Un drame footballistique a eu lieu en Algérie. L'arme du crime ? Une gestion catastrophique même pas digne d'un club amateur. Le lieu ? Belouizdad, un des quartiers populaires de la capitale. Samedi 11 août 2018, vieux et jeunes attendaient tranquillement le début du championnat pour découvrir le nouveau visage de leur équipe qui a subi énormément de changements tant au niveau de l'effectif que de la barre technique. L'évènement est de taille pour des supporters préoccupés par cette histoire de dettes et de forfait. Plusieurs centaines se sont regroupés autour du stade tout en gardant un œil attentif à ce qui se passe au niveau de la ligue où Chettouf, Amamra et Bakhti tentaient de régler la situation. Une dernière tentative vaine puisque personne n'était à l'accueil de ces trois derniers. Le CRB déclare donc forfait. Il perd le match sur tapis vert et risque aussi une défalcation de trois points. La saison, qui s'annonçait déjà difficile, s'est davantage compliquée. Les accusés ? Bouhafs, le conseil d'administration ainsi que le club sportif amateur. Bouhafs Décembre 2013, Hadj Mohamed Bouhafs est présenté en grandes pompes comme étant le sauveur du Chabab de Belouizdad. Plusieurs dirigeants, principalement les anti-Malek, font sa promotion dans les quartiers de Belouizdad. De grosses pressions sont exercées sur l'homme à la mèche blonde pour céder ses actions. Quelques mois après son investiture, Bouhafs gagne son premier titre et récolte, non pas les fruits de son travail, mais celui de son prédécesseur qui a avait mis plusieurs saisons pour construire cet effectif qui allait ramener, après son départ, la septième consécration en Coupe d'Algérie. Cette consécration aura été la dernière réussite du CRB qui, par la suite, va enchaîner les déboires, tant sportivement qu'administrativement. Bouhafs en est pour beaucoup. Il précipite le départ des cadres du vestiaire lors de l'été 2017. Bouazza, Yahia-Chérif, Cheurfaoui et d'autres vont monnayer leur talent ailleurs. Un an plus tard, c'est au tour de Draoui et les autres d'être poussés vers la sortie. Deux mercatos durant lesquels le CRB a accumulé 12 milliards de dettes. Malgré le risque de ne pas débuter le championnat, Bouhafs prend les choses à la légère. Il ne se donne même pas la peine d'aller voir le président de la LFP, lui qui a pourtant récupéré un chèque de 500 millions comme avance sur les droits TV. Conseil d'administration Peut-on réellement parler d'un conseil d'administration ? Sur le papier, il existe et il est composé de six personnes dont les anciens présidents Azzedine Gana et Réda Malek. Mais depuis la venue de Hadj Mohamed, aucune réunion n'a été tenue, ni pour faire les bilans, ni pour trouver des solutions aux problèmes que rencontre le club. Hadj Mohamed fait cavalier seul au milieu d'une administration absente. Ce vide va laisser de la place à certaines personnes malintentionnées et incompétentes qui vont venir entourer Hadj Mohamed. De cet entourage ne résultera que les mauvaises décisions et les erreurs de gestion. Le Chabab de Belouizdad, qui avait la possibilité de changer de dimension après les retombées financières de la Coupe d'Algérie, se retrouve sans un sous quelques mois après. Tout le monde se demande où est parti cet argent, surtout quand on sait que ni les anciens joueurs n'avaient reçu leurs arriérés, ni les nouveaux n'avaient été payés. L'épisode des dettes a aussi été marqué par l'absence totale des membres du CA. Personne n'est venu apporter une quelconque aide. Pourtant, quelques jours avant, certains ont fait une sortie médiatique pour dire qu'ils sont prêts à revenir à la tête du club si l'état donne des garanties. Le club sportif amateur Derrière le miroir sans tain, contre le mur des suspects, les silhouettes des membres du club sportif amateur qui ont, pendant ces dernières semaines, crier haut et fort qu'ils sont derrière l'équipe et qu'ils soutiennent la SSPA. Leur venue à Tlemcen lors du dernier stage de préparation était d'ailleurs dans ce sens. Pourtant, aucune démarche n'a été entreprise au moment où il fallait mettre la main à la poche pour éviter au club une sanction administrative et surtout sportive. On a laissé faire alors qu'il y avait moyen de régler les 4 milliards de dettes puisque le wali d'Alger avait remis dernièrement un chèque de 4 milliards au CSA. Somme d'argent qui était destinée à la section football et qui n'a pas été investie dans ce sens. On tente d'expliquer cela par le fait que les comptes du club soient bloqués. Mais réellement, il n'y avait pas d'autres moyens pour transférer cette somme dans le compte de la LFP. Comment demander à ce que le chèque soit écrit au nom de l'instance dirigée par Abdelkrim Medouar ou carrément endosser le chèque au nom de la LFP ?
Il ne ferme pas la porte devant un départ... Chérif El-Ouazzani : «Un départ ? Tout est possible mais je serai présent lors de la reprise» Ces dernières heures, beaucoup de choses ont été dites concernant l'avenir de Chérif El-Ouazzani. Le technicien belouizdadi serait très proche d'un départ dans les toutes prochaines heures. Interrogé dans ce sens, le concerné n'a pas fermé la porte devant un départ : « J'avais déjà dit que les conditions n'étaient pas favorables à la continuité. En plus d'avoir un effectif limité sur le plan qualitatif, on va devoir gérer les sanctions sportives liées au retard de paiement des dettes. Sincèrement, j'ai beaucoup pensé à mon avenir ces dernières heures. Mais bon, je vais tout de même assurer la reprise des entraînements. On verra ce qui se passera après.» islam Tazibt
APC-Belouizdad/CSA : entre crédibilité et utopie Le club sportif amateur a annoncé, hier après-midi, une réunion de ses membres pour mettre fin au règne de Bouhafs et surtout pour préparer le terrain devant les investisseurs annoncées, samedi dernier, par Mohamed Amamra, le président de l'APC de Belouizdad. Une démarche qui pousse plus d'un à se poser des questions : le CSA a-t-il les prérogatives pour dissoudre la SSPA sans passer par la justice ? Veut-on réellement destituer Bouhafs de son poste ou est-ce seulement une machination pour discréditer Mohamed Amamra et pour vendre du rêve aux supporters ? Sans accuser personne, certaines manœuvres ressemblent plus à une guerre de crédibilité qu'à une réelle démarche pour régler la situation. De leur côté, les supporters ne savent plus qui croire. Mais tous rêvent de la venue d'un nouveau sponsor qui mettrait fin à toutes les difficultés financières que connaît le club.
Hadj Mohamed : «Chettouf est responsable de la situation» Il n'a pas été épargné par les supporters, le président de l'APC ainsi que plusieurs autres responsables du Chabab. Hadj Mohamed Bouhafs, que nous avons joint hier, a répondu à ces accusations : «Chettouf est responsable de la situation actuelle. Il a récupéré un chèque du wali qui était destiné à la section football, mais il a préféré le garder de côté pour me faire du mal. Mais c'est au CRB qu'il a fait le plus mal. Avec ce chèque, il devait payer les dettes de la CRL et permettre au club de jouer son premier match. Et non pas faire le tour des plateaux télé.» «L'APC de Belouizdad est notre partenaire et Amamra a été un peu loin» Le premier responsable du Chabab de Belouizdad a aussi répondu à Mohamed Amamra qui avait déclaré samedi dernier que les responsables de la SSPA ainsi que ceux du CSA doivent tous partir. « L'APC de Belouizdad est notre partenaire. On a toujours eu de bonnes relations avec les responsables de la commune mais je pense que M. Mohamed Amamra a été un peu loin dans ses déclarations. Je comprends tout à fait sa déception e mais c'est ensemble qu'on doit trouver des solutions, et non pas en se tirant dessus», a-t-il déclaré. «Chettouf et le CSA ont tout fait pour salir mon image auprès des supporters» Enfin, les supporters ont eux-aussi exigé un départ imminent du président en l'accusant notamment d'être derrière tous les maux qui touchent actuellement le CRB. Interrogé dans ce sens, Bouhafs a répondu : «Je partage la déception des supporters et leur colère aussi mais ils doivent savoir qu'ils ont été manipulés contre moi. Comme je l'ai dit, le CSA a récupéré un chèque qui devait régler les problèmes du club mais au lieu de ça, on a préféré faire du mal à Bouhafs quitte à causer du tort au club.»
Chettouf : «On s'est réunis pour démettre Bouhafs de ses fonctions et préparer le terrain devant les nouveaux investisseurs» Les membres du club sportif amateur se sont réunis, hier après-midi à Bab Ezzouar, pour dissoudre la SSPA CRB/Atlethic et préparer le terrain devant la venue des investisseurs annoncés par Mohamed Amamra, le président de l'APC de Belouizdad. Dans ce sens, Karim Chettouf nous a déclaré : «On s'est réunis en urgence pour enlever la confiance à Bouhafs et ainsi préparer le terrain devant les investisseurs annoncés par Mohamed Amamra. D'ailleurs, on l'a contacté pour demander à ces sociétés de se présenter dans les plus brefs délais afin de prendre les rênes de la SSPA.»
