Hocine Yahi a toujours cultivé l'élégance, aussi bien dans le jeu quand il évoluait sous le maillot du CRB (et de l'EN) que celle du verbe. Depuis cinq mois, il occupe le poste de coach du WAB, un club qui a connu une certaine gloire avant de rétrograder en DNA. Rencontre avec un gentleman du football. Le Soir d'Algérie : Que devient Hocine Yahi ? Hocine Yahi : Depuis cinq mois déjà, je suis l'entraîneur du Widad de Boufarik qui évolue en division amateur. Ce club m'a engagé pour une mission kamikaze. Une mission kamikaze, c'est risqué ? L'équipe occupait la dernière place avec neuf rencontres et neuf défaites et aucun but marqué. Aujourd'hui et depuis mon arrivée, le club s'est hissé au milieu du tableau et je pense que c'était une mission risquée mais Dieu merci, j'ai rempli mon contrat et Boufarik n'est plus menacé de relégation. En tant qu'ancien international ayant déjà participé à des Coupes d'Afrique des nations, que pensez-vous du tirage au sort de la prochaine Can pour l'Algérie avec le Sénégal, la Tanzanie et le Kenya ? C'est un tirage équilibré. Le Sénégal figure parmi les bonnes équipes de cette phase finale. Le Kenya et la Tanzanie sont des adversaires qu'il ne faut pas sous-estimer. Il faut les respecter tout simplement. La Can se déroulera au mois de juin en Egypte. Ne croyez-vous pas que la chaleur peut handicaper l'Algérie avec ses pros qui évoluent en Europe ? C'est vrai qu'au mois de juin, il y a l'élément chaleur et d'habitude les pros sont au repos au cours de cette période. Mais c'est au staff technique et médical de savoir gérer ces paramètres. Djamel belmadi, est-il le bon choix pour l'Algérie selon vous ? Belmadi est un coach très intelligent. C'est un gagneur ? Oui, quand je dis intelligent, il y a tout. C'est un gagneur, un bosseur. Moi, je le respecte beaucoup et je vois qu'il a les capacités pour faire un bon parcours et réussir avec la sélection. On ne peut pas discuter avec vous sans évoquer le CRB où vous avez effectué votre carrière de joueur. Le Chabab est en demi-finale mais lutte pour éviter la relégation. Je suis très content pour mon club qui est en train de se refaire une santé. D'abord, en championnat où l'équipe est remontée en classement, et, cerise sur le gâteau, elle a atteint la demi-finale et moi je dis pourquoi pas remporter le trophée ? En championnat, le CRB n'est pas encore sauvé. Les Belouizdadis doivent-ils sacrifier un de ces deux objectifs ? En toute simplicité, il y a maintenant une équipe de dirigeants intelligente et un staff technique très compétent. Je crois qu'il ne faut pas dévier de l'objectif principal qui est le maintien. Ensuite, la coupe est un bonus. Et je crois que tous les gens qui aiment le club pensent de même, le maintien d'abord. Djillali Selmi, l'ex-star et président du CRB a eu un malaise cardiaque. Avez-vous eu des contacts avec lui ? Je dois dire que Selmi est un frère. Ce n'est pas n'importe qui. Il a beaucoup donné au football national. C'est une légende. Je l'ai eu au téléphone et je crois que sa santé s'est améliorée. Bien sûr, j'irai le voir et je lui souhaite un prompt rétablissement. Vous avez porté les couleurs de Linfield, un club d'Irlande du Nord. Savez-vous que l'aéroport de la capitale Belfast a été rebaptisé du nom de George Best, la légende irlandaise des années 60 et 70 ? Non, vous me l'apprenez. Pour moi, ce n'est pas étonnant parce que George Best a marqué de son empreinte le foot britannique et mondial. Quand vous verra-t-on à la tête d'un club de l'élite ? Avec cette nouvelle ère que traverse l'Algérie, j'espère que tous ces gens qui nous ont méprisés et oubliés et qui ne nous ont pas donné ce que l'on mérite ne seront pas là et que ce «hirak» nous rétablira dans nos droits. Propos recueillis par Hassan Boukacem