«Le football algérien a toujours été bien considéré en Espagne» Ceux qui suivaient le football des années 80 ne peuvent nullement l'oublier. L'attaquant mexicain Hugo Sanchez était l'un des grands avant-centres de l'époque. Même s'il était plutôt «petit» pour un avant de pointe (1,75m), il était d'une efficacité redoutable devant le but. C'est simple : il était l'un des chouchous des supporters, pourtant exigeants, du Real Madrid et cela voulait tout dire. Celui qui s'était rendu célèbre par sa cabriole en salto pour fêter ses buts a été sacré comme Légende de football lundi passé à Monaco, où ses pieds ont été moulés pour que ses empreintes soient exposées à la Promenade des Champions, sur la corniche de Monaco. C'est dans la Principauté que nous l'avons rencontré. Pour commencer, un mot sur votre consécration comme Légende du football international, à l'occasion de la cérémonie de Golden Foot ? C'est un honneur, et même plus, d'être cité parmi les grands qui ont rendu ce sport fabuleux qu'est le football. J'ai eu du plaisir à voir les marques de mes pieds moulées pour être exposées à la Promenade des Champions, à Monaco. C'est une nouvelle réalisation dans mon parcours sportif et ça me fait revenir des années en arrière, à l'époque où j'étais footballeur. Après une brillante carrière en tant que joueur, vous vous êtes converti en entraîneur. Lequel des deux métiers préférez-vous ? Le football a toujours été ma passion et il le restera toute ma vie. Donc, c'est tout à fait naturel que je reste dans le milieu après ma retraite, et je pense que je ne quitterai jamais le monde du football. C'est avec passion que j'ai entamé une carrière d'entraîneur. C'est différent de ce que je faisais, car je suis dorénavant responsable de tout un groupe et de l'évolution de l'équipe sur le terrain, alors que, comme joueur, j'étais responsable de moi-même et de mon jeu uniquement. Au plan de l'émotion, je préfère l'époque où j'étais joueur. On ressent un sentiment indicible lorsqu'on est sur le terrain. Si j'avais à choisir, j'aurais préféré rester encore joueur. Lorsque vous jouiez, vous aviez un style en tant qu'attaquant. Quel est, selon vous, l'attaquant en activité dont le style se rapproche le plus du vôtre ? Je pense à Didier Drogba. Il a une agressivité, dans le sens positif du terme, dans la quête et la conservation du ballon. De plus, il a cette faculté de créer ou de provoquer le danger dans la surface adverse qui était l'une de mes caractéristiques. Il bouge sur tout le front de l'attaque, comme je le faisais à mon époque. Bien sûr, nous n'avons pas la même taille, mais nos styles de jeu sont très proches. La «marque» de Hugo Sanchez, c'était la cabriole que vous faisiez à chaque fois que vous inscriviez un but. Etes-vous encore capable de faire ce geste à votre âge ? Seulement dans la piscine (rires). Plus sérieusement, je suis ravi et fier d'avoir initié un geste technique pour célébrer un but et qui a été, depuis, repris par plusieurs joueurs. C'était une innovation sympathique qui a eu le mérite d'être reprise. N'avez-vous jamais été blessé en faisant cette cabriole ? Non, jamais. En fait, c'est ma sœur qui m'a appris à réaliser ce geste. Gymnaste, elle a même participé aux jeux Olympiques de 1976 à Montréal. D'ailleurs, j'avais moi-même participé à ces jeux, mais avec la sélection de football. Je m'entraînais souvent avec. Donc, cette cabriole est un peu un legs de ma sœur. Quel souvenir gardez-vous du football algérien des années 80, époque où vous étiez joueur et où l'Algérie a participé à deux Coupes du monde, dont une dans votre pays, le Mexique ? C'était une époque dorée du football algérien. Il y avait des joueurs connus et talentueux. Les performances de l'Algérie en Espagne avaient eu un grand retentissement. Il y a eu plusieurs clubs européens qui convoitaient des joueurs algériens. Je crois même qu'il y avait un gardien de but qui évoluait à Majorque… Non, ce n'était pas un Algérien. Il s'agit d'un gardien de but marocain, Badou Zaki. Il y a eu Lakhdar Belloumi qui a joué à Murcie et Rabah Madjer qui a évolué à Valence… Ah, oui ! Madjer, je m'en souviens. Qui ne se rappelle pas de Madjer ? Justement, le FC Porto, club de Madjer, avait affronté le Real Madrid lors de la Coupe d'Europe des clubs champions 1987-1988 et l'Algérien avait inscrit un but à Santiago Bernabeu. Vous souvenez-vous de ce match ? Je me rappelle que nous avions affronté Porto lors de deux éditions de la Coupe d'Europe des clubs champions. La performance de Madjer ne m'a pas étonné, car c'était déjà, à l'époque, l'un des meilleurs joueurs évoluant en Europe. Ce n'était pas n'importe qui. Au cours du match dont vous parlez, il était champion d'Europe en titre avec le FC Porto, grâce notamment à sa fameuse talonnade. Il était et restera l'une des grandes figures de l'histoire du football. Pouvez-vous nous donner votre appréciation sur la participation africaine à la dernière Coupe du monde ? Avant tout, c'était une participation empreinte d'émotion, car c'était la première fois que l'Afrique abritait une Coupe du monde. Nous avons tous vu là-bas à quel point les Sud-Africains avaient mis du cœur pour réussir l'événement et cela faisait plaisir à voir. Les sélections africaines avaient abordé le tournoi avec la volonté et la motivation de s'illustrer sur leurs terres, mais elles n'ont pas eu beaucoup de réussite. Toutefois, elles ont montré un niveau appréciable, surtout qu'aucune d'entre elles n'a été écrasée par un adversaire. Qu'en est-il de la participation algérienne plus particulièrement ? C'était à l'image des autres sélections : il y avait du jeu et la volonté de bien faire, mais il manquait l'efficacité en attaque. Ce n'est pas facile de marquer, j'en sais quelque chose, et je pense qu'il ne faut pas en vouloir aux Algériens d'avoir manqué de réussite. Peut-être que cette carence sera comblée dans le futur.