L'ex-star du football mondial a même répondu à une question qui lui avait été posée en kabyle. Depuis son arrivée, à Alger, lundi dernier, ils étaient constamment collés à ses basques, épiant le moindre geste de sa part, récoltant quelques bribes de phrases par-ci, par-là. Zineddine Zidane est un habitué des journalistes. Quand on a été star du football mondial comme lui, on est obligé de «subir» les représentants des médias. C'était, donc, mardi soir, à l'hôtel El Djazaïr, son premier grand oral devant ces mêmes journalistes à l'occasion de son séjour algérien. Une conférence de presse où Zineddine a été fidèle à son habitude, à savoir quelqu'un qui aime bien écouter mais qui a les réponses concises. Il était surtout venu pour expliquer ses actions et dire ce pourquoi il se bat aujourd'hui, après qu'il eut raccroché ses crampons. Toute sa visite dans la wilaya de Boumerdès, durant les journées du lundi et du mardi, a consisté à suivre les opérations pour lesquelles il a contribué financièrement via la Fondation de France. «Un jour, je reçois un coup de fil de Zizou. Il me demande s'il y avait moyen de venir en aide aux sinistrés du séisme de 2003». Celui qui parle ainsi est Henri Emile, l'administrateur de l'équipe de France, championne du monde 1998, qui était à ses côtés lors de la conférence de presse de mardi soir. Il a ajouté: «Ce serait bien de rassembler l'équipe de 1998 pour un matche de charité contre l'Olympique de Marseille». Je lui ai répondu «OK. Nous allons voir ce que nous pouvons faire». J'ai eu immédiatement l'accord de deux chefs de file qui étaient Didier Deschamps et Laurent Blanc. C'est ainsi que le 6 octobre 2003 a eu lieu ce match au stade Vélodrome de Marseille. Un tiers de la recette recueillie a été orienté vers les familles de 10 sapeurs pompiers morts durant l'été 2003. Les deux autres tiers sont allés vers les sinistrés de la région de Boumerdès. Pour cela, Zineddine a remis un chèque de 935.000 euros à la Fondation de France pour qu'elle les répartissent entre diverses associations humanitaires algériennes à savoir Touiza Solidarité, SOS Village et Handicap International. Trois années plus tard, Zidane est donc venu voir certaines des réalisations pour lesquelles il s'était investi. «Ce qui a été accompli ici répond à mon attente». «France 98 a décidé d'aider même si cela se fait modestement». Et l'homme démontre qu'il a un grand coeur surtout lorsqu'il aborde la question du contrat publicitaire signé avec un opérateur algérien de téléphonie mobile. «Je ne suis pas venu me faire de l'argent en Algérie en signant un tel contrat. Cet argent que j'ai gagné restera ici. Il ne quittera pas l'Algérie». A ce moment-là, Henri Emile apporte une précision: «Zizou n'ose pas le dire mais cet argent-là servira aussi à financer des belles causes». Et puis, Zineddine en est venu à parler de ce qu'il ressentait lors de ce séjour. «Je suis heureux d'être dans mon pays, celui de mes parents. Je suis également heureux d'être parmi vous. Depuis mon arrivée, j'ai senti cette grande présence des Algériens auprès de moi. Cela me fait d'autant plus plaisir que ce voyage, je l'ai effectué avec mes parents». A ce moment-là, un de nos confrères de la Chaîne II lui demande s'il peut lui poser une question en kabyle. «Allez-y, je vais essayer de comprendre mais ne me demandez pas de répondre dans cette langue parce que je ne la maîtrise pas bien». Notre confrère s'exécute et Zineddine écoute. A la fin de la question, il s'exclame: «Si j'ai bien compris, vous me demandez si j'ai retrouvé certaines sensations que j'avais connues ici lorsque très jeune je venais avec mes parents». Zidane avait tout compris et la salle s'est mise à applaudir. «C'est vrai. J'ai retrouvé ces sensations lorsque tout petit je venais avec mes parents. Il y a cette ambiance si unique, cette chaleur que l'on ne retrouve pas ailleurs. Il y a aussi ces saveurs comme le pain kabyle ou Ifelfel (piment) que j'ai retrouvées». Inévitablement, il a été amené à parler football lui le plus célèbre des retraités de la planète. Il dit qu'il ne lui manque pas. «Le foot de compétition, c'est fini. Mais pas celui des copains. Avec les amis de 1998, nous avons beaucoup de projets (on apprendra qu'il y aura un tournoi de football en mars 2007 qui se déroulera à Paris-Bercy avec cette équipe)». «Pour ce qui est du football algérien, il a fait part de son regret de le voir tomber si bas. Il y a eu de grosses sensations en 1982. Il faut que cela revienne et redonne de la joie au public. L'Algérien est quelqu'un qui aime le football. Il a besoin d'avoir une grande équipe nationale. Si l'on veut que cela reprenne, il faudra mettre le paquet à la base sur les jeunes catégories». Prié de dire s'il était prêt à venir en aide à ce football, Zidane fera savoir que le plus important serait que la Fédération algérienne prenne contact avec celle de France pour établir une convention de partenariat. A propos du match France-Algérie de 2001, il indiquera qu'il a été heureux de le disputer. «Si j'avais pu marquer, je l'aurais fait car c'est mon métier mais cela ne m'aurait pas fait plaisir». Il ajoutera à propos des supporteurs qui ont envahi, ce jour-là, le terrain du Stade de France: «Ils ne faisaient que s'amuser. Il n'y a rien eu de grave. D'ailleurs, aucun incident regrettable n'a été déploré ce jour-là. Il ne faut pas exagérer un fait qui ne le mérite pas». Prié de dire le pourquoi de sa modestie alors qu'il est une star de dimension planétaire, il affirmera: «Si je suis resté aussi simple, cela est dû à l'éducation et aux valeurs que nous ont inculquées nos parents à mes quatre frères et soeur et moi. Même si je suis célèbre je n'oublie jamais que je suis avant tout un être humain». Et puis dans le même ordre d'idées, il soulignera qu'«un grand footballeur est celui qui est plein de sincérité et qui joue d'une manière naturelle». Pour ce qui est du match USMA-JSMB de ce jeudi dont il donnera le coup d'envoi, il espère qu'«il attirera beaucoup de monde au stade du 5-Juillet. Et puis surtout que ce soit un beau match parce qu'il y a longtemps que je n'en avais pas vu un». Il confirmera enfin que sa visite se terminera bien vendredi après qu'il eut visité le village de ses parents «où j'ai de la famille», mais il indiquera «je ne sais pas quand je le ferai mais je reviendrai à coup sûr en Algérie». On a aussi demandé à Zidane s'il avait été contacté dans sa jeunesse par les responsables du football algérien. «Non, ils ne l'ont jamais fait mais il aurait été difficile pour eux de le faire, puisque je joue avec l'équipe de France depuis les minimes. Il m'était donc impossible d'opter pour le maillot d'un autre pays». Et puis une consoeur italienne a cru bon de lui parler de Materrazzi. Ce dernier constituait le thème de sa seconde question. Après avoir répondu à la première, Zineddine a poursuivi: «cela c'était votre première question. La seconde je n'en parle pas. Passons à la 3e». En somme, pour lui l'épisode Materrazzi est définitivement clos. Signalons enfin qu'un maillot et une casquette de l'Olympique de Marseille lui ont été remis par le président des supporteurs...algériens du club phocéen.