Dans un long entretien accordé au Buteur, Djamel Menad fait le tour de l'actualité et parle de l'EN, du tirage au sort de la CAN-2019, du retour d'Omar Ghrib au Mouloudia. Il revient aussi sur ce qui s'était passé lors de la finale de la Coupe d'Algérie de 2013 perdue contre l'USM Alger. Tout d'abord, on vous remercie d'avoir accepté de nous accorder cette interview et de bien vouloir répondre à nos questions… C'est moi que vous remercie d'avoir pensé à moi. C'est toujours avec un grand plaisir que je réponds aux sollicitations du Buteur et d'El Heddaf. Commençons, si vous le voulez bien, par l'évènement du moment, à savoir le tirage au sort de la CAN-2019. Quelle lecture faites-vous du groupe dont a hérité l'EN ? Je pense que l'EN a hérité d'un groupe plus ou moins difficile. Certes, on connaît un peu nos adversaires, le Sénégal, le Kenya et la Tanzanie, mais il faut avouer que nous n'avons pas beaucoup d'informations sur eux. A l'exception du Sénégal qui reste une sélection connue dans le continent africain. On ne sait pas si l'effectif du Kenya est composé de joueurs issus du championnat local ou bien qui évoluent à l'étranger. Pour ce qui est de la Tanzanie, nous avons déjà eu l'occasion de la jouer par le passé. Il ne faut pas sous-estimer ce genre d'adversaire. Après, je dois dire que c'est le début qui est décisif dans ce genre de compétition. Si vous gagnez vos deux premiers matchs, vous êtes alors automatiquement qualifiés pour les 8es de finale. En parlant du Kenya, par exemple, le sélectionneur national, Djamel Belmadi, pourrait avoir recours à l'expérience de Adel Amrouche avec cette sélection… Oui, Djamel Belmadi peut contacter Amrouche qui a déjà entraîné le Kenya par le passé, pour avoir plus d'informations sur cet adversaire. Après, peut-être que l'équipe actuelle du Kenya a changé par rapport à celle qu'entraînait Adel Amrouche. Le fait d'éviter d'affronter le Sénégal en premier match serait peut-être un avantage pour les Verts, n'est-ce pas ? Je pense que le plus important pour notre sélection serait de pense à passer le cap du premier tour de la CAN. C'est dans cette optique que le sélectionneur national doit préparer ses joueurs. Du coup, il va falloir jouer pour gagner tous les matchs, pour terminer à la première place du groupe. Cela permettra aux Verts de rester dans leur camp de base et de ne pas changer de ville. Vous savez, c'est un détail qui a son importance dans ce genre de compétition. Pensez-vous que l'EN a les moyens d'atteindre l'objectif des demi-finales de la CAN ? Sur un plan individuel, l'EN est l'une des meilleures sélections du continent. Quand vous prenez les joueurs de l'EN et que vous voyez les clubs dans lesquels ils évoluent en Europe, vous vous dites qu'on peut remporter la CAN. Mais la différence est réside dans le fait que notre sélection est imprévisible. Après, pour moi, tout dépendra du premier match de cette CAN. Les premiers matchs d'une telle compétition sont très importants. Pour moi, ce sont des matchs décisifs. Personnellement, il m'est difficile de faire le moindre pronostic là-dessus. L'EN est tellement imprévisible qu'elle peut faire un très grand match contre une grande sélection, comme elle peut passer complètement à côté face à un adversaire très modeste. Un mot sur les conditions dans lesquelles se déroulera ce tournoi, entre autres le climat ? Il s'agit de paramètres qu'il faut prendre en considération car ils peuvent avoir leur influence sur le joueur algérien dans un tournoi aussi important que la CAN. Comme vous l'avez si bien soulevé, ce tournoi se déroulera, pour la première fois, à la fin de la saison. Du coup, les joueurs sortiront d'une grosse saison avec leurs clubs. Il faudra donc bien les maintenir en forme. Il y a aussi l'aspect psychologique qui a son importance dans un tournoi pareil. Vous savez, à une telle période de la saison, le joueur pense parfois à ses vacances, lui qui avait connu une longue saison en club. Donc, c'est à Belmadi de les maintenir sous pression. Et pourquoi pas décrocher une seconde étoile africaine dans le contexte actuel que tarverse le pays. Vous attendez-vous à des surprises dans la liste de Belmadi pour la CAN ? Je pense que Belmadi tient sa liste pour la CAN dans sa tête. Il a une idée sur la plupart des joueurs. Il a aussi une idée sur les joueurs avec lesquels il débutera la CAN. Je ne pense pas que Belmadi convoquera des joueurs qui n'ont jamais joué en sélection. Après, il y a des critères de sélection. Il prendra sans doute en considération la valeur technique et morale des joueurs pour faire ses choix de sélection. Pour certains, l'expérience est un facteur important dans une compétition comme la CAN. Ne craignez-vous pas que cela risque d'influer sur le rendement de certains joueurs comme Bounedjah et Belaili qui n'ont jamais disputé une CAN ? Si on parle par exemple de Belaili, il a déjà participé à une compétition africaine avec l'EST. Cela pourrait lui servir d'expérience continentale, lui qui est champion d'Afrique avec l'Espérance. La difficulté sera beaucoup plus pour les joueurs qui n'ont jamais évolué en Afrique. Mais tout dépendra de l'aspect psychologique. Quels sont vos favoris pour la finale de la CAN ? C'est une question dont la réponse est vraiment difficile. Parlons maintenant du Mouloudia d'Alger et du retour d'Omar Ghrib au club. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? On dirait que tous les problèmes du Mouloudia d'Alger se résument au départ de Kaci-Saïd puis au retour d'Omar Ghrib, et vice-versa ; le départ de Ghrib puis le retour de Kaci-Saïd. Il faut donc trouver une solution finale à ce grand club. Après, pour répondre à votre question, j'ai déjà travaillé avec Omar Ghrib lors de la saison 2012/2013. A l'époque, les choses fonctionnaient très bien. Moi je faisais mon travail sur le plan technique, Omar faisait le sien sur le plan administratif. Nous avons atteint la finale de la Coupe d'Algérie. Là, vous me donnez l'occasion de revenir sur ce qui s'était passé lors de cette finale. Allez-y… Avec tout le respect que j'ai pour l'USMA à ses supporters, nous aurions pu remporter cette finale. Mais il y a eu ce qu'il y avait eu. Déjà. Bien avant la finale, il y a avait eu un travail de coulisse, et je savais bien que nous n'allions pas gagner ce match. Qu'est-ce qui vous fait dire que ça s'était déjà joué dans les coulisses ? Il y a des signes qui ne trompent pas. Par exemple, des personnes sont venues dire à Omar Ghrib d'emmener l'équipe à l'hôtel Sheraton pour préparer cette finale face à l'USMA. Ensuite, comment se fait-il que Haimoudi, qui participait à un séminaire au Maroc, a été convoqué pour arbitrer la finale ? Des années après, Omar m'a dit que Haimoudi l'avait appelé de La Mecque pour lui demander pardon. «Pardon, j'étais injuste avec vous.» On nous a aussi privés du championnat cette année-là. Que pensez-vous des dernières déclarations du président de l'USM Annaba, Zaim ? Il n'est pas le seul à avoir dit de telles choses. Plusieurs dirigeants ont fait ce genre de déclarations avant lui, mais sans qu'il n'y ait la moindre réaction. Dans le football algérien, ce genre de pratique est malheureusement est devenue ordinaire. C'est d'ailleurs en toute impunité qu'un président de club a déclaré dans une AG de la LFP que tous les présidents de club ont acheté des matchs. Moi je dirais qu'il y a des doutes sur tous les titres remportés par nos clubs depuis le début des années 90. Il y a aussi les déclarations du président de la JSK, Mellal… (Il nous interrompt) Vous savez, Mellal dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je ne suis pas son avocat, mais Mellal est en train de dire des vérités. Mellal a raison, ses déclarations illustrent son amour pour son pays, pour son club et sa région. Personnellement, je le soutiens. Hormis cette finale de coupe perdue face à l'USMA, avez-vous été victime du jeu de coulisses dans d'autres rencontres ? Bien sûr, pas seulement avec le Mouloudia. Même lorsque j'entrainais la JSMB ou le CRB. A maintes reprises, je préparais mes matchs, avant qu'un arbitre vienne détruire tout ce travail. C'est malheureux, mais c'est comme ça. Peut-ont dire que Menad était visé en 2013 ? J'étais visé depuis des années. Peut-être même depuis le début de ma carrière d'entraîneur. Moi, je n'ai pas dans mon calepin les numéros de téléphone des arbitres. Je n'ai jamais contacté un arbitre, un dirigeant ou demandé à mon président de négocier un match. Je ne peux pas avoir recours à ce genre de pratique. Je voudrais ajouter une chose… Allez-y… Il faut que ces anciens réflexes disparaissent à tout jamais de notre football. Il faut faire appel aux compétences et aux gens propres et honnêtes. Il faut nettoyer l'entourage.