Chetioui : «S'il décide d'aller ailleurs sans notre accord, il sera bloqué.» Une certitude : Idrissa Coulibaly aurait dû réfléchir par deux fois avant d'apposer sa signature sur le document que lui tendait un dirigeant du Ahly de Tripoli. A priori, seulement a priori, le fameux document en question serait en réalité un contrat en bonne et due forme, et non un engagement, comme le croyait le Malien au départ. Celui-ci, qui était parti à Tunis, lundi, pour négocier son arrivée à l'Espérance, a vite déchanté. Et pour cause, les dirigeants espérantistes, qui voulaient en savoir plus sur son affaire avec Al Ahly de Libye, ont découvert le pot aux roses ! Idrissa Coulibaly est officiellement qualifié au Ahly sur la foi d'un contrat en bonne et due forme signé par le joueur et dont un fac-similé leur a été envoyé pour dissiper tout doute. Le vice-président de l'EST, Zoheir Benour, qui a tenté une approche hier, a été refroidi par l'insistance de Smaïl Chetioui, le président d'Al Ahly, qui a fait valoir le fameux contrat, appuyé d'une clause libératoire à hauteur de 2 millions de dollars. De quoi tordre le cou à toute tentative d'enrôler le libéro. L'EST tient toujours à recruter Coulibaly, tout comme le Club Africain, mais pas au prix fixé par Al Ahly de Tripoli. Les deux clubs tunisiens ne sont pas prêts à faire des folies pour se payer Coulibaly, d'autant plus que la prime qui reviendrait au joueur est assez conséquente. Chetioui menace de le bloquer Smaïl Chetioui, que nous avons joint au téléphone, donnait l'air de s'impatienter au vu de l'ampleur prise par cette affaire. D'un verbe tranchant, à la limite menaçant, le dirigeant libyen fait de cette affaire une question de principe. «C'est un accord d'hommes. Il n'y a jamais eu de combine. On n'acceptera jamais qu'il souille notre réputation», vociférait Chetioui au bout du fil face à la détermination du Malien à ignorer le contrat signé, il y a quelques jours. L'un dit, l'autre contredit, l'un menace, l'autre n'abdique pas, les deux parties jouent actuellement au jeu de la «vérité si je mens», tant on ne sait vraiment pas qui a tort et qui a raison, même si au vu des documents exhibés par Al Ahly, ce dernier pourrait obtenir gain de cause si jamais l'affaire venait à être confiée au TAS. La procédure du vice-président d'Al Ahly et de l'agent algérien fait tache Reste après à prouver la bonne foi de la procédure entreprise par les dirigeants du Ahly et du manager algérien qui faisait l'intermédiaire, pour arracher la signature du joueur. Car si l'on croit Coulibaly, celui-ci s'était fait rouler, pour reprendre un peu ses dires, dans cette affaire. On lui aurait, a priori, fait croire qu'il signait un contrat d'engagement seulement lorsqu'il apposait sa signature au bas d'un document transcrit en arabe dans son intégralité, qui se trouve être le contrat officiel. Comme le défenseur ne comprend pas un traître mot d'arabe, il était loin de se douter qu'en signant ce document, il s'engageait officiellement pour deux ans et demi à Al Ahly de Libye. C'est du moins sa version. Idrissa Coulibaly dit avoir été trahi par l'agent algérien, censé défendre ses intérêts dans cette transaction. Il semblerait que les 550 000 dollars qu'Al Ahly était prêt à mettre sur la table ont ébranlé la lucidité du joueur, au point d'ignorer le reste. --------------------------------------------------- Chetioui : «S'il décide d'aller ailleurs sans notre accord, il sera bloqué» Smaïl Chetioui, le président d'Al Ahly de Tripoli, se dit prêt à aller loin dans ce conflit l'opposant à Idrissa Coulibaly, pour faire valoir les droits de son club. Il le dit sans ambages : «Si Coulibaly s'entête à aller signer ailleurs, je le bloquerai». Voilà qui mérite d'être dit. Entretien. Idrissa Coulibaly se trouve à l'heure qu'il est en Tunisie, pour négocier avec les dirigeants de l'Espérance de Tunis, êtes-vous au courant ? Oui, j'ai été informé de cette affaire. Je trouve bizarre qu'il ait consenti de négocier avec les Tunisiens, alors qu'il sait pertinemment qu'il s'est engagé avec nous. Il aurait dû faire preuve d'honnêteté et les mettre au courant de notre engagement. Qui vous a informé des tractations avec les dirigeants tunisiens ? Un dirigeant de l'Espérance. Il m'a appelé ce matin pour en savoir davantage sur cette histoire. Apparemment, il a eu vent de l'engagement du joueur avec nous, il voulait confirmer ça. Quelle a été votre réponse ? Etes-vous prêt à négocier ? J'ai été clair sur ce point dès le départ. Celui qui veut s'attacher les services de ce joueur n'a qu'à racheter son contrat. Sa clause libératoire est fixée à 2 millions de dollars. C'est non négociable ! Mais le joueur dit ne pas prendre acte de ce contrat, qu'il nie n'avoir jamais signé… Ah bon ! Pourtant, il l'a bel et bien signé. Il le sait très bien. Lui affirme avoir signé un contrat d'engagement, est-ce le cas ? Non, il a signé un contrat en bonne et due forme. Vous pensez que j'irai jusqu'à Tizi Ouzou en personne négocier un précontrat ? Jamais ! D'habitude, je charge mes collaborateurs de négocier les transferts, mais cette fois, comme il s'agit de nos amis de la JSK, j'ai préféré aller moi-même conclure. Nous avons envoyé un fac-similé au joueur via la JSK. Le président de section l'a bien lu avant de le montrer au joueur. On lui a bien expliqué qu'il s'agissait d'un contrat et non d'un précontrat, mais il l'a signé quand même. Pour moi, sa signature prouve qu'il était satisfait des clauses du contrat. Nous sommes un club respectable. Nous ne permettrons à quiconque de souiller notre réputation. Nous avons les moyens de faire signer qui nous voulons. On n'a pas besoin de recourir à ce genre de démarche. Lui avez-vous versé une avance ? Je vais être sincère ! Je lui ai proposé de lui avancer une partie de son dû à la signature du contrat, mais il a refusé. Il m'a affirmé qu'il voulait toucher son argent une fois à Tripoli, j'ai dit OK ! Voilà tout. Que se passera-t-il s'il s'entête à signer au profit de l'Espérance ou du Club Africain ? Qu'il assume alors les conséquences de ses actes. Dans ce cas, il commettra la fâcheuse erreur de signer pour deux clubs différents. Je pense qu'il est assez intelligent pour savoir ce que prévoit la réglementation dans ce cas de figure. Nous ne sommes pas prêts à ignorer le contrat qu'il a signé chez nous. On ira au TAS si cela est nécessaire, j'en fais une question de principe.