«L'Algérie n'a pas été faible ou ridicule. Il lui manquait simplement de l'efficacité et ça ne pardonne pas à ce niveau.» Vivant depuis plusieurs aux Etats-Unis, Jürgen Klinsmann était en Afrique du Sud en tant que consultant de la très puissante chaîne ESPN. Toujours aussi disponible avec les journalistes du monde entier, l'ancien buteur puis sélectionneur de la Manschafft ne posait qu'une seule condition : parler en anglais. Ses deux saisons passées à Monaco ne lui ont pas suffi pour bien apprendre le français. Quelle est votre appréciation sur cette Coupe du monde ? Côté organisation, je dois dire que tout se passe dans les meilleures conditions. L'Afrique du Sud a été à la hauteur et ce, à tous les niveaux. Les stades sont beaux et grands. Le public est présent à toutes les rencontres et l'ambiance est parfaite, malgré les vuvuzelas (il sourit). Mais cela fait partie de la touche africaine. Je trouve cela plutôt bien. Et le niveau des matchs ? Là par contre, je suis moins satisfait. Car le niveau est un peu moyen jusque-là. Ça joue de manière très physique et le spectacle ne suit pas malheureusement. Je suis un peu déçu de ce côté-là. J'espère qu'on verra autre chose avant la fin. Votre opinion sur la qualification du Ghana aux quarts de finale ? Je pense sincèrement que c'est mérité. Les Ghanéens ont bien occupé le terrain et se sont montrés efficaces en attaque. De plus, ils ont la faculté de bien conserver le ballon. Je ne serais pas surpris s'ils allaient encore plus loin dans la compétition. Selon vous, pourquoi le Ghana réussit-il là où ont échoué les autres sélections africaines ? Je pense que ce n'est pas seulement une question de talent. C'est aussi une question de mentalité et d'état d'esprit. Les autres sélections n'ont pas été assez fortes de ce côté-là. Et puis, la Coupe du monde est une compétition relevée qui requiert de l'expérience, ce dont ont sans douté manqué les autres Africains. L'échec des autres sélections africaines ne veut pas forcément dire qu'elles sont faibles. Pour preuve, le champion du monde en titre et le vice-champion, l'Italie et la France, ont été éliminés au premier tour. Cela démontre qu'il y a parfois des concours de circonstances défavorables qui font que ça ne marche pas pour une équipe Est-ce l'explication que vous donnez du parcours de l'Algérie ? L'Algérie n'a pas été faible ou ridicule. Il lui manquait simplement de l'efficacité et ça ne pardonne pas à ce niveau. Autrement, elle se serait pas mal débrouillée. J'ai bien aimé le match des Algériens contre l'Angleterre, ainsi que le premier face à la Slovénie, du moins la deuxième mi-temps, parce que j'ai raté le début du match. Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette équipe d'Algérie ? La vivacité des joueurs et leur technique. J'aime ce football ! Surtout lorsqu'il y a aussi de la solidité en défense comme c'était le cas contre les Anglais. Ils ont répondu présents du début à la fin du match. C'est cela qui a fait que les Algériens ont forcé le respect face à des joueurs aussi forts que Lampard, Gerrard et Rooney. Franchement, je leur tire chapeau ! Dommage que les attaquants n'ont pas été aussi forts. Quel est votre favori dans cette Coupe du monde, l'Allemagne ? Non, il est très difficile de prédire cela. Je ne veux pas mettre mon pays en position de favori dans cette Coupe du monde. Je dirai que c'est une équipe qui fait de bonnes choses depuis le début de ce Mondial. Mais je ne veux pas leur mettre de la pression supplémentaire. Il faut les laisser apprécier cette Coupe du monde et leur résultat sera toujours bon à prendre, car c'est une équipe encore jeune et amoindrie par Ballack. Je ne donnerai donc pas de pronostic. Désolé.