«Rien ne remplace le Ramadhan au bled où on jeûne dans une ambiance particulière. Mais attention, je ne viendrai pas en stage juste pour vivre l'ambiance du Ramadhan. Je suis un joueur professionnel et mon objectif est surtout de remporter les trois points face à la Tanzanie» Dans l'entretien qui suit, Karim Ziani coupe court à toutes les mauvaises interprétations qui ont entouré sa non participation au récent Algérie – Gabon tout en abordant les sujets d'actualité, à l'orée d'une saison qui se présente sous de bons auspices, que ce soit avec son club Wolfsburg ou en sélection. Pour commencer, on voudrait bien savoir comment vous vivez le Ramdhan en Allemagne ? C'est très difficile de jeûner et de s'entraîner en Allemagne, mais j'essaye de m'adapter et de doser mes efforts. Pour l'instant, tout se passe bien, même si l'ambiance n'est forcément pas la même qu'en Algérie à l'heure du f'tour. Vous a-t-on adapté un programme spécial à cause du Ramadhan ? Non, je m'entraîne comme le reste du groupe, je n'ai aucun traitement particulier. C'est à moi de m'adapter en buvant par exemple beaucoup d'eau en soirée pour bien m'hydrater avant l'entraînement. On imagine que vous avez hâte de rejoindre le prochain stage de l'Equipe nationale et vivre ainsi l'ambiance du Ramadhan… Naturellement, car rien ne remplace le Ramadhan au bled où on jeûne dans une ambiance particulière. Mais attention, je ne viendrai pas en stage juste pour vivre l'ambiance du Ramadhan, je suis un joueur professionnel et mon objectif est surtout de remporter les trois points face à la Tanzanie. On doit absolument rendre le sourire à nos supporters qui n'ont pas accepté la défaite face au Gabon. Mais avant, il va falloir jouer un match important de championnat face au grand Bayern demain vendredi… Oui, bien sûr. J'espère jouer, car j'adore ce genre de matchs face aux grandes équipes. Le Bayern, qui vient de gagner la Coupe et le championnat et qui a joué la finale de la Ligue des champions, c'est le top actuellement. Je serai heureux de jouer, même si la décision finale revient à l'entraîneur. Tout plaide pour votre titularisation après votre bonne prestation en Coupe d'Allemagne la semaine passée, non ? Après une légère blessure contractée lors du stage de l'Equipe nationale, je crois avoir réalisé un bon match en effet. Espérons que le coach me fera encore confiance demain. En parlant de votre blessure en sélection, beaucoup vous ont accusé vous et Matmour d'avoir fait l'impasse sur le match face au Gabon pour ensuite jouer un match de Coupe d'Allemagne trois jours plus tard. Qu'avez-vous à nous dire ? Je crois que tout le monde connaît mon attachement et mon amour pour l'Equipe nationale. On peut tout me reprocher, sauf la triche. Je n'ai jamais fait de calculs lorsqu'il s'agit de jouer pour mon pays. Et puis, si je voulais vraiment me préserver pour le match de Coupe d'Allemagne, je ne serais même pas venu au stage et je n'aurais pas assisté à la rencontre. Que s'est-il passé alors ? Pourquoi n'avez-vous pas joué ? J'ai ressenti des douleurs à l'entraînement et je suis allé voir le médecin de l'Equipe nationale qui a diagnostiqué une contracture. Ce genre de blessures nécessite un à deux jours de repos. Et comme cela s'est passé la veille du match, je n'ai pas joué. Je suis donc resté au repos deux jours pour ensuite reprendre le travail avec mon club, la veille du match de Coupe d'Allemagne. L'entraîneur a décidé de me titulariser. N'allez quand même pas penser que dans la situation qui est la mienne, j'allais dire non. Voilà ce qui s'est passé au juste et tout ce qui s'est dit à droite et à gauche est faux. En sélection, je ne veux même pas rater un match d'application, comment oserais-je éviter de jouer un match amical ? Comment avez-vous vécu le match Algérie - Gabon à partir des gradins ? Sur les nerfs. J'étais déçu tout comme les supporters qui ont sifflé l'équipe pour exprimer leur colère. D'ailleurs, je trouve leur réaction tout à fait légitime, nous sommes désormais des mondialistes et ils sont en droit d'attendre toujours plus de nous. Ils ne vont quand même pas nous applaudir après une défaite. Qu'est-ce qui n'a pas marché à votre avis ? Beaucoup de joueurs venaient juste d'entamer la préparation d'intersaison. Yebda par exemple a touché son premier ballon à l'entraînement de l'Equipe nationale. Il y a eu aussi beaucoup d'absents durant ce match. Tout cela n'explique pas la défaite, mais ce sont des éléments qu'on doit prendre en considération avant de juger l'équipe parce que si on revient un peu sur le match, on les a dominés et a bien maîtrisé la situation. Mais les Gabonais ont su utiliser le contre et créer le danger. Ils étaient également hyper motivés à l'idée d'accrocher un mondialiste. En tout cas, ce match ne peut pas refléter la valeur de notre équipe. Le public algérois était très en colère et ne s'est pas empêché de l'exprimer haut et fort… Je trouve la réaction des supporters tout à fait légitime. Il y aurait eu la même réaction si on avait joué dans un autre stade ou une autre ville, y compris à Blida. Le public du 5-Juillet ne s'attendait pas à une telle défaite et il était en droit d'exprimer son mécontentement. A nous de lui rendre le sourire et la confiance. Est-il vrai que les joueurs étaient déçus de la réaction des supporters en exigeant de retourner à Blida ? C'est complètement faux et je suis bien placé pour répondre à votre question, car j'étais dans le vestiaire. Les joueurs étaient trop déçus pour penser à ça. Tout ce qui intéresse le joueur, c'est l'état de la pelouse, car à Alger, Blida, Annaba ou Oran, on est chez nous. Personnellement, je préfère avoir affaire à un public jaloux de son équipe et qui exprime sa déception qu'à un public mou. L'Algérien est entier, il est à fond derrière toi. Mais quand tu le déçois, il te le fait savoir. C'est ce qui s'est passé face au Gabon. Pour les joueurs, jouer au 5-Juillet ou à Tchaker, c'est kif-kif ? Je viens de vous dire que tout ce qui nous intéresse, c'est l'état de la pelouse. Le reste est secondaire, car à Alger, Blida ou ailleurs, nous sommes en Algérie. Etes-vous au courant que le match se jouera finalement à Blida ? Vous venez de me l'apprendre, mais je suis heureux de retourner dans un stade qui me rappelle que de bons souvenirs et où nous n'avons pas perdu pendant deux ans. A nous de préserver notre invincibilité à Blida, car si on ne gagne pas face à la Tanzanie, le public blidéen ne sera pas clément avec vous, car aucun supporter au monde ne supporte les mauvais résultats. Donc vous rassurez les supporters algériens que la défaite face au Gabon n'est qu'un accident de parcours ? Il n'y a pas lieu de s'alarmer, surtout que certains joueurs évoluaient pour la première fois en Algérie, comme Boudebouz, Medjani, Guedioura ou Mesbah, sans revenir sur l'état physique des joueurs qui étaient en pleine préparation. Face à la Tanzanie, il y aura de nouvelles donnes et il n'y a aucune raison à ce qu'on ne fasse pas un bon match. Pour clore cet entretien, on vous dit saha f'tourek tout en vous souhaitant de réaliser un grand match face au Bayern. Je l'espère bien et je souhaite un bon Ramadhan à tous les Algériens en leur disant saha f'tourkoum.
