Quand Saâdane danse pour le bonheur de ses joueurs ! . La mise à mort médicale du rêve sud-africain de Mourad Meghni avait plongé tout le groupe des Verts dans une ambiance de deuil. Mais les joueurs n'ont pas eu à respecter les trois jours habituels, comme le veut la coutume chez nous. Puisque dès le lendemain après-midi, l'on sentait que la joie revenait peu à peu sur les visages. Sans doute que les proches de Meghni s'étaient passés le mot pour lui éviter de sombrer un peu plus. C'est cela aussi les us chez les Algériens ! Du coup, l'ambiance s'est détendue peu à peu, histoire de redonner le sourire au plus malheureux de toute l'équipe : Mourad Meghni. Ce qui a donné lieu à une journée complètement différente à celle qui l'a précédée. On se taquinait, on rigolait et on s'amusait comme des fous durant toute la journée. Mais les moments les plus forts avaient commencé à la fin de l'entraînement, de ce mardi qui coïncidait avec la 32e journée du championnat d'Algérie et la fin palpitante que nous offre le MCA et l'ESS pour le titre. Saïfi, le premier à demander les résultas du MCA et de l'ESS Tout a commencé en fait de là, c'est-à-dire de l'information des scores de ces deux rivaux en fin d'après-midi que les journalistes avaient communiquée aux joueurs. Les premiers à le demander étant bien sûr, l'ancien Chenoui, Rafik Saïfi, pourtant, originaire de… Sétif ! L'amour qu'il a pour le maillot Vert et Rouge n'a rien de comparable à ce niveau. Et dès qu'il a su que le MCA avait battu le MCEE par 3-1, mais surtout que l'ESS avait perdu son match face au WAT (2-1), Rafik s'est mis à rêver du titre de champion pour le club de son cœur. Zemmamouche, Saïfi chambrent Chaouchi et Laïfaoui Il n'avait pas fini de narguer Laïfaoui et Chaouchi que Zemmamouche s'est mis de la partie lui aussi, en sa qualité de premier concerné par cette histoire pour narguer les Sétifiens des Verts que sont Faouzi Chaouchi et Abdelkader Laïfaoui. Cers derniers, en manque d'arguments à faire valoir, tentaient de se défendre comme ils le pouvaient, en répliquant que le championnat n'était pas encore bouclé et qu'il y avait encore l'espoir de voir le CRB défricher le terrain pour l'Entente en battant le Mouloudia. A cela, les deux Chnaoua leur faisaient rappeler qu'ils devaient d'abord eux aussi passer le cap qui les attendent face à la JSM Béjaïa… Djebbour le Chenoui s'est mis aussi de la partie Dans cette cacophonie agréable à suivre, les autres joueurs semblaient très amusés et admiraient en pouffant chaque boutade qui partait dans un sens ou dans l'autre. Rafik Djebbour aussi s'est mis de la partie en se mettant du côté des Chnaoua pour narguer les Sétifiens. Le joueur de l'AEK Athènes n'a jamais caché son penchant pour le Mouloudia d'Alger. «Je suis un vrai Chenoui», nous avait-il confié trois jours auparavant dans l'interview décalée qu'il nous avait accordée. Cela sans oublier les autres membres accompagnateurs de la FAF comme Nabil Boutenoune qui s'est également joint à la bande à Saïfi. C'est donc en position de force numérique que les Mouloudéens ont battu à leur tour les Ententistes au sein des Verts. Même Belhadj n'a pas résisté ! Et c'est dans cette ambiance chaudement mouloudéenne que le cortège s'est ébranlé pour ramener les joueurs du stade de Chalais à leur hôtel au Crans-Montana. On a pu voir alors les joueurs se déchaîner tour à tour. Djebbour sortait sa tête par la fenêtre en faisant tourner la veste de son survêtement autour de lui, pour montrer sa joie après la reprise des commandes du MCA au classement général. De l'autre côté, Nadir Belhadj n'est pas resté insensible et s'est lui aussi mis de la partie en scandant des slogans propres aux Chnaoua. La bonne humeur avait contaminé tout le monde et dans chaque véhicule, on se mettait à chanter comme des supporters, dans un fou rire généralisé. Que le spectacle continue ! Les nouveaux joueurs qui ne connaissaient pas bien cette chaude ambiance venaient de découvrir le secret qui faisait gagner cette séduisante équipe d'Algérie ! Mourad Meghni pour qui on avait encore beaucoup de peine, après ce qu'il avait vécu la veille et dans la matinée, s'était lui aussi laissé aller en gardant la porte coulissante du véhicule ouverte, afin de permettre aux supporteurs et journalistes d'apprécier la bonne ambiance qui régnait autour de lui. Sans doute qu'il voulait aussi dire à ses nombreux admirateurs déçus de ne pas le voir prendre part au Mondial, qu'il doit y avoir une vie après son drame. Par ce geste fort et sincère, Mourad a donné sa dernière passe décisive à ses coéquipiers avant de les quitter. «The show must go on !» Oui, que le spectacle continue, semblait dire Meghni à tous les Algériens qui le pleuraient encore et qu'il veut inciter à ne plus focaliser sur lui, mais plutôt sur les Verts. Quand Saâdane danse pour le bonheur de ses joueurs ! Agréablement surpris de voir cet élan de joie formidable qui avait pris soudainement ses joueurs, Rabah Saâdane retrouvait le sourire brusquement, sans la moindre transition, comme un cadeau de Dieu qui lui séchait ses larmes qui embuaient ses yeux depuis la veille. Depuis qu'il avait appris qu'il devait se séparer de l'un de ses enfants préférés sur le chemin du Mondial. Saâdane avait alors commencé à rire à gorge déployée, regardant par la fenêtre ses joueurs vivre ce bonheur ensemble, comme des bambins. Il scrutait surtout Mourad Meghni qui retrouvait son beau sourire au milieu de ses frères de sang. Ainsi, cette journée qui avait démarré par des larmes de tristesse, se terminait-elle dans l'euphorie généralisée qui a fait pousser les joueurs à mettre le cheikh au milieu d'une scène improvisée dans un coin de l'hôtel pour lui demander de… danser ! Et tenez-vous bien, le cheikh a bien esquissé une petite danse qui restera gravée à tout jamais dans la mémoire de ses joueurs. C'était surtout pour remercier Mourad Meghi d'avoir provoqué dans le groupe le déclic qui manquait pour redevenir une seule et même famille. C'était bien cela la dernière passe décisive du maestro !