«Avec les billets qu'on nous a réservés, on a encouragé l'Algérie» Nul doute qu'aucun Algérien ne pourra oublier ce fameux mercredi 18 novembre 2009. Ce jour-là, l'EN avait réussi à arracher la qualification à la Coupe du monde 2010 qui a eu lieu en Afrique du Sud. C'était la troisième qualification au Mondial dans l'histoire du football algérien. Ce succès a été dur à arracher, au vu de la grande adversité des Egyptiens. C'est ainsi qu'un match barrage s'imposait pour connaître l'heureux élu. Le Soudan a été choisi par la FIFA pour abriter ce choc. Dans les rues d'Alger, les jeunes défilaient passeport en main, avant leur déplacement à Khartoum. Les mesures prises par le président de la République ont permis à un très grand nombre d'Algériens de se rendre au Soudan, pour encourager les coéquipiers de Faouzi Chaouchi. La tension était à son paroxysme, après tout ce qui s'était passé au Caire, quelque jours auparavant. L'on se souvient que le bus qui transportait la sélection nationale avait été caillassé par des supporters égyptiens pour intimider les Verts. Résultat, Halliche et Lemmouchia ont été atteints par des pierres à la tête. D'ailleurs, ils ont pris part au match avec un bandage. Idem pour Hassane Belhadji, l'entraîneur des gardiens de but. Au final, ce sont les Algériens qui ont eu le dernier mot en s'imposant sur le score suffisant d'un but à zéro qui leur a permis d'aller au Mondial, au grand dam des Pharaons et de la famille Moubarak qui misait beaucoup sur cette rencontre pour des raisons politiques. Les Algériens ne pourront jamais oublier toutes les facilités qu'ils ont eues de la part des Soudanais. En dépit du fait d'être voisine avec l'Egypte, la population soudanaise a choisi son camp, en soutenant à fond l'Algérie. Présent ici au Soudan depuis jeudi passé, Le Buteur a profité de cette occasion pour aller visiter la ville d'Oum Dourmane et, surtout, le stade d'El Merrikh qui avait abrité cette empoignade, 14 mois et 12 jours après la qualification historique de l'Algérie. «Nos magasins sont restés ouverts le plus normalement du monde» A notre arrivée au stade, nous avons discuté avec les propriétaires des magasins situés juste à côté. Imad Moussa, qui possède une épicerie, à dix mètres de l'entrée nord du stade qui avait été réservé aux supporters algériens, nous dira : «ça a été un moment historique pour nous les Soudanais. On avait soutenu l'Algérie. Moi personnellement, j'avais accroché des drapeaux algériens dans ce magasin. Le jour du match, j'avais ouvert la boutique le plus normalement du monde, sans avoir eu de problèmes avec les fans algériens qui étaient très sympathiques.» «Avec les billets qu'on nous a réservés, on a encouragé l'Algérie» Ce même Imad Moussa nous dira que tous les Soudanais avaient décidé de supporter l'Algérie. «Tous les Soudanais avaient décidé de supporter l'Algérie. Certains ont acheté des billets spécialement pour encourager nos frères algériens. On était tous derrière les Verts, parce qu'on n'aime pas les Egyptiens», nous dira-t-il. -------------------------------- Interdiction d'entrer au stade… On avait hâte d'entrer au stade, notre stade, et discuter avec les employés. Mais devant l'entrée principale, un policier interdisait l'accès aux personnes étrangères, car les ouvriers s'affairaient à apporter les dernières retouches, avant le coup d'envoi de la deuxième édition du Championnat d'Afrique des Nations. Nous montrant très insistants, il finira par céder. -------------------------------- Des photos souvenir pour immortaliser notre présence Nous avons profité de notre présence au stade pour prendre des photos souvenir, mais surtout à l'endroit où Antar Yahia, l'actuel capitaine des Verts, avait lancé son missile en direction des bois d'Al Hadary -------------------------------- Le stade d'El Merrikh prêt pour le CHAN, contrairement au Khartoum Stadium Après savoir réussi à convaincre le policier posté à l'entrée du stade de nous laisser accéder, nous avons constaté la différence entre El Merrikh et le stade de Khartoum qui va abriter la cérémonie d'ouverture ainsi que les matchs de l'EN d'Algérie. Il ne reste que quelques retouches au stade El Merrikh d'Oum Dourmane, contrairement à Khartoum Stadium où les travaux sont très en retard. Le stade de la capitale risque même de ne pas être prêt pour la cérémonie d'ouverture prévue le 4 février prochain. -------------------------------- L'endroit d'où Yahia a crucifiéAl Hadary, première destination Nous sommes très vite allés nous positionner à l'endroit d'où Antar Yahia avait crucifié Issam Al Hadary, le gardien égyptien. C'était à la 42' de la rencontre. Le ballon s'est logé en pleine lucarne. Ça nous a fait rappeler la joie du peuple algérien qui s'en est suivie, après cette qualification historique. Par ailleurs, nous avons remarqué qu'il y avait des flaques d'eau dans la partie du terrain qui a envoyé les Verts en Afrique du Sud. Un employé du stade nous dira : «C'est un endroit béni, on veut le préserver». Les journalistes du Buteur ont profité de cette occasion pour prendre des photos, en se regroupant à cet endroit historique. Idem avec la cage que gardait Al Hadary ce jour-là. -------------------------------- Ali Fethi Abou Houcine, un Egyptien employé au stade d'El Merrikh En demandant de voir le directeur du stade, nous avons été surpris par la présence d'un Egyptien, agent de gardiennage. Ce sont ses collègues qui nous l'ont présenté. Il s'agit de Ali Fethi Abou Houcine qui travaille dans le stade d'El Merrikh depuis plusieurs années. Très sympathique et serviable, il a accepté de parler avec nous de cette rencontre le plus normalement du monde. «Quand je vois le terrain, ça me rappelle un mauvais souvenir… le but d'Antar Yahia» Ali Fethi Abou Houcine n'a toujours pas oublié ce fameux 18 novembre, date de la qualification de l'Algérie aux dépens de son pays, l'Egypte. Il nous raconte : «Le jour de la rencontre, je n'étais pas ici à Khartoum, j'étais chez moi en Egypte. Cette défaite m'a beaucoup fait mal. Jusqu'à présent, quand je rentre au stade ou que je foule la pelouse, je revois ce but d'Antar Yahia.» La barre transversale avait été brisée par des supporters algériens fous de joie llDans l'enceinte même du stade, il y avait la barre transversale du côté des bois où Antar Yahia avait marqué le but de la victoire avait été brisée par des supporters algériens, juste après le coup de sifflet final de l'arbitre. Des supporters ont fait comme Chaouchi en s'asseyant carrément sur la barre transversale qui a fini par céder. Les responsables du stade l'ont même gardée, en guise de souvenir de cette journée historique. Cela nous a permis de la photographier. -------------------------------- Le commissaire du match a demandé à Mohamed Annane d'arroser la pelouse cinq minutes avant le coup d'envoi Mohamed Annane s'occupe de l'entretien de la pelouse. Rencontré dans le bureau du sous-directeur du stade, il nous a raconté une anecdote : «Quelques minutes avant le début du match, le commissaire du match est venu me chercher pour me demander d'arroser la pelouse. J'ignore jusqu'à présent les raisons de ce geste.» «J'étais assis derrière Al Hadary à côté des photographes. J'ai bien vu le but de Yahia» Mohamed Annane continue de raconter cette rencontre, lui qui était sur la main courante. Il raconte : «Moi, j'ai assisté à cette rencontre historique en me postant derrière les bois d'Al Hadary, d'où Antar Yahia avait marqué ce but. J'étais en compagnie de journalistes et photographes. Je me suis levé pour applaudir ce très joli but.» «On aime les Algériens car ce sont révolutionnaires, contrairement aux Egyptiens» Mohamed Annane, à l'instar de tous les employés du stade d'Oum Dourmane, étaient tous avec l'Algérie. Ils étaient de tout cœur avec les camarades d'Antar Yahia. Il exprime son attachement pour l'Algérie : «On aime l'Algérie. Le peuple algérien est un peuple révolutionnaire, digne, contrairement aux Egyptiens. C'est pour ces raisons qu'on l'aime.» -------------------------------- Un agent de sécurité du stade avait hébergé une famille algérienne Pendant cette discussion, un agent de sécurité d'un certain âge nous fait savoir qu'il avait hébergé toute une famille algérienne qui s'est rendue au Soudan pour soutenir les Verts. Le père, ses enfants et la mère ont fait ce long déplacement. Il nous raconte : «J'ai hébergé une famille algérienne chez moi. Il y avait le papa, la maman et les enfants. J'étais fier d'avoir fait une telle bonne action.» -------------------------------- Kamel Douhiya (directeur du stade) «Dans les plus hautes sphères du pays, on craignait beaucoup cette rencontre» Le directeur du stade d'El Merrikh, Kamel Douhiya, nous a reçus dans son bureau. Il nous a parlé de cette rencontre et de l'organisation qui avait précédé ce match. Il nous dira même que dans les plus hautes sphères du pays, il y avait des craintes par rapport à cette rencontre. Il explique : «Dans les plus hautes sphères du pays, on craignait beaucoup cette rencontre, car il y avait énormément de même. C'était un match sous haute tension. Dieu merci, nous avons réussi notre mission avec brio, surtout qu'il ne s'est rien passé avant, pendant et après le match.» «On était tous avec les Algériens après ce qui s'est passé au Caire» Pour ce qui est du match, le directeur du stade nous dira qu'au début, il était pour que l'Egypte se qualifie à la Coupe du monde. Mais après les graves incidents qui ont émaillé la rencontre du Caire, il a changé d'avis : «Je dois dire qu'à la fin de la rencontre, j'étais très heureux après la qualification de l'Algérie. Au départ, je voulais que ce soit l'Egypte qui passe. Mais le comportement anti-sportif des Egyptiens au Caire m'a rendu fou furieux.» -------------------------------- Mohamed Djamel (sous-directeur du stade) «Le 15 novembre, on a reçu Raouraoura qui avait choisi les vestiaires nord du stade» Pour sa part, le sous-directeur du stade se souvient toujours de cette rencontre, comme si c'était hier. Il nous dira : «Je me souviens toujours de cette rencontre. C'était vraiment un rendez-vous extraordinaire. On ne s'attendait pas à un tel engouement. Moi, je me souviens toujours du président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, qui est venu ici au stade pour l'inspecter. C'était aussi l'occasion pour lui de choisir les vestiaires pour l'équipe, en prévision de ce match barrage. Il avait choisi les vestiaires nord, au-dessus des gradins réservés aux supporters algériens.» Le musée du club d'El Merrikh ouvert spécialement pour Le Buteur Même si le musée du stade était fermé, les responsables de l'enceinte ont ordonné son ouverture spécialement pour Le Buteur, afin que nous puissions le visiter. Des trophées gagnés par le club étaient soigneusement alignés. Les responsables du stade nous ont accompagnés dans notre visite. Omar El Bechir, Djamal El Wali et Endurance Idahor, partout dans le stade Le stade d'El Merrikh à Oum Dourmane est aux couleurs du club des Sang et Or. Cependant, à l'entrée du stade, des posters géants sont accrochés. Il s'agit de photos du président de la République soudanaise, Omar El Bechir, de Djamal El Wali, président du club, et du défunt joueur nigérian du club, décédé sur cette pelouse d'Oum Dourmane, en l'occurrence Endurance Idahor. «C'est le stade d'El Merrikh, pas d'Oum Dourmane» Après avoir quitté le musée d'El Merrikh, un responsable du stade a tenu à préciser que ce stade porte le nom d'El Merrikh, non pas Oum Dourmane comme il le dit : «Ce stade porte le nom d'El Merrikh Stadium, pas Oum Dourmane. Cette dernière est une ville située à Khartoum, c'est tout. En outre, à Oum Dourmane, il y a deux stades, El Merrikh et El Hillal. Voilà qui est clair.» -------------------------------- Les Soudanais toujours hospitaliers Durant notre visite, nous avons confirmé notre idée que nous avions des Soudanais, à savoir que ce sont des gens hospitaliers. Ces derniers nous ont, en effet, accueillis comme il se doit. Plus même, ils se sont démenés pour permettre au Buteur de travailler dans les meilleures conditions.
