«Si ma situation ne change pas, je prendrai une décision et j'en parlerai au président» Considéré, il y a à peine trois mois de cela, comme l'un des grands espoirs du football algérien et, surtout, l'un des meilleurs gardiens, le jeune portier de la JSK, Malik Asselah, aura connu une descente aux enfers que personne n'aurait imaginée. Relégué sur le banc des remplaçants depuis la sévère défaite concédée à Béjaïa, l'enfant d'Ighil Imoula, très déçu par cette situation et la façon avec laquelle on s'est conduit avec lui, ne désespère pas néanmoins de vite retrouver sa place et répondre de la meilleure des manières à «ses détracteurs», dit-il. Evitant les médias depuis ce triste match, l'ancien Hussein-déen a choisi Le Buteur pour s'exprimer pour la première fois sur cette situation qu'il est en train de traverser. Un entretien exclusif qu'on vous invite à lire. Tout d'abord, on aimerait savoir pour quelle raison vous aviez décidé de ne plus vous adresser aux médias et de vous éclipser, après avoir perdu votre statut de titulaire ? La raison est simple. J'ai voulu avant tout fuir la pression et me mettre à l'écart pour ne pas créer de problèmes. Aussi, pour éviter les malentendus et ne pas compliquer davantage ma situation. Après notre défaite à Béjaïa, tout le monde m'a tiré dessus, me désignant comme seul responsable de la débâcle. Donc pour éviter d'autres ennuis, j'ai préféré me faire discret. D'ailleurs, c'est la première interview que j'accorde depuis ma mise à l'écart. Justement, il y a à peine 3 mois de cela, vous étiez considéré comme le héros de la JSK, notamment après vos brillantes prestations en Ligue des champions africaine, mais voilà que la situation s'est complètement inversée et vous vous êtes retrouvé sur le banc. Comment vivez-vous cela ? Je ne vous cache pas que je vis très mal cette situation. Ce n'est pas parce que je doute de mes capacités, loin de là, mais c'est la manière avec laquelle les choses se sont déroulées qui ne m'a pas plu. On m'a fait porter le chapeau de la défaite face à la JSMB et cela m'a beaucoup affecté. Soyez plus explicite… Ce que je veux dire, c'est que je n'étais pas seul responsable de cette défaite à Béjaïa et qu'il n'est pas juste de me viser aussi lourdement. On est une équipe et tout le monde a sa part de responsabilité. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas la première fois que la JSK perd des points, après chaque participation à une Coupe d'Afrique. Ça a toujours été ainsi, donc je ne vois pas pourquoi on en a fait toute une montagne à cause d'une telle défaite. Cependant, Je dois dire aussi que j'ai eu vent qu'on allait me mettre sur le banc avant même ce match. Au tout début, l'entraîneur Geiger voulait vous mettre au repos l'espace de deux voire trois matchs, mais finalement ce ne fut pas le cas, puisque depuis ce match face à la JSMB, vous n'avez plus rejoué. Qu'avez-vous à dire ? Tout à fait. Au début, le coach était venu me voir pour me dire qu'il allait me mettre au repos pour deux rencontres, afin que je puisse récupérer et me remettre de mes émotions. Evidemment, je n'ai pas trouvé d'inconvénient à cela et je lui ai dit que je respectais sa décision, tout en lui expliquant que tout le groupe était en baisse de forme, pas moi seulement. Mais voilà que par la suite, les matchs se sont enchaînés et je n'ai plus jamais retrouvé ma place. C'est d'autant plus frustrant qu'une certaine presse en a profité pour me casser carrément. Mais vous savez très bien qu'à la JSK, la pression des médias existe depuis toujours ? Oui, je le sais, et ce n'est pas ça le problème. J'accepte les critiques, la pression, tout…, mais pas qu'on me dénigre de la sorte. Vous soupçonnez un complot contre votre personne ? Il est clair qu'il y a des personnes qui m'attendaient au tournant pour me tirer dessus. Vous visez qui par là ? Certains journalistes qui, apparemment, n'ont pas apprécié le fait que je joue à la JSK. Ils s'attendaient à ce que j'échoue en Coupe d'Afrique. Hélas pour eux, ce ne fut pas le cas. On a dit aussi que vous êtes très en colère par rapport à votre nouvelle situation, est-ce vrai ? Non, non, pas du tout. C'est vrai qu'aucun joueur n'aimerait perdre sa place de titulaire, mais malgré tout, je suis resté calme et je n'ai pas trop voulu créer de problèmes. Avez-vous discuté avec le coach concernant cette situation qui, apparemment, pourrait durer encore longtemps ? Non, on n'en a pas parlé. J'attendais justement à ce qu'il vienne me voir et m'explique ses choix, car au début, il m'avait dit que ça n'allait être que pour deux matchs au maximum. Mais finalement, il n'en fut rien. Il ne m'a jamais rassuré, surtout que c'est à cause de ses choix que je me suis retrouvé éjecté de la sélection nationale aussi. Peut-être que Berrefane a tenu son rôle et c'est ce qui expliquerait sa décision de ne plus vous reconduire en tant que titulaire ? Je ne vais pas minimiser de la valeur de Berrefane, mais il faut dire que la situation est quelque peu différente par rapport à ce qu'elle était au début. L'équipe, à présent, retrouve peu à peu sa force, et c'est évident qu'elle ne va pas encaisser tous les matchs 3 ou 4 buts. Je veux juste dire qu'il fallait m'accorder au moins un maximum de matchs en championnat pour me juger de manière juste et loyale. Quels sont vos rapports avec Berrefane justement ? On a de bons rapports. On s'entraîne ensemble et il n'y a aucun problème. Peut-on dire qu'Asselah est victime de la forte médiatisation qu'il n'a pas su gérer, notamment après le bon parcours réalisé en LDC ? Oui, c'est exactement ça. Venir du NAHD, avec qui j'ai joué la relégation, intégrer la JSK et jouer directement la Ligue de champions africaine fut pour moi un acheminement assez bizarre et nouveau. Les bons résultats qu'on a enregistrés dans cette compétition nous ont propulsés au-devant de la scène et il est clair que c'était difficile pour moi de réaliser ce qu'il m'arrivait. Chaque nouveau joueur qui vient à la JSK a besoin d'un temps d'adaptation, notamment lorsqu'il est jeune et qu'il manque d'expérience à ce niveau. Etant gardien de but, c'est d'autant plus compliqué. Je voudrais ajouter une chose. Oui, allez-y… Tout récemment, le portier titulaire de l'EN, Rais Mbolhi, a commis une bourde énorme en Coupe d'Europe avec son club qui lui a coûté la défaite. Donc suivant la logique de certains, on devrait le mitrailler et le mettre au placard. Et qu'est-ce qu'on dira alors des cinq buts encaissés par Casillas face au Barça et des multiples erreurs commises par Victor Valdes ? Soyons logique et ne blâmons pas toujours les gardiens de but, surtout en Algérie. N'avez-vous pas pensé à en parler avec le président Hannachi ? Au début, j'ai pensé à lui parler, mais par la suite, j'ai changé d'avis. Votre mise à l'écart a conduit le sélectionneur de l'EN A', Abdelhak Benchikha, à vous priver du dernier stage et à ne pas mettre votre nom sur la liste des 40 joueurs présélectionnés pour le prochain CHAN. Comment avez-vous pris cela ? J'ai été déçu. Il faut savoir que depuis que cette sélection des A' a vu le jour, j'en ai toujours fait partie. Dire que l'occasion de jouer le CHAN s'est réellement présentée à moi, mais je perds ma place. C'est frustrant à un point inimaginable. En tout cas, je dois dire que je m'attendais un peu à ce que Benchikha ne me fasse pas appel. Certains disent que Benchikha aurait dû, au moins, vous retenir dans la liste des 40, puisque d'ici à l'entame du CHAN, vous pourriez bien retrouver votre place de titulaire à la JSK et par là même votre véritable niveau… C'est une décision du sélectionneur et je me dois de la respecter, même si je dois avouer que ça me tenait à cœur de prendre part à ce CHAN. Vous a-t-il expliqué ses choix ? Non, non. Vous savez très bien qu'en football, il n'y a pas de sentiments. Je suis encore jeune et je garde toujours l'espoir de revenir en sélection par la grande porte. Malgré votre mise à l'écart, la JSK continue à perdre bêtement des matchs… Cela démontre que le problème n'est pas moi uniquement. Comme on peut gagner tous ensemble, comme on peut aussi perdre tous ensemble. C'est ça le foot. Avec le temps, tout rentrera en ordre. Ne regrettez-vous pas d'avoir choisi la JSK, sachant que plusieurs clubs vous avaient sollicité l'été dernier ? Non, non, pas du tout. Je ne regrette pas du tout mon choix. J'ai eu la chance de jouer une Coupe d'Afrique, de m'aguerrir et de vivre des moments de bonheur extrêmes. Beaucoup disent que vous êtes un bon gardien, mais comme vous avez fait une formation de basketteur, vous ne pourrez pas progresser davantage. Que répondez-vous ? Oui, on en parle souvent et ça me dégoûte. Vous savez, quand on est bien, tout le monde te félicite, mais quand tu régresses un peu, on te tombe dessus, en te sortant des idioties pareilles. Belloumi, lui aussi, a fait une formation de basketteur. Regardez la carrière qu'il a faite. Allez lui poser la question. Je me suis entraîné sous la coupe de plusieurs entraîneurs de gardiens but, à l'image de Uliane, Harb, Toual, Boumaâchouk et bien autres et ils peuvent vous dire ce qu'ils pensent de moi. Si la situation reste inchangée durant les prochaines semaines, un départ au mercato est-il envisageable ? Si je continue à ne plus jouer, il est clair que je prendrai une décision et j'en parlerai au président. Je suis un compétiteur et rester toute une saison sur le banc ne m'arrangera pas et freinera certainement mon ascension. Y a-t-il des clubs qui vous ont contacté récemment ? Oui, quelques-uns. Mais dans ma tête, je suis toujours à la JSK. Peut-on connaître des noms ? Pour l'instant, je préfère ne rien dévoiler pour éviter d'être accusé de faire du chantage. Ma priorité à l'heure actuelle est de tout faire pour retrouver ma place et répondre à mes détracteurs. Après le départ de Mahrez, c'est Izri qui est désormais chargé de s'occuper des gardiens… J'ai déjà travaillé sous sa coupe lorsque j'étais avec l'EN militaire. Il me connaît bien et il sait de quoi je suis capable. Maintenant, la décision revient au coach. On verra de quoi sera fait ldemain.