«Ce n'est pas normal qu'on ne compte pas un but comme ça, il faut revoir la réglementation, ce qu'a fait Suarez est de la triche.» «Ce n'est pas normal qu'on ne compte pas un but comme ça, il faut revoir la réglementation, ce qu'a fait Suarez est de la triche.» A la fin du match Ghana-Uruguay, notre confrère de L'Equipe pestait encore contre l'élimination injuste du Ghana aux quarts de finale de la Coupe du monde. Quelques instants auparavant, l'homme le plus détesté en Afrique, Luis Suarez, évoquait la main de Dieu (lire entretien) pour justifier son geste qui a empêché le Ghana et avec elle tout le continent africain d'entrer dans l'Histoire. Un geste qui va sans doute barrer la route aux Africains qui postulent à une place supplémentaire en Coupe du monde. C'est dire qu'au moment où Gyan tirait sur la transversale puis au moment où Abreu réussissait sa Panenka, le monde s'était écroulé sur l'Afrique. Trois joueurs ghanéens avaient la force de parler En zone mixte, les joueurs ghanéens marchaient tête basse et tentaient d'éviter les questions des journalistes comme ils pouvaient. Gyan faisait semblant de parler au téléphone en pressant le pas, Muntari avait juste le temps de répondre au salam alikoum d'un confrère algérien, lui le musulman pratiquant. Les autres joueurs pressaient le pas sans doute parce qu'ils n'avaient plus rien à dire après le drame qu'ils venaient de vivre. Seuls trois joueurs avaient encore la force de parler : l'arrière central Paintsil, le gardien de but Kingson et le milieu de terrain Vorsah. Malheureusement, toutes leurs explications ne pouvaient justifier un ratage aussi près du but. Les Uruguayens se font désirer Les joueurs uruguayens, en revanche, ont mis du temps avant de rejoindre la zone mixte. Après leur qualification, ils étaient restés sur le terrain pour communier avec leurs supporters. Ils ont encore fait la fête dans le vestiaire, mais une fois en face des journalistes, ils étaient tous disponibles. ------------------------------------- Luis Suarez : «C'était la vraie main de Dieu» Luis Suarez, l'attaquant uruguayen de l'Ajax, est entré dans l'histoire de la Coupe du monde en changeant le cours d'un match grâce à ce qu'il appelle «la main de Dieu». Il reparle de son geste malencontreux qui a fermé les portes de l'Histoire à l'Afrique et évoque pour les lecteurs du Buteur le match Algérie–Uruguay d'il y a un an. Pensez-vous avoir triché en mettant votre main sur la ligne du but ? Pour moi, c'était un instinct de survie. J'avais deux choix : laisser le ballon entrer et rater la qualification et mettre la main et donner une chance supplémentaire à mon équipe. Je devais décider en un millième de seconde. Trop court pour dire que j'avais triché. Non, je n'ai pas prémédité tout ça. Ça nous rappelle un peu la main de Dieu de Maradona en 86 ? La mienne était la vraie main de Dieu, parce que je n'avais triché. C'était un geste instinctif. Je ne savais pas ce qui allait se passait par la suite. Qu'avez-vous ressenti lorsque le joueur ghanéen avait raté le penalty ? C'était un sentiment incroyable. Quelques secondes auparavant, le monde m'était tombé sur la tête, puis j'apprends que le penalty a été manqué. Je me suis vite dit que je n'avais pas eu tort de ma main. Après la qualification c'était la délivrance. Savez-vous que votre geste peut vous priver même de la finale ? Pour le moment, je préfère ne pas y penser. Savourer cette qualification et le fait de savoir qu'en Uruguay les gens sont heureux suffit à mon bonheur. Si on va en finale et que je ne joue pas, j'aurai eu au moins le mérite d'avoir permis à l'Uruguay d'aller aussi loin. L'Uruguay qu'on a vu il y a un an à Alger était différent de celui qu'on voit en Afrique du Sud. Qu'avez-vous fait en si peu de temps ? Il ne faut prendre ce match face à l'Algérie comme une référence. C'était un match amical qui nous a permis de découvrir un nouveau pays et un nouveau football. Cette Algérie qui vous a battus est sortie au premier tour. Etait-ce une surprise ? Franchement oui. J'ai vu quelques séances et j'ai été surpris que les Algériens jouent derrière. L'équipe qui nous a battus à Alger était beaucoup plus offensive et aurait facilement pu se qualifier au moins aux 8es de finale. Avez-vous aimé un joueur en particulier durant ce Mondial ? Sans conteste, Yebda.