L'avènement du professionnalisme en Algérie a été accueilli avec beaucoup de satisfaction de la part des techniciens locaux et surtout étrangers. C'est le cas de l'actuel entraîneur du MC Alger, Alain Michel, qui n'a pas manqué de signaler que cette politique, de surcroît appliquée dans les grands pays européens, est la meilleure solution pour hisser non seulement le niveau du championnat mais surtout permettre aux clubs de créer des sociétés par actions solides avec une base financière prospère. Toujours est-il que la réalité du terrain ne permet pas d'avancer à pas de géant pour professionnaliser le football en sens propre du terme. C'est le constat qu'a fait le technicien français après huit journées du démarrage du championnat de Ligue 1 algérienne. “Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on va parvenir à professionnaliser le football en Algérie. Il faut des étapes à franchir et des paramètres à réaliser. Certes, les pouvoirs publics ont obligé les clubs à se conformer aux cahiers des charges dès cette saison. Le but recherché est de parvenir à ce que les clubs peuvent s'autosatisfaire sur le plan financier avec l'ouverture des capitaux aux grands investisseurs. Mais entre les textes et les habitudes, il faudra un certain temps pour y arriver”, déclare-t-il. Et d'ajouter : “En France, le processus a été déclenché en 1932 alors que l'Angleterre avait une marge d'avance. En Algérie, la volonté existe, et les textes sont là pour le prouver. Je pars du principe que les clubs doivent subvenir à leurs besoins et abandonner toute idée d'une aide financière des pouvoirs publics. Chaque équipe doit avoir ses règles pour s'autofinancer et à mon avis, ce sont de bons principes”, enchaîne Michel qui du reste a constaté avec beaucoup d'amertume que les habitudes de l'amateurisme n'ont pas changé chez certains clubs. “Certains clubs se sont dotés de bonnes assises alors que d'autres n'ont pas réussi à attirer de grands investisseurs. Les habitudes n'ont pas trop changé à vrai dire et de ce fait, il faut obliger les clubs à ouvrir leurs capitaux afin de se doter des meilleurs moyens financiers au risque de tomber dans une crise certaine”, fait-il savoir. “Dans les années 1980, on a obligé les clubs en France à créer des sociétés anonymes tout en prenant le soin de leur acquérir les droits de retransmission comme moyen de finance. Ceci dit, une commission de contrôle surveillait ces clubs et si l'un d'eux ne se conformait pas aux exigences et des obligations de la compétition, il sera rétrogradé illico presto. Et cette politique a fonctionné comme sur des roulettes. Il faut inculquer aux clubs que le football relève du domaine du privé et qu'il est impératif de savoir ramener les fonds nécessaires en ouvrant les capitaux aux personnes intéressées. C'est une société par actions et chacune d'elle trace son programme et les objectifs assignés. Il y en a qui privilégie la formation et vendre par la suite des joueurs talentueux. D'autres veulent gagner des titres et dépensent beaucoup pour le conquérir, d'autres par contre préfèrent jouer les petits. C'est chacun son budget et sa politique. C'est dire que chaque club avait une politique tracée, chacun jouait dans son court. Et c'est ce qu'il faut imprégner dans le championnat algérien. Il est vrai que ce n'est pas toujours évident d'atteindre le but escompté du jour au lendemain.” Pour Alain Michel, et malgré l'avènement du professionnalisme, le problème financier est toujours d'actualité. “À ce que je sache, un club professionnel est sommé à verser des salaires à ces employés, aux joueurs et autres. Sans parler des budgets accordés à la formation. Tout cela doit être géré dans la transparence. Mais la réalité est autre. Et c'est pour cette raison qu'il faut changer les mentalités et les habitudes en même temps. Que chacun assume ses responsabilités en se conformant aux cahiers des charges, sinon ce n'est pas la peine de franchir ce palier du développement footballistique.” À la question de savoir si le paysage footballistique a changé après l'avènement du professionnalisme, Alain Michel est catégorique : “Il est resté le même. Comme je vous l'ai déjà dit, les textes et les structures existent, mais les habitudes et les mentalités n'ont pas changé. Et c'est le point qu'il faut impérativement régler. Cela doit changer si on veut que ça progresse. Les entraîneurs n'auront plus à se lamenter avec ces histoires de joueurs impayés. Ce sont des problèmes supplémentaires à gérer. Je vous ai dit, il n'y a pas de recette magique pour devenir professionnel. Il y a des démarches à suivre et des exigences à remplir. Et si on arrive à remplir de telles exigences, là, on pourra parler du professionnalisme. Je ne dis pas que l'ensemble des clubs algériens ont déjà failli, mais il y en a qui ont réussi à bâtir une assise solide et vont progressivement vers le professionnalisme. Donc, aux clubs de savoir gérer les choses et de se conformer aux exigences nécessaires. Ce n'est pas sorcier car la volonté existe”, conclut-il.