l «90 % des pilleurs sont des voisins» Nacer Bouiche, le patron d'Adidas Algérie, a été directement touché par les manifestations du week-end dernier. Son magasin à El Biar a été partiellement saccagé par des pilleurs, alors que le dépôt de Chéraga n'y a pas échappé aussi. Depuis Dubaï où il séjourne actuellement, l'ex-meneur de jeu du Mouloudia nous livre ses sentiments et fait un petit bilan des pertes qui ne sont pas encore estimées. Vous êtes sans doute parmi les plus touchés par les récentes manifestations qui ont secoué la capitale, vos magasins ont été saccagés et pillés, comment avez-vous réagi ? C'est quinze ans de sacrifices qui sont partis en fumée en l'espace d'une heure par la faute d'une bande de voyous guidés par la bêtise. C'est un acte irréfléchi. Ils n'ont pas pensé aux dizaines d'employés qu'ils ont envoyés au chômage. Aux nombreuses familles à qui nous versions des salaires, leur unique source de revenus. C'est vraiment lamentable. Vous vous trouviez à Dubaï à l'heure des faits, comment avez-vous appris la nouvelle ? Ce sont mes employés qui m'ont mis au courant. J'étais resté informé de l'évolution de la situation. J'ai même vu des scènes via Internet. J'étais resté bouche bée devant ces images. Avez-vous évalué le degré des dégâts, avez-vous estimé en chiffres vos pertes ? Il est difficile à l'heure qu'il est de faire une évaluation. Après, les pertes au niveau du magasin d'El Biar ne sont, disons, pas trop importantes, quoi qu'il y ait eu de la casse sur l'une des façades. C'est au niveau du dépôt de Chéraga que les pertes sont plus conséquentes. Je ne saurai avancer de chiffres mais ils ont tout pris, y compris le matériel informatique. On dit que vous avez réussi à identifier certains pilleurs, est-ce vrai ? En effet, grâce aux caméras de surveillance, nous avons pu identifier la majorité de ces voleurs. Ce qui m'affecte le plus, c'est que 90% d'entre eux sont nos voisins. Nous leur avons proposé à maintes reprises des promotions exceptionnelles dont eux seuls bénéficiaient en leur qualité de voisins. Ils ont quand même tout saccagé et volé dans un élan de violence sans précédent. Les images vidéo se passent de tout commentaire. Des jeunes encagoulés, munis de barres de fer et de sabres, qui défoncent les portes du magasin en plein jour, no comment ! Je préfère ne pas entrer dans les détails, laissant les services de police mener leur enquête. Les personnes identifiées vont comparaître devant la justice, êtes-vous prêt à leur pardonner ? Jamais ! Je ne pourrai jamais pardonner à ces gens qui ont brisé quinze ans de dur labeur. Ce projet, je suis parti de la case zéro pour le monter. Et voilà qu'aujourd'hui je me fais poignarder dans le dos par des voisins à qui je ne vouais que du respect. C'est affligeant. Personnellement, comment accusez-vous le coup ? Je suis dégoûté par tout ce que j'ai vu. Je suis dégoûté de voir que la bêtise humaine peut, en moins de trois quarts d'heure, réduire à néant quinze ans de travail honnête et d'envoyer au chômage une centaine d'employés. A l'heure où je vous parle, je m'apprête à aller courir un peu, dans l'espoir de me changer un peu les idées. Vraiment, je suis écoeuré par ce qui s'est passé.