Passé par la Suède, le Portugal et l'Italie, Eriksson collectionne les titres depuis des années, aussi bien au niveau national qu'européen. Passé par la Suède, le Portugal et l'Italie, Eriksson collectionne les titres depuis des années, aussi bien au niveau national qu'européen. Plus près de nous, le technicien suédois a œuvré en tant que sélectionneur national sur trois continents. Compte tenu de son immense expérience, on pourrait le croire blasé ; on aurait tort. Eriksson totalise pourtant trois participations à la Coupe du Monde de la FIFA et 17 titres majeurs, dont deux Coupes UEFA remportées avec Benfica et la Lazio. Il compte également une finale de Coupe d'Europe des clubs champions à son actif. En trois décennies, il a dirigé quelques-uns des plus grands joueurs de la planète, de Christian Vieri à Hernan Crespo, en passant par David Beckham et Didier Drogba. Fraîchement débarqué à Leicester City, le Suédois s'est vu confier pour mission de ramener le club en Premier League. Pour FIFA.com, il revient sur sa décision de rejoindre les Foxes, les meilleurs moments de sa carrière et la possibilité pour lui de participer à une quatrième Coupe du Monde de la FIFA consécutive, dans quatre ans au Brésil. «Je veux vivre une 4e Coupe du Monde au Brésil» «Tôt ou tard, Manchester City va remporter le championnat» Cela fait maintenant deux mois que vous êtes à Leicester City. Etes-vous heureux de travailler à nouveau au quotidien en tant qu'entraîneur ? Oui, je suis très content. C'est un club très sympathique. Ici, il y a beaucoup de tradition, un bon stade, de bons équipements et de très bons supporters… beaucoup de très bons supporters ! Leicester a l'ambition de revenir au plus vite en Premier League. C'est un défi qui me convient parfaitement. Pourquoi avez-vous accepté l'offre des dirigeants de Leicester ? A cause de l'identité de ce club, de son ambition et du défi à relever. L'objectif est donc de revenir en Premier League au plus tôt. D'après ce que vous avez pu observer jusqu'à maintenant, comment jugez-vous l'écart entre le Championship et l'élite du football anglais ? Il n'est pas aisé de gagner son billet pour la Premier League mais je crois que le plus difficile, une fois qu'on est promu, c'est de se maintenir à l'étage au-dessus. Toutes les équipes qui montent sont obligées de se renforcer. C'est un exploit d'accéder à la Premier League ; c'est un exploit encore plus grand de s'y maintenir. Après vos passages à la tête de l'Angleterre, du Mexique et de la Côte d'Ivoire, beaucoup de gens voient en vous un sélectionneur avant tout. Pensez-vous que le grand public a oublié un peu vite votre parcours en tant qu'entraîneur ? (rires) Je n'en sais rien ! Quand on est à la tête de l'équipe d'Angleterre, on reçoit énormément d'attention. Certains commentaires sont flatteurs, d'autres beaucoup moins. C'est normal car il s'agit peut-être du poste le plus exposé au monde. C'est en tout cas l'un des plus importants. Une telle expérience a évidemment un gros impact sur votre renommée. Gardez-vous un bon souvenir de votre expérience en tant que sélectionneur anglais ? Très certainement. J'ai apprécié chaque journée. Où vous êtes-vous le plus épanoui, que ce soit sur le plan humain ou professionnel ? C'est difficile à dire. J'ai vécu de très bons moments à Göteborg et j'ai obtenu d'excellents résultats. J'ai beaucoup apprécié mon séjour à Benfica, qui reste un très grand club. J'étais aussi très heureux à la Lazio, qui m'a permis d'enrichir mon palmarès. Il y a aussi l'équipe d'Angleterre. Aujourd'hui, je me plais beaucoup à Leicester. Je crois que je me suis toujours senti bien, quel que soit le cadre dans lequel j'ai été amené à travailler. Ceci étant dit, j'étais d'autant plus heureux que les résultats étaient au rendez-vous. Vous avez évoqué la Lazio. Vous y avez connu Roberto Mancini en tant qu'adjoint. Aujourd'hui, il entraîne Manchester City, votre ancien club. Selon vous, a-t-il les moyens de réussir dans un club de cette envergure ? Tôt ou tard, Manchester City va remporter le championnat. Ça pourrait même arriver dès cette saison car le classement est très serré. J'ai déjà eu l'occasion de répondre à cette question, sur le ton de la plaisanterie : Mancini est sûrement le meilleur homme pour ce poste… après moi ! Vous avez disputé trois Coupes du Monde de la FIFA consécutives en tant que sélectionneur, ce qui n'est pas un mince exploit. Avez-vous pris le temps de profiter de ces moments uniques ou la pression est-elle trop forte pour prendre du recul ? Dans ma carrière, je n'ai rien connu de plus beau que de prendre part à une Coupe du Monde. J'ai eu la chance d'en disputer deux avec l'Angleterre et une avec la Côte d'Ivoire. C'est une expérience magnifique, de la première à la dernière minute. Le football est omniprésent. Vous vous retrouvez sur la plus grande scène du monde avec votre équipe. Malheureusement, l'élimination est toujours très difficile à vivre. J'ai connu ça avec l'Angleterre, en quarts de finale à chaque fois, et avec la Côte d'Ivoire, au premier tour. Mais cela n'enlève rien au caractère éminemment festif de cette manifestation. Vous avez été nommé sélectionneur de la Côte d'Ivoire deux mois et demi avant le début de la Coupe du Monde de la FIFA. Cette arrivée tardive a-t-elle compliqué les choses ? Ce n'est pas le terme que j'emploierais. En effet, j'ai rarement eu l'occasion de travailler avec un groupe aussi joyeux que celui-là. Les Ivoiriens passaient leur temps à chanter et à danser. Toutefois, cette bonne humeur n'a jamais nui à la qualité de notre travail car ils étaient très sérieux. Je regrette simplement de ne pas avoir eu un mois supplémentaire pour bien préparer ce tournoi. Nous avons tout fait dans l'urgence et la blessure de Drogba n'a pas arrangé les choses. Malgré tout, je pense que nous avons réussi une belle Coupe du Monde. Nous sommes tombés dans un groupe très difficile. Quels enseignements les joueurs peuvent-ils tirer de leur expérience sud-africaine ? Que peut espérer la Côte d'Ivoire dans les années à venir ? Comme beaucoup d'autres pays africains, la Côte d'Ivoire a besoin de stabilité. Pour être honnête, les dirigeants ivoiriens m'ont proposé un contrat de quatre ans mais je ne pouvais pas accepter. Les grandes équipes se qualifient assez facilement pour la Coupe d'Afrique ou la Coupe du Monde. Ces pays changent généralement d'entraîneur au moment d'aborder la phase finale. Je pense que ce n'est pas la bonne façon de procéder. La continuité est un élément important. Si j'avais un conseil à donner aux dirigeants africains, c'est de miser sur le long terme. Comment expliquez-vous le succès de Ghana, qui a été l'équipe africaine la plus performante en Coupe du Monde de la FIFA 2010 ? Je ne sais pas. C'est une bonne équipe. Avant le début du tournoi, j'avais dit que les équipes africaines allaient briller devant leur public. Malheureusement, cela ne s'est pas vérifié pour la Côte d'Ivoire mais le Ghana a réussi un beau parcours. L'atmosphère vous a-t-elle paru différente pour cette première Coupe du Monde de la FIFA africaine ? Je pense que cette expérience a été très positive pour l'Afrique du Sud et pour le football africain en général. L'organisation a été très professionnelle. Les stades étaient pleins et l'ambiance était au rendez-vous, surtout avec ces fameuses trompettes ! Les deux dernières éditions avaient été confiées à l'Allemagne, au Japon et à la Corée du Sud, trois pays connus pour leur sens de l'organisation. Tout s'était très bien passé, peut-être même un peu trop bien. Quoi qu'il en soit, l'Afrique du Sud a parfaitement relevé le défi. La prochaine Coupe du Monde de la FIFA aura lieu au Brésil, un grand pays de football. Que représenterait pour vous le fait de participer à l'épreuve suprême pour la quatrième fois de suite ? Pour le moment, je suis très heureux à Leicester. Maintenant, je serais bien incapable de vous dire ce qui peut arriver d'ici quatre ans. Qui sait ? J'aimerais bien être du voyage au Brésil mais cette idée ne m'obsède pas. Je suis très satisfait de mon sort et je n'ai pas de raisons d'aller voir ailleurs. Je pense que nous allons assister à une belle fête au Brésil. Ce serait sympathique de participer, même en tant que simple spectateur. Le Brésil et le football sont indissociables. Si c'était à refaire, que changeriez-vous à vos trois participations à la Coupe du Monde de la FIFA (2002, 2006 et 2010) ? J'aurais dû prendre un psychologue avec moi en 2006, ne serait-ce que pour gérer les séances de tirs au but. Je regrette de ne pas l'avoir fait. Et si j'avais remplacé Drogba quelques minutes plus tôt dans le match amical contre le Japon, il ne se serait pas blessé (rires) ! Au cours des quatre dernières années, la psychologie a pris une place de plus en plus importante dans le football. Quel regard portez-vous sur cette évolution ? A mes yeux, il s'agit d'un changement important. Il y a vingt ans, les psychologues s'occupaient uniquement des gens malades. C'est du moins ce que pensait le grand public. Pour progresser, un footballeur doit faire travailler ses muscles ; il doit maîtriser l'aspect tactique ; il doit développer son corps pour être plus rapide et plus puissant. Il me paraît donc logique de faire aussi travailler son cerveau. Tout au long de votre carrière, vous avez travaillé avec de grands attaquants. Où se situe Drogba par rapport à eux ? Drogba est fantastique. Il m'a beaucoup étonné sur le plan humain. Quand il joue pour Chelsea, il lui arrive de perdre son sang-froid. On se dit alors qu'on a affaire à quelqu'un d'arrogant. En réalité, ce n'est pas du tout le cas. Il est extrêmement sympathique. Je l'admire beaucoup, à la fois en tant que footballeur et en tant que personne. Il s'investit beaucoup pour le bien de son pays, y compris sur le plan financier. C'est un homme charmant et très intelligent. Lorsque vous étiez sélectionneur de l'Angleterre, vous avez fait de David Beckham votre capitaine. Que pensez-vous de lui, que ce soit en tant que personne ou sur le plan professionnel ? C'est un garçon fantastique. Il a beaucoup de points communs avec Drogba : il est gentil, intelligent et très, très professionnel. Il donne toujours le meilleur de lui-même. Il pense aussi beaucoup aux autres. Il donne beaucoup aux œuvres de bienfaisance, à commencer par ses propres fondations. Pour devenir une star mondiale, il ne suffit pas d'avoir du talent. Drogba et Beckham ont quelque chose en plus, que les autres n'ont pas. Appelons ça du charisme.