décidé de le domicilier au 5-Juillet... Tant mieux alors car pour voir le spectacle, il faut le stade Olympique. Pour moi, c'est une décision sage. Vous avez l'expérience de cette affiche à laquelle vous avez participé trois fois avec l'USMA. Que représente le match en lui-même ? Ecoutez ! Il y a certes trois points en jeu, mais il y a aussi le volet psychologique. Si on gagne ce match, les choses s'arrangeront d'elles-mêmes. En cas de défaite, c'est la crise. Un tel match peut changer les données pour toute la saison, pas uniquement une petite période. L'USMA traverse un passage à vide... Oui, un passage à vide dû aux résultats, mais aussi par rapport au calendrier. L'USMA a beaucoup de matchs en retard. J'ai vu le match de la Champions League face au WAC, ça s'est joué à peu de chose. Il n'y avait pas une grande différence entre l'USMA et le WAC, qui est le champion d'Afrique. Puis il faut dire aussi que ce derby a été repoussé à maintes reprises. Mais le voisin se porte plutôt mieux que l'USMA... C'est vrai que le Mouloudia se porte mieux que l'USMA et donc c'est le favori. Mais dans ce derby, le fait d'être favori ne veut rien dire. Il ne faut pas oublier cela. Donc, si l'USMA gagne, elle pourra sortir de cette mauvaise passe... Absolument. Je vous l'ai dit. La victoire lors du derby change beaucoup de choses et beaucoup de données. Gardez-vous des souvenirs du derby ? Oui, évidemment. Je ne pourrais jamais oublier cette finale de Coupe d'Algérie où le Mouloudia était le favori, mais que nous avions battu. Je suis resté très attaché à cette affiche. Comment aviez-vous préparé ce derby ? Calmement, tranquillement et sereinement. C'est un match où il faut miser sur l'aspect psychologique pour que les joueurs soient dans le match le jour J. Peut-on comparer ce match à PSG-OM ? Non, car il y a plus de 600 km entre Paris et Marseille. Peut-être que c'est au niveau de la motivation, l'enjeu et surtout la rivalité. Sinon, ça n'a rien à voir. Les joueurs de l'USMA sont décidément dos au mur... Oui, c'est vrai. Ils doivent gagner. Ils sont dans l'obligation de gagner et ils peuvent le faire car ça ne veut rien dire que le Mouloudia soit favori. C'est vrai, les résultats du Mouloudia sont meilleurs que ceux de l'USMA, mais dans un derby, c'est autre chose. Votre pronostic ? Je pense que ce sera un match nul, un but partout, car chacune des équipes tentera d'éviter la défaite.