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Rolland Courbis : «Je serais intéressé par un duo avec un entraîneur local»
Publié dans Le Buteur le 06 - 10 - 2010

«L'erreur des Algériens, c'est de s'être comportés comme s'ils avaient remporté le Mondial»
Connu comme étant une des «grandes gueules» dans le milieu du football français, Rolland Courbis n'en a pas moins un grand cœur. Ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille, Lens, Toulouse, Montpellier et même de Bordeaux de Zinédine Zidane, il se dit ouvertement admirateur du football maghrébin en général et algérien en particulier. Entraîner en Algérie l'intéresserait. Il en parle dans cet entretien en étalant ses connaissances sur la question.
Quand on parle du football algérien, quelle image vous vient-elle à l'esprit ?
Quand je pense au football algérien, j'ai à l'esprit Rachid Mekhloufi et Lakhdar Belloumi, des garçons qui «puent» le football. Il y a aussi Mustapha Zitouni, mais j'ai un faible pour Mekhloufi et Belloumi parce que ce sont des créateurs purs de la même trempe que Maradona, Pelé, Platini, Zidane, Cruijff… J'avais 13 ou 14 ans lorsque Mekhloufi était au sommet de son art. Chaque fois qu'il touchait le ballon, j'avais des frissons dans le dos parce qu'il trouvait toujours une solution que nous n'imaginions même pas. Lorsque j'ai eu le plaisir d'entraîneur Belloumi à Endoume pendant quelques mois (en 1991, ndlr), j'ai découvert, en plus d'un gentleman, un joueur qui donnait l'impression d'avoir des yeux derrière la tête. Il voit tout et il comprend tout avant que le ballon ne lui soit arrivé ! On peut ouvrir les centres de formation que l'on veut, ce genre de choses ne s'apprend pas. Ça peut s'améliorer, ça peut se perfectionner, mais ça ne s'apprend pas. On a ce don à la naissance ou on ne l'a pas.
En général, lorsque des entraîneurs ou joueurs étrangers évoquent le football algérien, c'est l'image de Rabah Madjer qui vient à leur esprit. Pour vous, c'est donc Belloumi en premier lieu ?
Madjer ne me déplaît pas, mais je dois le comparer à des joueurs français, je le mettrais dans la catégorie d'un Ginola, c'est-à-dire un garçon doué techniquement, talentueux. Cependant, question intelligence de jeu, créativité et clairvoyance, Belloumi est carrément dans la catégorie des Mekhloufi, Platini et Zidane. Belloumi, je le vois énorme !
Aurait-il gagné, selon vous, s'il avait joué dans un grand club européen ?
Oui. Il aurait très bien pu s'imposer en Europe, mais dans un environnement propice. Pas n'importe où, dans n'importe quel endroit et avec n'importe qui. Comme il est originaire des environs d'Oran, c'est donc un Méditerranéen et il aurait réussi dans un club méditerranéen. Je l'aurais bien vu à Nice, Monaco, Marseille, soit dans le sud de la France.
Vous, l'amoureux de l'Afrique, comment avez-vous vécu la première victoire d'une sélection africaine en Coupe du monde, en juin 1982 en Espagne ?
J'avais vécu la victoire de l'Algérie contre la RFA comme un événement extraordinaire, mais j'avais aussi très mal vécu le scandale du match RFA - Autriche parce que je suis convaincu qu'en cas de qualification au deuxième tour, la sélection algérienne n'en serait pas restée là. Elle avait les moyens d'aller loin dans cette compétition. Là, en évoquant ce moment-là, il me revient à l'esprit un autre grand du football algérien, Mustapha Dahleb. J'ai ressenti la même frustration que lorsque le Maroc, sous la conduite d'Henri Michel, ne s'était pas qualifié pour le second tour de la Coupe du monde de 1998 en France, parce que le Brésil avait perdu contre la Suède par un drôle de concours de circonstances (rires). Cela dit, tous les Algériens et Français d'origine algérienne que je connais autour de moi étaient tellement fiers de cette victoire face à la RFA que ça me faisait vraiment plaisir pour eux.
Avez-vous également eu plaisir à retrouver l'Algérie dans une Coupe du monde, 24 ans après sa dernière participation ?
J'ai suivi ça. Se qualifier pour le Mondial, de surcroît aux dépens de l'Egypte, une grande équipe africaine, constitue un double exploit. De plus, j'ai eu l'occasion d'entraîner ou de bien connaître des garçons comme Saïfi, Bezzaz –qui, malheureusement, s'est blessé après les qualifications-, Belhadj ou Ziani, ce qui fait que j'ai suivi cette campagne de qualifications avec beaucoup de sympathie et d'affection. Cependant, je pense qu'il y a eu une erreur que je trouve compréhensible, mais qui a été fatale : c'était comme si l'objectif était atteint après la qualification. J'avais l'impression que les Algériens se comportaient comme s'ils avaient gagné la Coupe du monde. Il y a eu une CAN correcte en Angola, avec notamment un exploit contre la Côte d'Ivoire. L'Algérie a perdu en demi-finale face à l'Egypte, l'adversaire qu'il ne fallait pas dans ce contexte-là, parce qu'il y avait des airs de revanche. J'ai l'impression que l'Algérie a attaqué la Coupe du monde avec le frein à main levé, comme si on se disait : «C'est déjà bien d'être là.» Les joueurs n'ont pas envisagé la possibilité de réaliser un exploit. C'est dans le premier match, face à la Slovénie qu'il y avait la possibilité de faire quelque chose, mais les Algériens avaient joué à 50 % de leurs possibilités. Il fallait emballer le match, y mettre un brin de folie, quitte à le perdre au final. Lorsqu'ils ont donné l'impression de se réveiller contre l'Angleterre, c'était trop tard. Déjà que la Coupe du monde arrive tous les quatre ans et non pas chaque année, encore faut-il à chaque fois s'y qualifier. Donc, quand on y est, il faut tout donner et non pas se dire que c'est une fin en soi. Cela n'a pas été fait et les Algériens, je le suppose, doivent nourrir des regrets. Or, la pire des choses dans le sport est d'avoir des regrets. Une défaite est une défaite, mais si elle est accompagnée de regrets, cela laisse un goût amer. Dans mon travail, c'est ce que j'essaye d'éviter. Quel que soit le résultat d'un match ou d'une saison ou d'un tournoi, il est important de ne pas avoir de regrets.
Donc selon vous, il faut tout donner pour que, même si on ne réussit, on ne se dira pas qu'on aurait pu mieux faire…
Exactement ! Quand on a vécu des matches comme ceux contre l'Egypte, avec un but encaissé dans le temps additionnel qui aurait pu anéantir psychologiquement les Algériens qui on réussit à se qualifier quand même, c'est un exploit extraordinaire. Mais c'était tellement extraordinaire pour l'Algérie qu'il y a eu décompression par la suite, car les gens croyaient que c'était ça le seul objectif à atteindre.
Vous semblez avoir bien suivi le parcours des Verts, que ce soit en qualifications, à la CAN ou au Mondial. Qu'est-ce qui leur a manqué en Afrique du Sud ?
Un peu de culot. Il fallait se dire : «Il y a toujours une équipe surprise dans une Coupe du monde. Pourquoi pas nous ?» Les Algériens auraient pu se mettre stratégiquement et tactiquement dans une situation d'outsider en déclarant publiquement se servir de ce Mondial pour progresser, mais tout en se disant entre eux, en interne, que l'exploit était possible et qu'il était possible de finir second du groupe.
Surtout qu'il y avait quand même un groupe de qualité où, même s'il n'y avait pas des individualités extraordinaires du genre Belloumi ou Madjer, le collectif était très intéressant…
Tout à fait. De plus, un Mondial sert à révéler des joueurs appelés à devenir extraordinaires. Ziani et Boudebouz ne sont pas extraordinaires, mais ils ne sont pas loin de le devenir. Cela aurait pu arriver, mais nous avons vu une sélection d'Algérie prudente. On ne peut pas critiquer la prudence, mais on peut être prudent et culotté en même temps. Quand on est boxeur sur un ring de boxe, si on se contente uniquement de se couvrir le visage afin de ne pas prendre de coups, on peut terminer le combat sans une égratignure, mais on le perd quand même, car l'essentiel est de donner les coups pour marquer des points et non pas de ne pas encaisser de coups. En Coupe du monde, quitte à se protéger, mais il faut quand même essayer de porter des coups, de faire mal et de faire peur à l'adversaire. Sur le premier match contre la Slovénie, nous –je me permets d'utiliser «nous» j'étais de tout cœur avec l'Algérie- ne lui avons pas fait peur, encore moins mal. Nous aurions pu mieux faire. J'aurais eu beaucoup de plaisir à en discuter avec M. Saâdane qui reste un grand monsieur très représentatif du football algérien.
Vous le connaissez ?
Non, malheureusement. Nous nous connaissons sans nous être jamais rencontrés.
Il est à présent votre confrère puisqu'il s'est reconverti en consultant pour Canal+…
Moi, j'ai appris cela. C'est un homme qui respire la sincérité. Dans les conférences de presse et les interviews, on voit quand même le gars plein de sagesse, toujours mesuré. C'est vrai que j'aurais eu plaisir à discuter avec lui pour lui dire ce que j'ai pu voir dans la phase de qualifications, durant la CAN et en Coupe du monde. Je pense que cela aurait été intéressant d'avoir cet échange, car il y a des choses qui m'échappent dans le comportement de la sélection et M. Saâdane aurait été à même de me les expliquer amicalement et professionnellement. Il y a peut-être des méformes internes de joueurs qui lui ont peut-être compliqué la préparation de ses matches. Nous, nous voyons ce que nous pouvons voir, mais seul l'entraîneur a toutes les données en main. C'est pour ça que je suis très prudent et que je m'abstiens d'apporter des appréciations, car l'entraîneur connaît sûrement des choses qui expliquent et justifient ses choix.
Vous qui vous dites amoureux de l'Afrique en général et du Maghreb en particulier, l'idée d'entraîner une sélection ne vous a jamais traversé l'esprit ?
Disons que mon nom a été cité à plusieurs reprises au Sénégal, au Maroc, en Tunisie et en Algérie, mais je n'ai jamais eu le rendez-vous ou le contact officiel. J'ai reçu beaucoup de coups de fil de gens qui voulaient savoir ce qu'il en était et je leur ai répondu ce que je vous réponds à vous : il n'y a jamais rien eu de précis. Est-ce que ça pourrait m'intéresser ? Pourquoi pas ? Mais encore, faudrait-il qu'il y ait pour que j'en sache un petit plus. J'avais eu, ces derniers temps, un problème avec la justice de mon pays au sujet d'une question fiscale. A présent, cette affaire est close et j'ai payé ce que j'ai eu à payer. En fait, j'ai été redressé pour avoir touché une partie de mes salaires au noir, exonérés d'impôts. J'ai payé les amendes et je suis maintenant tranquille. Je travaille à présent sur RMC et sur la chaîne de télévision BFM-TV. S'il y avait autre chose de grave dans mon affaire, ces médias ne s'afficheraient pas avec moi tous les jours.
Donc, ce n'est pas un crime que vous avez commis, mais seulement une tricherie ?
C'est bien ça. Cela arrangeait mes dirigeants de me payer en partie au noir et j'ai eu le malheur d'accepter. Il y a eu des irrégularités qui arrangeaient mon club et m'arrangeaient aussi. A présent, cela relève du passé. La seule chose que je peux regretter est que cela se fait couramment en France, mais on s'est beaucoup acharné sur moi dans cette affaire. Passons, car je ne suis pas là pour juger ceux qui me jugent. On peut mettre ça dans la case des mauvais souvenirs.
Si un jour l'opportunité se présentait, seriez-vous intéressé par une fonction dans le staff technique de la sélection d'Algérie ?
Si je peux me permettre, je dirais même que ce serait une bonne idée. Je ne me vois pas arriver comme Zorro et avoir la prétention d'y réussir. La réussite d'un sélectionneur étranger ne pourra exister que si elle s'appuie sur un entraîneur local compétent. La réussite de l'équipe sur le terrain viendrait de la réussite de la complémentarité entre celui qui vient de l'étranger et le local, chacun avec ses connaissances et son expérience propres. C'est un tel duo qui peut être redoutable et efficace. Un entraîneur local, pourquoi pas ? Un étranger tout seul, pourquoi pas ? Chacun d'eux pourrait réussir, mais beaucoup moins que s'il y avait une association fructueuse entre le deux. Cela me paraît être la solution la plus efficace dans l'intérêt du football algérien.
Vous avez cité plusieurs joueurs de la sélection algérienne actuelle que vous dites bien connaître. Comment cela se fait-il ?
Disons qu'en étant né à Marseille, j'ai connu beaucoup de joueurs algériens avec qui le courant est toujours très bien passé. C'est pour ça que j'estime qu'un entraîneur français, que ce soit moi ou un autre, peut très bien réussir en Algérie. Nous nous connaissons suffisamment pour ne pas être «étranger» (rires).
Vous avez connu Bezzaz, n'est-ce pas ?
Absolument. Je le trouve très talentueux. C'est un gaucher très technique doté d'une grande vitesse d'exécution.
Quand il jouait en Algérie, on le comparait un peu à Assad…
C'est la bonne comparaison. Tout est dit.
Saïfi ?
Je trouve qu'il fait partie de ces joueurs qui, tout en ayant fait une bonne carrière, est passé à côté d'une très grande carrière. Pour moi, il n'a pas eu la chance d'être au bon club lorsqu'il le fallait.
Il a véritablement éclaté à 34 ans à Lorient. C'était trop tard, selon vous ?
Oui, un petit peu (rires). Cela dit, je l'apprécie beaucoup. Nous nous appelons de temps en temps. Je le fais intervenir parfois dans mon émission à RMC. Il me fait toujours rigoler.
Belhadj ?
C'est un garçon avec un potentiel technique et physique énorme. Il a un grand volume de jeu. Je me demande si on ne devrait pas plutôt l'utiliser dans un registre offensif, dans la position d'un 6 ou d'un 8 dans une organisation avec trois milieux de terrain. Je le verrais mieux comme milieu gauche comme on devrait mieux exploiter sa capacité à faire plusieurs kilomètres dans un match. Même chose pour Ziani : est-il vraiment meilleur sur le couloir droit, comme il joue actuellement ? Moi, j'ai une autre idée sur la manière de bien exploiter son potentiel.
Lui, il préfère jouer plutôt derrière les deux attaquants…
Je lui dirais oui, mais vraiment derrière les deux attaquants car, si on le laissait faire, il serait à un mètre seulement des attaquants (rires).
Vous le préfériez comme milieu relayeur, un peu dans le genre Moussa Saïb ?
Très bonne comparaison ! C'est le poste qui lui conviendrait le mieux.
Un mot sur une star montante dans la Ligue 1, Ryad Boudebouz ?
C'est la pépite d'or ou de diamant à l'état brut. Je crois qu'il faut impérativement trouver le bon attaquant de pointe avec Boudebouz derrière lui. Je vois Boudebouz comme un 9 et demi, pas vraiment à la pointe de l'attaque, mais qu'on arrive à le libérer de toute tâche défensive pour qu'il puisse apporter sa fraîcheur, non seulement dans la création du jeu, mais dans l'activité. Quand on a Belhadj, Ziani, Boudebouz et même Saïfi, même s'il ne joue pas 90 minutes de jeu, ça peut et ça doit faire mal.
Saïfi a pris sa retraite internationale. Vous l'auriez gardé, si vous étiez sélectionneur, ne serait-ce que comme joker ?
Si j'étais sélectionneur, j'aurais eu une discussion avec lui. Il aurait le rôle de grand frère dans le vestiaire.
Un Saïfi dans le dernier quart d'heure, ça peut être utile ?
Oui, beaucoup, et même pour plus d'un quart d'heure. Un Saïfi dans un vestiaire, ça peut servir. Je ne dis pas que c'est pour des années, mais au moins pour les six prochains mois. Il peut assurer la transition avec la nouvelle génération.
Comment expliquez-vous le fait qu'il y ait de nombreux algériens qui étaient marginalisés dans les clubs français et qui ont éclaté une fois qu'ils ont quitté la France, à l'exemple de Bougherra à Gueugnon, Amri à Metz ou Matmour à Strasbourg ?
Ce n'est pas propre aux seuls joueurs d'origine algérienne. C'est le cas de beaucoup de joueurs en France. Vous avez cité Gueugnon et il y a un exemple frappant pour illustrer cette ineptie : le défenseur Aly Cissokko était marginalisé dans ce club et il lui a fallu passer par le FC Porto pour être acheté par l'Olympique Lyonnais pour 15 millions d'euros, alors que Gueugnon n'est pas loin de Lyon ! Cela rappelle le sketch de Fernand Reynaud où, pour avoir New York, il téléphonait à Asnières. Cela dit, le manque de réussite d'un joueur dans un club donné peut s'expliquer par un environnement défavorable. Chaque joueur a besoin d'un certain contexte pour être performant. Nous avons un cerveau qui commande nos actes. Si le cerveau n'est pas dans un contexte de tranquillité, il ne peut rien commander.
Est-ce l'explication qu'on pourrait donner au fait que le gardien de but algérien Raïs Mbolhi Ouahab n'a pas réussi à l'Olympique de Marseille et a dû aller en Bulgarie pour éclater ?
Pas tout à fait car peut-être qu'à Marseille, Mbolhi n'était pas, à l'époque, aussi performant qu'il l'est actuellement. Peut-être que son passage à Marseille l'a aidé à progresser par la suite.
L'ancien président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, nous a révélé, dans un entretien, qu'à l'OM, on a tendance à rejeter les joueurs formés au club…
Le proverbe «Nul n'est prophète en son pays» ne peut pas s'appliquer à l'OM uniquement. Il arrive à tous les clubs de perdre des joueurs qu'ils ont formés.
Un dernier mot sur un joueur que vous avez connu : Zinédine Zidane…
La coïncidence a fait que je l'ai emmené avec lorsque j'étais parti à Bordeaux. Tout le monde sait que, dans mon langage, j'avais l'habitude de donner des surnoms à tous mes joueurs. C'est donc moi qui lui ai donné le surnom de Zizou. Cela vient d'une relation affective entre nous deux. Chez lui, on l'appelait Yazid, mais j'ai trouvé que c'était plus sympa de l'appeler Zizou. Un Didier, je l'appelais Didou, un Marcel, Celou, et donc Zizou, ça lui allait bien.
Le retour de Zidane avec sa famille en Algérie après sa retraite, décrié par certains en France, qu'en pensez-vous ?
Je trouve que c'est une chose tout à fait normale. Les origines de ses parents sont algériennes. Je trouve cela tout à fait logique. De toute façon, même s'il n'était pas retourné en Algérie, il aurait été décrié, car on ne peut pas plaire à tout le monde.


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