Il a pris en main le club de l'Union de police du Qatar. Joint par téléphone dans un premier temps, l'ex-international algérien, Djamel Belmadi, nous avait demandé de le rappeler car il se dirigeait vers la réunion avec ses nouveaux responsables du club de l'Union de police du Qatar où il a été récemment nommé à la tête de la barre technique. Quelques minutes plus tard, et après avoir fait les présentations, Djamel a répondu volontiers à nos questions. Appréciez. Dans un premier temps, on vous remercie de répondre à chaque reprise favorablement à la sollicitation du Buteur et El Heddaf ? Tout le plaisir est pour moi. C'est toujours agréable de pouvoir m'exprimer sur vos colonnes. Je suis à l'écoute de vos questions. Toutes nos félicitations pour votre nouveau poste d'entraîneur à la tête du club de l'Union de police du Qatar ? Merci beaucoup. Souhaitez-moi alors plein de réussite. (Sourire.) Sur quoi s'est porté votre choix ? Les dirigeants de ce club m'ont proposé un programme ambitieux qui m'a plu. On m'a donné carte blanche pour les recrutements. Ainsi, j'ai opté pour ce club. Je me suis occupé personnellement du recrutement. Maintenant, on s'apprête à entamer le stage de préparation qui aura lieu en France au milieu de ce mois. Tout se passe dans le bon sens. On a entendu dire que vous êtes derrière l'arrivée de plusieurs éléments d'Europe. Confirmez-vous cette information ? Effectivement, c'est juste. Je suis derrière les contacts avec Dindane qui joue à Portsmouth avec Belhadj et aussi l'attaquant de l'OM, Koné. Je compte beaucoup sur ces deux éléments de par leur expérience sur le terrain. Ils seront les leaders du club. Avez-vous songé à recruter des joueurs algériens ? Je voulais recruter un défenseur algérien, mais le recrutement a été clos récemment. Je préfère ne pas vous dire son nom car cela ne servirait absolument à rien. Revenons à la sélection nationale, comment évaluez-vous la participation algérienne à ce Mondial sud-africain ? Même si je reconnais que les joueurs ont fait de leur mieux et laissé bonne impression, je reste convaincu que le bilan n'est pas très satisfaisant. Avec un point seulement récolté sur neuf et zéro but marqué en trois rencontres, le parcours a été négatif. On aurait pu faire mieux. Estimez-vous que le maillon faible se situe au niveau du compartiment offensif ? La question ne se pose même pas. Il est clair que l'attaque est très faible. Pour preuve, on est les seuls en compagnie de l'Honduras à ne pas avoir inscrit le moindre but dans cette Coupe du monde. A mon avis, il est primordial de poser les vrais problèmes et d'essayer de voir où se situe le problème. Car bien avant le Mondial, on savait qu'on avait un problème dans ce compartiment de jeu. Justement, revenons au vrai problème. A votre avis, il se situe au niveau de la tactique mise en place par Saâdane ou celui des attaquants ? A mon avis, il se situe au niveau de la tactique. Je n'ai pas été très convaincu par le choix de Saâdane. En alignant 3 défenseurs dans l'axe, cela se répercute sur l'attaque. Pour preuve, Saâdane a évolué avec un seul attaquant de pointe. Le fait de jouer avec seulement 3 défenseurs centraux déstabilise l'ossature de l'équipe. Et là-dessus, je tiens à détailler un point très important. Lequel ? La plupart des sélections qui ont pris part à ce Mondial et même celles qui ne se sont pas qualifiées évoluent avec seulement 2 défenseurs centraux et 2 attaquants devant. Cette tactique permet de créer un surnombre en attaque. Chose qui repose sur le compartiment offensif. C'est ce que j'aurais aimé voir en sélection en Afrique du Sud. Les attaquants n'ont donc aucune responsabilité face à cette stérilité de l'attaque ? On ne peut pas demander l'impossible à un attaquant qui joue seul devant. Le problème qui s'est posé en sélection est similaire à celui de la sélection française. Anelka s'est retrouvé seul en pointe face à l'Uruguay et le Mexique. Un attaquant doit avoir du soutien. Ce qui ne s'est pas produit en sélection pour Ghezzal et Djebbour. Certains ont accablé Saâdane de ne pas avoir convoqué des attaquants de métier ? C'est un autre débat. Je ne vous cache pas que j'étais surpris de ne pas voir Ziaya retenu parmi la liste des 23 joueurs qui ont pris part au Mondial. Depuis plus de 3 ans, on n'entend parler que de Saïfi, Djebbour et Ghezzal. De plus, Ziaya n'a pas eu sa chance comme il se doit. Il n'a fait que de brèves apparitions lors de la CAN. Donc le problème est la tactique de Saâdane ? Absolument. On doit jouer avec un schéma classique de 4-4-2, car nous ne sommes pas mieux que les autres sélections qui jouent de cette façon. Ce qui m'écœure, c'est d'entendre les gens parler de la force de l'adversaire ou de la malchance alors que nous n'avons pas marqué depuis plus de 10 matchs sur une action de jeu. Je dis à ces gens : arrêtez la mascarade ! Saâdane fait l'objet de beaucoup de critiques ces derniers temps, vu que ses arguments ne sont pas très convaincants. Quel est votre point de vue là-dessus? Je ne suis pas là pour critiquer Saâdane qui fut mon entraîneur en sélection, mais ce que je trouve insensé, c'est qu'en 8 matchs, notre sélection n'a inscrit qu'un but sur penalty. Les responsables de notre football trouvent cela normal ! Dans cette voie-là, on va directement vers le déclin dans les prochaines années. Il faudra trouver des solutions pour rester dans la cour des grands. Contrairement à l'attaque, estimez-vous que la défense a été à la hauteur ? Oui. Nos défenseurs ont été à la hauteur et ont fait leur devoir convenablement. Mais je pense qu'il ne faut pas se contenter que de défendre. De plus, il ne faut pas aussi demander l'impossible aux défenseurs, qui ont marqué des buts lors des qualifications et la Coupe d'Afrique. D'aucuns estiment que l'Algérie avait la possibilité de passer au second tour. Partagez-vous cet avis ? Absolument. Celui qui dit le contraire ne connaît rien de cette discipline. Dans le cas contraire, je ne serai pas en train d'afficher une grande tristesse en parlant de notre sélection. Les trois sélections du groupe étaient à notre portée. L'Angleterre souffrait d'un grand problème physique. Les USA étaient loin de son meilleur niveau et je considère la Slovénie comme étant l'une des sélections les plus faibles de ce Mondial. Nous avions une grande opportunité de passer au second tour. C'est vraiment dommage. On comprend par là que même l'Algérie a été médiocre ? Je pense que nous avons abordé le tournoi avec la peur au ventre. Je me demande comment Saâdane s'est réjoui du nul face à l'Angleterre alors que son équipe n'a pas inscrit le moindre but. Le foot, c'est des victoires et des buts et non pas des nuls et des défaites. Prenons l'exemple du dernier match face aux USA, l'Algérie devait gagner ce match pour passer. Nous n'avons rien fait pour empocher les trois points. Je ne comprends toujours pas pourquoi on a aligné Djebbour seul en attaque, associé à Matmour et Ziani sur les côtés ? Quel est le meilleur schéma qu'on aurait dû adopter ? Je pense qu'on aurait dû donner la chance au jeune Boudebouz. On ne l'a pas exploité convenablement lors cette compétition. Je reste convaincu qu'il aurait pu apporter un grand plus à l'équipe. En Algérie, on reste indécis sur le maintien ou pas de Saâdane à la tête de la sélection. Quel est votre avis à ce sujet ? Je pense que cela concerne uniquement les responsables de la FAF. Je pense que Raouraoua est le mieux placé pour prendre les décisions adéquates. Il n'est pas de mon ressort de parler sur ce sujet, car je suis loin de tout cela. En effectuant un sondage, Madjer a remporté les suffrages avec plus de 33%... Permettez-moi de ne pas m'exprimer sur ce sujet. Saâdane et Madjer furent mes entraîneurs en sélection et je les respecte. On a même parlé de vous comme membre du staff technique. Êtes-vous intéressé ? J'accepte de travailler au service de la sélection sauf s'il y a un projet ambitieux. C'est la moindre des choses de servir son pays, mais pas d'une façon anarchique, car le bricolage ne mène à rien. Accepterez-vous la mission dans le cas où Raouraoua prendrait attache avec vous ? J'ai 34 ans et c'est une chance d'entraîner d'aussi grands joueurs, à l'image de Koné et Dindane. Je suis quelqu'un de très ambitieux. Et c'est excellent pour un début d'entraîner au Qatar car je vais beaucoup apprendre. Mais vous n'avez pas répondu à notre question... Actuellement, je n'ai pas les compétences qu'il faut pour intégrer le nouveau staff de la sélection. Je dois encore acquérir de l'expérience pour ça. Je ne suis pas ce genre de personne qui ne pense qu'à l'aspect financier. Même en tant que manager général ? Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas possible pour l'instant. De plus, je suis à la tête du staff technique d'un club au Qatar. Je ne peux donc pas laisser mon poste. Comment voyez-vous l'avenir de la sélection ? La priorité est de mettre en place un staff technique. Il n'y a plus de place au relâchement. De plus, les qualifications débuteront au mois de septembre. On doit construire une équipe afin de débuter la préparation pour la qualification au Mondial 2014. Les responsables de la FAF pensent au rajeunissement de l'équipe. Êtes-vous d'accord ? Je ne pense pas que ce soit l'une des priorités. Nous avons de jeunes joueurs qui peuvent participer au Mondial 2014 sans le moindre souci. Ce qu'il faut par contre, c'est de trouver de bons attaquants capables de mettre fin à la stérilité offensive.
