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Chaouchi «J'espère que mes excuses seront acceptées cette fois»
Publié dans Le Buteur le 08 - 12 - 2010

«En Angola, j'ai joué avec deux blessures contre la Côte d'Ivoire. Au Mondial, ils m'ont ignoré, car ils avaient Mbolhi»
Bien qu'il ne soit pas habitué à se livrer à la presse, le gardien de l'Entente de Sétif, Faouzi Chaouchi, a accepté de nous accorder cette longue interview pour nous parler notamment de sa situation avec l'Equipe nationale. Même s'il persiste à affirmer qu'il n'a rien fait de grave qui puisse lui coûter sa place en EN, Chaouchi a présenté une nouvelle fois ses excuses, en espérant qu'elles seront prises en considération.
Tout d'abord, comment se porte Chaouchi ?
Plutôt bien avec l'Entente en ce début de saison. On a certes échoué en Ligue des champions, mais les deux matches nuls en aller-retour contre Mazembe montrent qu'on est passés à côté d'une occasion en or d'adjuger le sacre final. Cela dit, on est en train d'apprendre, ce sera le cas aussi pour la prochaine édition de la Ligue des champions à partir du mois de mars prochain.
Etes-vous satisfait de votre rendement en ce début de saison et comment vous jugez-vous ?
Je suis pratiquement à 70 % de mes capacités, je suis régulier et je ne commets plus d'erreurs comme avant. J'espère continuer sur la même voie pour revenir le plus vite possible à la sélection.
Sentez-vous qu'il y a une différence de forme que vous affichiez lors des éliminatoires de la Coupe du monde et celle de maintenant ?
Je ne crois pas qu'il y ait de différence, le niveau est le même. Chaouchi de 2009 est celui de 2010, sauf qu'il a gagné en maturité. J'essaie de contrôler mes réactions. Je pense toujours à l'avenir alors qu'avant je ne réfléchis pas aux retombées de mes actes.
Vous faites l'objet de réactions hostiles à chacune de vos sorties. Quel est votre commentaire ?
Celui qui veut déverser sa colère, il le fait sur Chaouchi. Je ne comprends toujours pas mon tort. Lorsque je suis sur le terrain et je vois que tout le stade me cible et certains sur la main courante font dans la provocation afin de me faire sortir du match, je me dis peut-être que c'est moi qui ai mis délibérément le ballon au fond des filets lors de la rencontre contre la Slovénie. Ou peut-être que l'Egypte m'a marqué un but à Oum Dourmane sur un petit pont. Je ne dis pas que j'ai fait grand-chose ou rendu service à l'Algérie, c'était plutôt un devoir. Les gens doivent savoir que, nous aussi, nous avons des familles qui ne méritent pas d'être insultées de cette façon. Qu'ils oublient ce que nous avons fait pour les Verts, mais qu'ils me traitent comme tous les autres. L'Entente est pratiquement l'Equipe nationale, pourquoi alors seul Chaouchi est leur cible privilégiée ? Je n'encouragerai jamais les gens à insulter mes camarades, ce qui ne se fait pas. D'ailleurs, je ne cesse de me demander ce que j'ai fait pour que les supporters se retournent subitement contre moi dans tous les stades, comme s'ils s'étaient donné le mot. Il y a aussi beaucoup choses que les gens ignorent.
Comme quoi par exemple ?
Quand je réponds à ceux qui s'en prennent à moi en dehors du stade, ils me qualifient d'un gars non éduqué. Que veulent-ils au juste ? Que je me taise lorsqu'ils m'insultent ? Je les laisse à leur conscience.
On a l'impression que certains ont oublié ce que vous avez fait au Soudan. Quelle est votre réaction ?
Ce que nous avons réalisé ce jour-là ne s'oubliera jamais. Chaouchi a été l'homme du match parce que 15 000 supporters étaient derrière lui et des millions d'autres de tout leur cœur. Les martyrs insultés sur les chaînes de télévision égyptienne ne quittaient pas mon esprit. Lorsque j'ai revu le match, je me suis rendu compte que j'ai fait des choses inconsciemment comme embrasser le ballon. Tout cela parce que j'étais concentré sur une seule chose : voir 36 millions d'Algériens dans les rues. Dieu merci, notre vœu a été exhaussé. Ce n'est pas un service que nous avons rendu à l'Algérie. Il aurait eu peut-être un autre Chaouchi dans les bois ce jour-là et aurait qualifié les Verts, d'autant plus qu'on la méritait cette qualification au vu de notre parcours. Je n'irai pas jusqu'à supplier les gens pour qu'ils cessent de me provoquer, mais s'ils ont l'intention de continuer à le faire, je leur répondrai que je ne crains pas la pression. Si cela avait été le cas, je n'aurais jamais choisi de devenir footballeur.
Pourquoi n'avons-nous pas assisté à cette campagne la saison passée par exemple ?
Parce qu'il y avait la Coupe du monde à l'horizon. A cette époque, certains ont failli m'encourager même au détriment de leur propre équipe. Aujourd'hui que tout est terminé, tout est permis. Des fois, j'entends toutes sortes de bêtises au point de perdre mon sang-froid. Ont-ils oublié qu'on est des êtres humains ?
Cela est peut-être dû à cette image de joueur indiscipliné que vous véhiculée. Certains prétendent que vous avez commis des choses graves lors de la Coupe du monde…
Qu'ils me disent exactement ce que j'ai fait ! Je suis quelqu'un d'éduqué, je suis à cheval sur mes prières. Il est vrai que sur le terrain je suis différent, il arrive que je perde mon sang-froid, mais en dehors du terrain, je suis lucide. Demandez à Hachoud (il était assis à côté de lui) ou un autre camarade, ils vous le confirmeront. Je suis quelqu'un de très calme, les gens qui viennent prendre des photos avec moi me le répètent à chaque fois et sont même étonnés : «On ne savait pas que vous êtes comme ça !» Cela me fait mal bien évidemment, car les gens ont une mauvaise image de moi. Je ne suis pas un voyou ni quelqu'un à problèmes. En ce qui concerne la Coupe du monde, rien de grave ne s'est passé. Je peux vous relater ce qui est arrivé réellement.
Allez-y !
Moi, je voulais jouer, mais le médecin a dit que j'étais blessé et que je souffrais du ménisque. Il m'a demandé de me reposer. Je lui ai répondu que je me sentais capable de jouer contre l'Angleterre. Pourquoi m'ont-ils ménagé lors de ce match alors que je leur ai clairement signifié que j'étais capable de jouer et n'ont pas fait de même en Angola contre la Côte d'Ivoire où j'ai joué avec deux blessures ? A cette époque, ils n'avaient pas d'autre choix, car tous les autres gardiens sont issus de notre championnat. Ils ne voulaient pas s'aventurer en faisant confiance à Zemmamouche, Gaouaoui ou Ousserir. Moi, si j'ai joué c'était pour l'intérêt de mon pays. Mais en Coupe du monde, en présence de Mbolhi, ils m'ont ignoré. Cela ne fait pas partie de mes prérogatives, mais tout ce que je dirai, c'est que j'étais capable de jouer.
Et que s'est-il passé par la suite ?
Le médecin de l'équipe m'a assuré que j'étais capable de jouer, alors que Chalabi a insisté pour que je ne participe pas à ce match. On a fait un test la veille de la rencontre dont le résultat a révélé que j'étais prêt à prendre ma place. J'étais content, mais lors de la réunion technique, on m'avait appris que je n'avais pas le droit de jouer. Je n'ai pas compris d'où venait le problème, de moi ou d'eux ?
C'est parce que vous avez mal agi envers le médecin, non ?
Je suis Algérien, et ça m'a fait mal de rester sur le banc, alors que l'Algérie avait besoin de mes services. La blessure dont je souffrais au genou pouvait me coûter toute ma carrière, mais je n'y ai pas pensé un instant. En football, généralement, c'est le joueur qui refuse le risque au cas où il ne serait pas fixé sur sa blessure, mais dans mon cas, c'est moi qui ai insisté pour jouer. Y a-t-il un problème à cela ?
Que s'est-il passé avec le médecin Chalabi ?
J'ai insisté pour avoir des explications, mais il me fuyait. S'ils avaient tranché dès le début que je n'allais pas jouer, je n'aurais rien dit.
Avez-vous parlé avec Saâdane ?
Franchement non, lorsque j'ai déclaré que je n'avais aucun problème avec Saâdane et Raouraoua, je savais de quoi je parlais. Il n'y avait rien entre nous. Le problème se limitait avec le médecin de l'équipe avec qui je me suis accroché verbalement, un point c'est tout.
Mais il semble qu'il s'est passé quelque chose de plus grave du moment que votre sanction n'a pas pris fin jusqu'à maintenant ?
Je suis le premier concerné et je dirai que je n'ai rien fait de méchant, et celui qui pense le contraire n'a qu'à m'affronter.
Votre aventure avec l'Equipe nationale s'est terminée après cette première rencontre contre la Slovénie suite à cette bourde que vous avez commise. Cela vous fait-il mal aujourd'hui ?
Je souhaitais avoir une autre chance pour me rattraper car je me voyais en mesure de sortir de grands matches, mais ils ont décidé autrement. Pis, j'ai porté l'étiquette de joueur indiscipliné. Celui qui veut dire des choses pareilles ne doit pas se cacher, mais qu'il se montre et m'affronte car je n'ai pas tué et je n'ai pas commis de crime. Tout ce qu'il y avait c'était un accrochage avec le médecin de l'équipe pour l'intérêt du pays. Et si j'étais vraiment blessé, il aurait fallu prendre les choses du côté positif du fait que je me suis sacrifié pour mon pays. Et ce n'est pas de cette façon qu'on doit me remercier.
Vous ne faites pas partie des 40 joueurs présélectionnés en prévision du prochain CHAN, que pensez-vous ?
C'est une décision prise par l'entraîneur que je respecte. De mon côté, je continuerai à travailler le plus normalement du monde au sein de mon équipe. Mais la vie continue... Je remercie du fond du coeur le public de l'Entente qui m'a vraiment soutenu.
Ne pensez-vous pas que cette énième absence de la sélection signifie que le problème est beaucoup plus grave ?
Je répète, je n'ai rien fait. Malgré cela, j'ai demandé des excuses. S'ils les acceptent qu'ils me le disent. Si c'est non, qu'ils me le disent aussi, car ma situation est toujours floue.
Etes-vous prêt à présenter des excuses à nouveau ?
Je le dis par le biais de votre journal, tout le monde est exposé à l'erreur. Je suis Algérien, mon sang est bouillonnant. J'espère que ce qui s'est passé ne se reproduira plus jamais. Je présente des excuses à nouveau, et je souhaite qu'elles soient acceptées cette fois-ci et que la page Chaouchi soit tournée une fois pour toutes.
Vous sentez-vous sanctionné ?
Tout indique que je le suis, même s'il n'y a rien d'officiel. Si sanction il y a, j'espère qu'elle sera levée. Et comme il y a des joueurs qui ont réintégré l'Equipe nationale, j'espère que ce sera le cas pour moi.
Avez-vous parlé avec Serrar de votre situation ?
Tout à fait. Je lui ai tout raconté. Il m'a dit que je retrouverai le groupe du moment qu'il n'y a rien de grave.
Ressentez-vous une certaine frustration, vous qui faites de grands matchs, alors que vous savez que vous ne serez pas convoqué en sélection ?
Moi, je remplis comme il se doit mon devoir sur le terrain. Le public sétifien est satisfait de mon rendement et c'est l'essentiel. J'ai la conscience tranquille. Maintenant si un jour je suis convoqué, personne ne s'opposera à la Volonté de Dieu.
Qu'avez-vous fait avant le match contre les Etats-Unis ?
Rien, j'étais tellement affecté après le match de l'Angleterre que je suis resté dans ma chambre. Je n'ai parlé à personne, je montais toujours le premier pour dormir, je n'ai fais de mal à personne.
Après la Coupe du monde, avez-vous demandé des explications ?
Non, je ne suis pas du genre à me plaindre lorsque je ne joue pas. Pourquoi j'ai protesté contre Chalabi ? Parce que je voulais jouer du moment que je me sentais capable de participer.
Nourrissez-vous des regrets, après votre passage en Equipe nationale ?
Je ne regrette rien, je n'ai pas fauté. Si c'était à refaire, je ne changerais rien, car j'ai été honnête.
Y a-t-il quelqu'un qui vous a fait du mal ?
Non, personne, et même si c'était le cas, je ne suis pas rancunier.
Si vous avez un message à faire passer à Raouraoua, que lui diriez-vous ?
Que je n'ai pas de problème avec lui ni avec Saâdane ou une autre personne en sélection. Je suis comme tous les joueurs algériens qui attendent cette chance. Si elle se présente à moi, j'en serai heureux. Je suis encore jeune et je continue à travailler. Je ne suis pas trop affecté par cette absence et je souhaite le grand bien pour les Verts, que ce soit avec ou sans moi. Je souhaite une victoire contre le Maroc pour que la joie revienne de nouveau chez les supporters algériens.
Avez-vous suivi les matchs des Verts et que pensez-vous de leurs derniers résultats ?
Comment voulez-vous que je rate les matchs de la sélection ? Ne suis-je pas un Algérien ? Vous savez, c'est avec un pincement au cœur que je la vois jouer. Je la soutiens de toutes mes forces. Lors des derniers matches, on manquait de hargne, et je suis persuadé qu'il ne s'agit que d'un passage à vide. La grande joie sera contre le Maroc
Le retour de Lemmouchia, comment le voyez-vous ?
J'étais content pour lui, c'est quelqu'un qui aime son pays. J'espère que je le rejoindrai. L'espoir existe toujours et c'est bien que Lemmmouchia ait été rappelé.
Vous souhaitez donc affronter le Maroc ?
Absolument ! Certains me disent : «On veut vous voir jouer le match contre le Maroc et vous allez nous qualifier là-bas.» Cela me pousse à travailler davantage. Je me dis même que cela pourrait se produire.
Qui vous soutient dans ces moments difficiles ?
Le public sétifien et mes coéquipiers à l'Entente.
Pouvez-vous circuler dans les rues d'Alger ou de Sétif sans être abordé ?
Vous savez, je suis quelqu'un de modeste et je respecte même les petits. J'ai souvent entendu : «On ne vous croyait pas comme ça !» Cela me fait mal, car je suis quelqu'un de bon au fond. L'amour des gens, c'est ce que l'on retient le plus. Ce qui compte pour moi, c'est de véhiculer une bonne image de ma personne.
Qu'espère corriger Chaouchi dans sa carrière de footballeur ?
Je veux être moins nerveux sur le terrain et jouer calmement. Mais que voulez-vous, je suis comme ça. Je joue avec hargne et je veux toujours que mon équipe gagne.
Que retenez-vous de votre visite en Egypte au mois de juillet dernier ?
Les gens étaient merveilleux avec moi. Alors que j'étais dans un centre commercial, on est venu me solliciter pour des photos et des autographes et j'ai répondu à toutes les demandes avec modestie. Les Egyptiens ne cessaient pas de répéter que j'ai joué un grand rôle dans la qualification de l'Algérie en Coupe du monde.
Avez-vous des contacts de l'étranger ?
Beaucoup de contacts ! Mais j'aimerais savoir qui est cette personne qui me poignarde à chaque fois dans le dos. C'est un Algérien qui cherche à me nuire, car à chaque fois qu'une équipe s'intéresse à moi, il n'y a pas de suite.
Peut-on savoir de quelles équipes il s'agit ?
Des équipes françaises et belges m'ont officiellement contacté. Je préfère ne pas les nommer, puisque rien n'a été tranché pour le moment. J'espère qu'on m'oublie un peu et qu'on me laisse vivre tranquillement.
Croyez-vous vous débarrasser de cette étiquette de joueur indiscipliné ?
Lorsqu'on m'oubliera.
Que voulez-vous ajouter à la fin ?
Je ne souhaite que du bien à l'Equipe nationale, que ce soit avec ou sans moi. La vie continue et j'ai beaucoup appris de mes erreurs. J'espère qu'on va gagner la Coupe de l'UNAF pour l'offrir à Hadj Aïssa qui est comme un frère pour moi. Il a souvent débloqué la situation dans plusieurs matchs. Je salue tous les habitants de Bordj Menaïel. Maintenant si l'équipe accède, je retournerai au bercail et j'oublierai l'étranger (il rit). Je souhaite l'accession du CSC en Ligue1, surtout pour Hamadou Yacine et Zmit Zoubir. J'aime cette équipe et son merveilleux public. Si elle accède, je ferai la fête avec eux jusqu'à 4h du matin, comme c'était le cas avec El Harrach. J'aime aussi ce club, non pas parce que mon père y a joué, mais le CSC et l'USMH ont des publics très chauds.
Dans le cas où la direction du CSC vous invite à assister à l'un de ses matchs, répondriez-vous à cette invitation ?
Absolument, et cela à la première occasion. Je vais souvent à Constantine chez Hamadou. Je veux les affronter en amical devant 60 000 Sanafir. Je suis persuadé que ce sera un match fou. Personnellement, je rêve d'une finale de Coupe d'Algérie contre le CSC au stade 5-Juillet. (Hachoud intervient : «C'est une finale de rêve, c'est mon idée qu'il m'a piquée»).


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