«Pour l'instant, rien n'a changé pour les clubs et nous sommes toujours amateurs» Ces jours-ci, une vive polémique est enclenchée sur l'application du professionnalisme et ce, à l'approche de la fin de l'année lorsque l'on sait que toutes les formations doivent procéder à l'ouverture du capital de la SPA, pour être en conformité avec les dispositions réglementaires citées dans le cahier des charges. Lorsqu'on a évoqué le sujet avec le président du CRB qui, par son expérience, maîtrise parfaitement ce volet, il nous dira : «Je ne vous cache pas que tous les clubs sont dans le flou dans l'application du professionnalisme, car il y a une grande confusion dans l'application des textes. Sans un débat ouvert et qui nécessite des décisions politiques, on ne pourra rien faire et la situation restera telle qu'elle est, car il ne faut pas se voiler la face.» «Pour l'instant, rien n'a changé pour les clubs et nous sommes toujours amateurs» Mahfoud Kerbadj s'est même étalé sur la situation actuelle des clubs, dont le sien évidemment. Pour lui, rien n'a changé par rapport aux précédentes saisons. «Il faut qu'on soit réaliste et que l'on se demande qu'est-ce qui a changé pour les clubs par rapport aux précédentes saisons ? Je peux vous dire que la situation est toujours la même. Nous sommes toujours des clubs amateurs, et il nous est impossible de passer au professionnalisme sans l'ouverture d'un débat et trouver des solutions pour pouvoir réellement mettre en application le professionnalisme, et je suis responsable de ce que je dis.» «Un club ne peut toucher au capital de sa SPA pour payer les joueurs» D'autre part et du côté des clubs, certains leur reprochent de refuser d'ouvrir le capital aux investisseurs au moment où ils se plaignent du manque des moyens financiers pour payer les joueurs et subvenir à leurs besoins. «Je pense que les gens ignorent complètement ce que signifie réellement l'ouverture du capital de la SPA. Même s'il y aura des investisseurs qui mettront de l'argent pour l'achat des actions, et quelle que soit leur valeur, le club ne pourra toucher au capital de sa SPA pour payer les joueurs. A vrai dire, le capital est une sorte de garantie envers les banques, pour avoir des crédits d'investissement, par exemple. Si un club touche au capital de la SPA, et même si sa valeur est estimée à des milliards, il n'aura qu'à déposer son bilan car la SPA va déclarer faillite. Donc, il ne faut même pas imaginer qu'un club puisse puiser dans le capital de sa SPA pour subvenir à ses besoins. Lorsqu'on a un bon capital, on dit, dans le jargon du commerce, que la SPA devient banquable», dira le président du Chabab. «Qu'on nous donne les dix milliards et je procéderai à la nomination d'un DG de la SPA et d'un responsable de la sécurité» Toujours dans le même contexte, Kerbadj a tenu à répondre à ceux qui se demandent pour quelle raison le DG de la SPA n'a pas été désigné jusqu'à présent. A ce sujet, le premier responsable du Chabab nous dira : «On doit faire la différence entre le poste de PDG d'une entreprise et celui de DG. Sachez que je ne peux en aucun cas postuler au poste de DG de la SPA, car la personne désignée doit être payée, alors que moi je suis fonctionnaire et je ne peux cumuler les fonctions. Selon le cahier des charges, on nous demande de désigner un DG et un responsable de la sécurité, mais il faut savoir que nous n'avons pas de quoi les payer, pour la simple raison que nous n'avons pas reçu les dix milliards promis par les pouvoirs publics. Certes, nous sommes tenus par les obligations du cahier des charges, mais à la fois on doit avoir l'argent qui nous revient de droit.» «L'Etat ne se désengagera pas du mouvement associatif. Pour quelle raison nous bloque-t-on les subventions pour subvenir aux besoins des jeunes catégories et des autres sections ?» Le président du Chabab, et pour illustrer la confusion qui règne dans l'application des textes du professionnalisme, a cité l'exemple de la subvention de l'APC que le club devait percevoir, mais qui reste toujours bloquée, bien que l'APC ait délibéré pour que le club bénéficie de cet argent. «Il n'est un secret pour personne que l'Etat ne se désengagera pas du mouvement associatif, et seule la section football est concernée par le professionnalisme. Et même au sein de la section football, les jeunes catégories ne sont pas incluses. Donc en tant que président du CSA, j'ai besoin de cette subvention qui nous revient de droit afin d'honorer nos engagements envers les autres sections et les jeunes catégories. Le professionnalisme n'engage donc que le football, cette situation nous pénalise. Et puis, la décision d'application du professionnalisme vient juste d'être mise en vigueur, alors que la subvention à laquelle on a droit concerne la saison sportive 2010/2011, et durant toute la saison sportive 2009/ 2010, on a dépensé de l'argent pour subvenir aux besoins du club. On ne demande donc que l'argent qui nous revient de droit», affirme Kerbadj. «Le capital de la SPA sera ouvert avant la fin du mois en cours» Pour ce qui est du capital de notre SPA, qui est actuellement de l'ordre de 100 millions de centimes, le président du CRB nous dira : «Je vous annonce officiellement que le capital de la SPA sera ouvert avant la fin du mois et nous avons entamé les procédures nécessaires auprès du notaire pour mettre en œuvre cette opération. D'ailleurs, nous serons contraints d'ouvrir le capital, car on aura à l'avenir des ressources financières, et ce capital de la SPA ne saurait rester à 100 millions de centimes. Au risque de me répéter, le problème du professionnalisme ne se résume nullement au capital de la SPA. Pour ce qui est des investisseurs, je vous ai déjà déclaré que nous sommes en contact avec des investisseurs, et ceux qui veulent acheter des actions seront les bienvenus.» «Pour que le professionnalisme réussisse, il faut des décisions des hautes instances» Kerbadj reste toutefois convaincu que pour réussir l'instauration du professionnalisme, il faut des décisions des hautes instances. «Vous parlez des investisseurs, je vous affirme que même eux sont dans le flou et hésitent à s'engager avec les clubs. Pour vous citer un autre exemple de l'application des textes du professionnalisme, vous savez bien que le MJS a décidé d'octroyer aux clubs une parcelle de terrain de deux hectares, mais je crois savoir que le wali d'Alger aurait adressé une correspondance au MJS dans laquelle il a expliqué que des clubs comme l'USMA, le MCA et l'USMH ont déjà bénéficié chacun de parcelles de terrain d'une superficie d'un hectare au cours des années précédentes, au même titre que le CRB qui a bénéficié du Caroubier. Je comprends bien qu'à Alger il n'y a pas de terrains, mais puisque les hautes instances ont décidé de nous en attribuer deux hectares, pour quelle raison donc on veut attribuer aux clubs un hectare seulement. D'ailleurs, pour le CRB, je tiens à vous dire que nous n'avons en notre possession aucun document qui prouve que le Caroubier nous a été attribué. Il faut donc chercher des terrains dans les wilayas limitrophes, à l'image de Boumerdès et Tipaza, pour que les clubs puissent bénéficier de superficies de deux hectares. Et pour que le professionnalisme réussisse, il faut des décisions des hautes instances pour faire face à la bureaucratie que les clubs rencontrent.»