«Maradona ? Le pire entraîneur sur terre ! » «Ce soir, la star c'est Tevez, ce n'est pas Messi !» Lorsque l'Argentine joue une Coupe du monde, c'est toujours pour la gagner. Le public y vient en nombre, tout comme les journalistes. Avant de les rencontrer, on pensait au clash qui a fait du bruit dans le monde entier, entre eux et Diego Armando Maradona. On avait du mal à comprendre pourquoi des journalistes argentins s'en étaient pris de la sorte à celui que certains de leurs compatriotes prennent carrément pour un «dieu». Comment pouvaient-ils descendre en flammes une légende aussi grande que Maradona ? Nul n'est prophète en son pays ? Oui, mais on vous dit que ce Maradona est plus qu'un prophète chez lui, un «dieu», que certains chrétiens en manque de conviction religieuse ont suivi, délaissant l'église, au grand regret de l'intéressé. Avec autant de pression pesant sur ses épaules, Dieguito, ce «dieu» incompris a fini par reprendre sa dimension humaine depuis qu'on l'a sauvé in extremis d'une overdose qui aurait facilement pu le mener droit en… enfer. Ces journalistes qui avaient osé insulter Maradona ! La légende vivante s'est encore plus humanisée depuis qu'il a repris une vie, disons normale. Avec la sélection argentine, Maradona a pu revivre comme la Pelusa qu'il était lors de ses débuts. Il sait que le chemin est long devant lui pour gagner le même respect, en tant qu'entraîneur, que celui qu'il avait atteint quand il était joueur. On regardait donc dans cette zone mixte avec une grande curiosité ces jeunes pousses qui ont osé insulter un homme aussi intouchable que Diego Maradona. Leur irrespect détonne pourtant avec l'ambiance qui règne entre eux et les fait rire à la moindre boutade d'un collègue boute-en-train. Ils sont en majorité des jeunes qui ne dépassent pas la trentaine, avec quelques vieux qui se mêlaient à eux, comme des intrus. Une équipe qui ne laisse paraître aucun signe de méchanceté. Et pourtant, ce sont eux qui ont affronté le grand Maradona et l'ont traîné dans la boue pendant les éliminatoires de cette Coupe du monde. «Maradona ? Le pire entraîneur sur terre ! » Une génération audacieuse et forcément gâtée par le palmarès de l'Albiceleste et la qualité des joueurs dont ils avaient la «charge» médiatique chez eux. «Nous avons le pouvoir de leur donner la vie, comme de les enterrer vivants», a plaisanté Mario, ce bambin d'à peine 28 ans sans donner l'air de ne pas croire à ses propos. Maradona pour lui, «c'est le pire entraîneur que le monde du football ait connu. Heureusement pour lui qu'il a Messi, Higuain, Tevez et les techniciens qui lui dictent ce qu'il doit faire pendant le match. En plus ce n'est plus lui qui joue. Son temps est derrière lui. Il est fini», assène-t-il sans penser au choc qu'il avait provoqué en nous. Dieu que l'Argentin est sévère ! «Ce soir, la star c'est Tevez, ce n'est pas Messi !» Voilà donc comment est traité celui que la Fédération argentine de football a installé à la tête de ce fameux «Salon de Fama» qui regroupe 24 des footballeurs les plus puissants de tous les temps en Argentine. Ainsi réduit-on en poussière celui que le monde entier considère encore comme le meilleur footballeur de tous les temps. Le choc est terrible et ces jeunots ne semblent pas prendre conscience de ce qu'ils ont provoqué en nous. Ce qui les intéresse, c'est sans doute Lionel Messi, pensait-on. Eh bien non ! Puisque Jorge Lopez dit "Topo", l'homme aux trois casquettes, (il travaille à Clarin et Olé et correspondant de Sport en Argentine) nous a dérouté encore plus en nous annonçant que «ce soir, celui qui m'intéresse n'est pas Messi. Je voudrais interviewer plutôt Tevez qui a marqué deux buts. C'est lui la star dans ce match. Messi n'a rien fait de spécial», nous adresse-t-il d'un air sec et déterminé. Les derniers à quitter la zone mixte : Higuain et Tevez ! L'on a tout de suite pensé à nos joueurs qui, malgré des rendements médiocres, sont choyés par les journalistes qui leur donneraient à chaque fois la note maximale. Mais là, il ne s'agit pas d'une équipe qui peut se contenter d'un match nul contre l'Angleterre. C'est de l'équipe d'Argentine qui ne court que derrière le titre suprême ! Voilà donc la raison pour laquelle tous ces jeunes journalistes n'ont pas daigné respecter ni Diego Armando Maradona, ni Lionel Messi ! Car, en Argentine, on n'applaudit que les grands du jour et toute cette génération de jeunes journalistes a compris qu'il ne servait rien de vivre avec les gloires du passé. La preuve nous a été donnée aussitôt que les joueurs étaient sortis pour emprunter le couloir de la zone mixte. Celui qui ne s'arrêtait pas pour parler comme Gabriel Heinze, tout le monde l'ignora. Et même le grand Messi devenait disponible pour les journalistes algériens. Les derniers à avoir quitté cette zone dangereuse étaient Higuain et Tevez. Toute une culture, messieurs dames d'Algérie qui déroulez le tapis rouge à une équipe qui fait un match nul et deux défaites !