«Mes idoles étaient Pascal Olmeta et Gaëtan Huard.» «Le plus bel arrêt de ma vie, c'est sur une tête de Mido.» A la retraite, l'ex-gardien de but du Paris Saint Germain, Jérôme Alonzo s'est trouvé une nouvelle passion que le foot, le golf et tout récemment le poker et le rôle de consultant sur Orange Sport. A travers cet entretien, celui qui était considéré comme l'un des meilleurs à son poste en France revient sur une partie de sa carrière et sur sa vie de retraité ! Pourquoi aviez-vous choisi de devenir gardien de but ? Tout a commencé sur un terrain de hand. J'adorais être gardien au hand. C'est finalement assez tôt que j'ai préféré le poste de gardien. Quand j'étais petit, je me suis rendu compte que les filles préféraient les gardiens. Plus que les buteurs. L'attitude était différente, l'habit aussi. Et puis, j'aimais bien, à Noël, j'avais des maillots, des gants en cadeaux. Tout petit, je plongeais aussi sans me faire mal. Ce qui n'est pas gagné d'avance. Vous aimiez le hand, le foot et le basket. Finalement, pourquoi avoir opté pour le foot ? A un moment donné, je pense que quand on est petit, le choix se fait naturellement. J'ai eu la chance d'avoir des parents intelligents qui m'ont fait pratiquer plusieurs sports. Le foot, en compétition, est venu naturellement. C'est là où je me sentais bien. En poussins et pupilles, j'étais joueur de champ. Je m'identifiais aux grands joueurs, je serrais les poings quand je marquais. Je n'aurais jamais pu être joueur de champ, je m'en rends compte aujourd'hui. Je voulais être un mec qui fait de beaux arrêts, faire le show ! A l'époque, souhaitiez-vous déjà donner une image différente à ce poste de gardien ? Mes idoles étaient Pascal Olmeta et Gaëtan Huard. C'étaient des gardiens vraiment à part, qui faisaient des arrêts extraordinaires. J'avais des modèles qui n'étaient pas des modèles standard. Ils faisaient n'importe quoi. Ils prenaient le ballon et ils partaient marquer un but. Moi, je l'ai fait une fois à Saint-Etienne, et on a pris un but. Après j'ai arrêté. Cette image de gardien atypique qui vous a rapidement collé à la peau vous plaisait-elle ? Plu ou pas plu, c'était comme ça et je l'ai accepté. Par contre, j'ai la prétention d'avoir été un précurseur sur certaines choses. Comme les arrêts de volleyeurs qu'on nous montre maintenant à la télé. Moi, ça fait quinze ans que je le fais. Je me rappelle exactement comment ça a commencé. C'était contre une équipe de D2, Wasquehal. On jouait au Stadium Nord, qui est aujourd'hui le stade de Lille. Devant 300 spectateurs en plein hiver. Il y avait une plaque de verglas sur quasiment l'ensemble de ma surface. Quand ils ont vu ça, ils m'ont bombardé. La première frappe vicieuse, je la prends, je me blesse les coudes… Et la frappe d'après, je la tape façon volleyeur et la balle part très loin. Ça n'existait pas à l'époque. Et j'ai vu les adversaires bouche bée. Puis c'est passé dans les mœurs. C'était du Alonzo, c'était comme ça. Il y avait des gardiens, comme Köpke, qui avaient tendance à ne jamais bloquer les ballons. Vous, c'était encore autre chose ? Andreas (Köpke), c'était la sobriété même. Sans aucune prétention, la technique pour garder les ballons, je l'avais. Mais j'ai compris, je pense avant les autres, que la décision, le choix de garder ou pas, je devais le faire avant. Et j'ai compris que tu prenais plus de risque à garder un ballon qu'à faire une manchette pour mettre le ballon en corner. J'aimais bien aussi arrêter les frappes à bout portant avec les pieds, un peu comme un handballeur. J'aimais bien aussi la claquette au dessus de la barre et l'arrêt avec la main opposée sur ma gauche en partant avec la main droite. Y a-t-il un arrêt en particulier qui vous revient en mémoire ? Lors d'un OM-PSG, une tête à bout portant de Mido que je dévie sur le poteau et qui sort derrière moi. Je la sors de ma bonne main cette fois ! Je crois que c'est le plus bel arrêt de ma vie. Il y a quelques années, vous nous aviez annoncé vouloir passer en dessous du handicap 5 au golf. Où en êtes-vous ? On en est à six malheureusement. Parce que je suis con, que je suis têtu et que je pense que je peux y arriver sans prendre de leçon alors que c'est impossible. Il me faut un prof, parce que le golf est l'un des sports les plus exigeants au monde. Et sans leçon, tu ne peux pas y arriver. Pendant des années, j'ai pensé que c'était possible, mais en fait pas du tout. Pour arriver à sept ou huit de handicap, il faut un prof à temps plein. C'est pour 2011. Là, je n'ai pas trop le temps, mais au printemps 2011, ça va ch… grave (rires). Qu'est-ce qui vous manque aujourd'hui pour passer cette barrière ? Je sens que techniquement, je suis arrivé au bout du chemin, seul. Je ne peux plus progresser techniquement. Je régresse même, car je commence à entrer dans un cercle vicieux où je m'énerve, où je sens que ma prise n'est pas bonne et où je fais des écarts de quarante mètres sur un coup. Quand je joue un drapeau là et que je mets ma balle dans une maison là-bas. C'est très frustrant. Golfiquement, j'ai passé un été vraiment pourri. Le pire depuis que je joue. Donc il a fallu que mes copains me mettent dans la tête, et que je prenne conscience moi-même, que le golf, c'est avec un prof. Mais est-ce une fierté d'en être déjà arrivé là sans faire appel à un professeur ? D'être arrivé quasiment seul à huit, oui, c'est une fierté. J'ai pris des leçons pendant un an et demi avec un ami. J'ai bossé pendant deux ans pour grappiller deux ou trois points entre neuf et six. Et je suis arrivé à neuf tout seul. Passez-vous encore plus de temps aujourd'hui qu'avant sur les greens ? Non, paradoxalement, beaucoup moins. Car mon activité, entre Orange Sport et d'autres choses, me prend beaucoup de temps. J'arrive à jouer une fois par semaine au maximum, mais c'est plutôt une fois tous les quinze jours en ce moment. C'est plus devenu du golf loisir. Vous entraînez-vous toujours avec les meilleurs Français, ou bien est-ce devenu un peu plus difficile aujourd'hui ? Je suis toujours très ami notamment avec Grégory Havret, qui a fait une très grosse saison. Heureusement pour lui et malheureusement pour moi, il est donc très rarement sur les mêmes parcours que moi. Il a battu Tiger Woods cet été à l'US Open, je suis très fier de lui. Je suis régulièrement ses performances. Mais c'est un vrai pro, pas un prof. Il est tellement discret comme garçon qu'il se garde bien de me donner quelques ficelles. Et niveau poker, où en êtes-vous ? J'ai beaucoup de patience au poker, mais je suis toujours aussi mauvais perdant. J'ai payé pour apprendre, au poker plus qu'ailleurs. Quand tu joues mal un coup, que tu fais un bad beat, il y a de quoi s'énerver. Il faut comprendre qu'au poker, même si elle a un rôle important, il n'y a pas que la chance. Dans les moments importants, même un grand champion ne gagnera pas un grand tournoi s'il n'a pas eu deux ou trois coups sur lesquels il n'était pas favori mais où il a su inverser les stats. C'est le jeu, je l'accepte. Au début, ça me rendait fou. Mais aujourd'hui, j'ai compris qu'il y a des truffes qui vont tout payer parce qu'elles ne savent pas jouer et qui ne vont jamais bluffer car elles n'ont aucune notion de rien. Et que, finalement, c'est très dur de battre sur le court terme un mauvais joueur. Et ça, ça me rend fou. Je suis tombé quelquefois sur des mongoliens du poker qui me ruinaient le cerveau. Mais j'ai appris à l'accepter à en rire, et ça va mieux. Méthodologiquement, tu es plutôt un joueur qui va prendre son temps, qui jette son tapis à outrance ou qui se couche ? J'ai tout essayé. J'ai essayé «serrure». Tu ne perds pas mais tu ne t'éclates pas. J'ai essayé ultra agressif et je me suis rendu compte que ce n'était pas là où j'étais le meilleur. En fait, je suis un peu l'Agassi du poker. C'est-à-dire que c'est en contre que je suis le meilleur. J'étudie, je laisse venir, je peux rentrer avec une main moyenne, même si ma main préférée reste six-cinq, car c'est pour moi une main à potentiel énorme. Finalement, je me suis rendu compte que les mains comme as-roi ou as-dame, ce sont des mains où tu peux perdre beaucoup et gagner assez peu. Les écarts se font sur des mains marginales. Il faut jouer en position, et idéalement avec trois, quatre joueurs dans le pot. Pouvez-vous nous raconter vos débuts de consultant sur Orange Sport ? J'ai été accueilli magnifiquement bien, comme au sein d'une nouvelle équipe de football. Tout se passe super bien. Ils m'ont mis à l'aise de suite. Je suis là pour apprendre. J'arrive avec la prétention de rien. Je sens que je progresse à chaque émission, même si j'étais d'entrée relativement à l'aise car j'ai mon franc-parler et je pense que c'est ce que les gens attendent de moi. Ils n'attendent pas de mots savants. Je travaille ma diction car quand je suis passionné par un sujet, j'ai tendance à parler vite. On est un peu un groupe de rock : on traverse la France et on est toujours dans notre bus, notre hôtel, notre avion. C'est la vie que j'aime. Surface ? On nous promettait deux numéros, et aujourd'hui on est là depuis deux ans. Donc bien le bonjour à ceux qui ne croyaient pas en nous. Et nous n'avons pas fini de vous surprendre. L'aventure ne fait que commencer.