«Je suis né le jour de l'assassinat de J. F. Kennedy» Le coach algérien le plus aimé (et peut-être le plus controversé) de la planète foot comme vous ne l'aviez jamais connu. Avec son franc-parler légendaire et sa modestie de grand homme, Benchikha se livre à un étonnant exercice de spontanéité et de simplicité à faire rougir ses pairs. Sous quelques pressantes questions, le plus «Tunisien des Algériens» ouvre les portes de sa personnalité, nous parlant de tout et de rien, mais surtout de lui-même, de son fabuleux parcours dans une autobiographie improvisée et sans détour, de sa famille, de son enfance en passant par ses différentes expériences dans le football, en arrivant au sacre à la tête du Club Africain. «Je suis né le jour de l'assassinat de J. F. Kennedy» Dans un entretien à bâtons rompus avec le tout nouvel entraîneur national, ce dernier mettra le doigt sur un événement qui s'est déroulé le jour de sa naissance. «Je suis né le 22 novembre 1963, c'est-à-dire le jour de l'assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy. Ce dernier a succombé suite aux tirs de Lee Harvey Oswald à Dallas, dans le Texas.» On peut de notre côté rappeler que le 22 novembre est aussi le jour de la naissance d'autres grands sportifs, à l'image du tennisman allemand, Boris Becker, ou de la star du foot ghanéen, Gyan Asamoah. Cette date est aussi celle de la disparition de grandes figures de la politique et des arts comme le furent le chef d'Etat français Charles de Gaulle ou l'actrice syrienne Asmahane. Ses cinq enfants poursuivent leurs études en Tunisie D'aucuns peuvent s'étonner des fréquents déplacements du «Général» en Tunisie. La raison en est toute simple. Ce dernier, père de cinq enfants, ne ménage aucun effort pour qu'ils réussissent dans leurs études. On se rappelle que Benchikha a passé plusieurs années en Tunisie et qu'il a inscrit ses enfants dans différentes écoles de ce pays. De Youssef, qui a 20 ans, à Youssra la plus jeune, tous poursuivent leurs études en Tunisie. Benchikha a, dans un premier temps, pensé à rapatrier toute sa famille, mais au vu de ses fréquents déplacements, il a jugé plus sage, afin de ne pas les perturber, de les laisser en Tunisie. «Midini», son premier surnom Abdelhak Benchikha a passé son enfance à Bordj Bou Arréridj et c'est là qu'on l'a affublé du sobriquet «Midini». L'actuel entraîneur national est incapable de donner l'origine de ce surnom. Ce ne sera pas le cas de cette appellation de «Général». Benchikha dira à ce sujet : «Ce sont les supporters du Club Africain qui spontanément ont décidé de m'affubler de ce surnom. Je ne sais pas, peut-être que cela est dû à ma façon de me comporter avec les joueurs, les dirigeants et tout ce qui se rapporte au club.» «Jouer aux côtés des Bousri, Bencheikh et Bouiche… une fierté» Au cours de sa carrière de joueur, Benchikha a défendu les couleurs de quatre clubs. Ce sont respectivement le MCA, la JS Bordj Menaïel, la JS El Biar et l'ES Zarzis en Tunisie. C'est d'ailleurs dans ce dernier club qu'il achèvera sa carrière de joueur. Il entamera celle d'entraîneur en prenant en main la formation de Dar El Beïda. A la question de savoir ce qui l'a le plus marqué, il avouera sans aucune hésitation : «Ce qui m'a marqué, c'est mon passage au Mouloudia. Il ne pourrait en être autrement quand on côtoie des joueurs de la trempe des Bousri, Bencheikh… J'en suis très fier.» Son premier titre avec Oum Sallal Entamée en 1996, avec le club de Dar El Beïda, la carrière d'entraîneur de Benchikha sera très riche. Après un premier titre remporté en étant dans le staff du CRB, il gagnera son tout premier trophée avec le club qatari d'Oum Sallal lors de la saison 2006-07. Il réussira à faire accéder ce club qui n'a pas connu l'élite depuis sa création. L'épopée tunisienne C'est en Tunisie en étant à la tête de l'ES Zarzis qu'il se fera connaître réellement du monde sportif. Durant la saison 2006-07, lorsqu'il dirigeait ce club, il éliminera le Club Africain par 1 but à 0 dès l'entrée en lice de ce dernier en Coupe de Tunisie. Le club de la capitale détenait alors le record du nombre de titres en Coupe de Tunisie. Cet exploit réalisé à Tunis, devant le public du Club Africain, aurait pu amener les dirigeants de ce dernier à lui proposer d'entraîner leur club. Son contrat s'achevant en fin de saison, ses bons résultats persuadent les dirigeants de son club de négocier avec lui sa prolongation avant même la fin du championnat. «Je suis prêt à nettoyer les vestiaires pour servir l'Algérie» Le 22 mai 2008, il est sacré champion de Tunisie avec le Club Africain. Malgré des offres très lucratives de pays du Golfe, Benchikha prolongera d'un an son contrat, et ce, pour des raisons de stabilité. Il a eu raison de le faire, car il ajoutera un autre titre à son palmarès. Il gagne la Coupe d'Afrique du Nord des clubs champions le 25 janvier 2009. Ce sera Raouraoua qui fera des pieds et des mains pour faire retourner l'enfant prodige au pays. Il acceptera avec enthousiasme l'offre de la FAF pour entraîner l'Equipe nationale des locaux. Il s'occupera de l'équipe A' et des U23 de 2008 à 2010. A son arrivée à Alger, il surprendra tout le monde en affirmant : «Comment pourrais-je dire non à mon pays ? Je suis prêt à nettoyer les vestiaires pour servir le football algérien.» Benchikha est finalement nommé le 13 septembre 2010, par Mohamed Raouraoua, sélectionneur officiel de l'Equipe nationale d'Algérie. «Hacène Lalmas… bien sûr !» Voulant savoir qui Benchikha nommerait comme le meilleur joueur algérien de tous les temps, ce dernier répondra, sans aucune hésitation : «Je ne pense pas qu'un joueur algérien ait ou ait eu le talent de Hacène Lalmas. C'est un génie et il sait tout faire balle au pied. Personnellement, je le place loin devant tous les autres.» Benchikha avouera concernant les joueurs actuels que Djabou et Ziani émergent du lot. Il précisera que pour lui, l'une des qualités essentielles d'un joueur est sa moralité et que le talent seul ne suffit pas. Le couscous et la musique andalouse «Je ne ferais pas preuve d'originalité en vous disant que mon plat préféré est le couscous. Je préciserais cependant que je fait honneur à ce mets quelle que soit la façon avec laquelle il est préparé, elle diffère énormément d'une région à une autre du Maghreb.» En ce qui concerne ses goûts musicaux, ces derniers se portent sur le chaâbi algérois et la musique arabo-andalouse. De l'ambition à en revendre «Prenez-moi pour un fou, si vous le voulez, mais mon rêve est de voir l'Algérie championne du monde», dira-t-il un jour à des proches. Aucun fan des Fennecs n'exigera cela de Benchikha et une qualif' à la CAN ferait pour le moment plaisir à tout le monde. De toutes les façons, les Verts sont pris en main par un technicien bourré d'ambitions et il paraît que cela est communicatif… C'est tout le mal qu'on souhaite à nos capés.