«Maïza a essayé de m'en dissuader, mais je ne l'ai pas écouté» «Je remercie tout le monde pour le soutien indéfectible apporté après le match face à la Tunisie» Trois jours après son penalty raté en demi-finale du CHAN face à la Tunisie , Hocine Metref a consenti, enfin, à nous en parler. Plus apaisé, sans doute avait-il fini par digérer sa déception, il revient dans l'entretien qui suit sur cette fameuse «Panenka» ratée et la déception qui s'en est suivie. La «Panenka» que vous avez ratée en demi-finale face à la Tunisie qui a coûté l'élimination de l'Algérie du CHAN a constitué les discussions ces deux derniers jours, beaucoup a été dit à ce propos, comment vous sentez-vous depuis ? Ce n'est pas la première fois que je tire un penalty de cette manière. Je l'ai déjà réussi au moins quatre fois auparavant. Ça ne m'a pas réussi cette fois, je ne le nie pas, mais ce n'est pas la première fois que je tente un tel geste. Si je l'avais réussi, on aurait dit : «Waou, vous avez vu ça !» mais bon, je ne peux pas revenir en arrière. Vous dites avoir marqué déjà une «Panenka», quand ça ? Face à la Grèce lors des Jeux méditerranéens d'Almeria en 2005. Puis face à la Tunisie lors du même tournoi. Vous pouvez le demander à Tasfaout et Bouazza qui étaient tous les deux là. Puis en quarts de finale de la Coupe d'Algérie face au RCK au 5-Juillet. Je me souviens que Ghanem était dans le but. Une autre fois en match amical face au CAB. Je n'ai pas pris plus de risques que les autres en le tirant de cette façon. Un penalty, c'est du 50/50. Tu peux marquer comme tu peux rater. Cette fois, j'ai échoué, mais cela ne veut nullement dire que je l'ai mal tiré. C'est le gardien qui n'a pas marché, c'est tout. Vous êtes-vous entraîné sur cette façon de tirer avant le match ? Bien sûr. J'ai même fait tourner Zemma en chèvre d'une Panenka. Le coach est, pour votre information, venu me voir pour me dire qu'il voulait que je refasse ça le lendemain face à la Tunisie, si on en venait aux tirs au but. Je lui ai répondu : «Inch'Allah !» Je ne dis pas ça pour me dédouaner, car c'est moi qui ai tiré et raté, mais juste pour que les gens comprennent que je n'ai pas pris les choses à la légère en tirant comme ça. Je n'ai pas eu de chance, c'est tout. Avez-vous songé à ne pas tenter cette Panenka au moment de tirer ? En fait, après que le coach eut désigné les tireurs, Maïza était venu me voir en aparté pour me demander de ne pas tirer de cette manière. On aurait dit qu'il l'avait senti ! J'ai préféré ne pas l'écouter. J'ai préféré faire le vide dans ma tête. J'avoue que j'allais changer ma façon de tirer, mais au moment d'armer, j'ai opté pour une «Panenka». Comment expliquez-vous ce ratage ? Pas de bol ! Et puis, je dois avouer que je n'ai pas bien ajusté mon tir. J'ai pris le ballon de l'extérieur du pied, alors que je devais mettre un pointu. Le gardien a été pris à contre-pied, mais il a pu se redresser pour rattraper le ballon. Dommage. Je suis le premier déçu par ce ratage. J'en assume la responsabilité. Est-ce vrai que vous avez refusé de dîner avec le groupe le soir même ? C'est faux ! Je n'ai jamais refusé de dîner ni chialé comme l'ont voulu le faire croire certains. Ce n'est pas que je suis resté insensible à ce ratage qui nous a coûté la finale et j'en suis désolé, mais juste parce que je sais pertinemment que dans la carrière d'un footballeur, cela arrive assez souvent. Si c'était à refaire, écouteriez-vous Maïza ? C'est difficile à dire. Sincèrement, je ne peux pas répondre à cette question. Peut-être que oui, peut- être que non. Allez-vous continuer à tirer de cette manière ? Pourquoi pas ? Oui, il se pourrait que je tente de nouveau ce genre de geste, pour peu que l'adversaire ne connaisse pas ma façon de tirer. A mon avis, on a oublié qu'ils ont étudié dans le moindre détail notre façon de jouer. Ils n'ont rien laissé au hasard. Comment cela ? Vous n'avez pas remarqué que leur gardien partait à chaque fois du bon côté. Il était sur la trajectoire de tous les ballons. Que ce soit sur les tirs de Lemmouchia et Bouazza. Cela prouve qu'ils ont bien étudié notre façon de tirer, sans doute lors de la Coupe de l'UNAF lors du match ESS-EST. On les avait battus aux tirs au but. Pourquoi dites-vous à vos coéquipiers que vous assumez seul la responsabilité de l'élimination ? Parce que c'est vrai, je suis responsable. Je leur ai présenté mes excuses avant le dernier match face au Soudan. Je les ai remerciés pour leur soutien. Personne, je dis bien personne n'a cherché à m'incriminer. Au contraire, ils ont tous fait en sorte de me remonter le moral. Cela m'a beaucoup réconforté. J'ai tenu à le leur dire. N'avez-vous pas peur que le public ne se retourne contre vous ? Non, pas du tout. Cela étant dit, j'assume entièrement ma responsabilité dans cette élimination. Certains vous accusent de légèreté sur cette action… Ce n'était pas le cas pourtant. J'étais très concentré. Je n'ai jamais pris ça à la légère, on n'a pas joué un match amical quand même ! A chacun sa façon de tirer. Il y a ceux qui cherchent le petit filet, d'autres la transversale…moi, j'ai tiré comme ça et j'assume mes responsabilités. Ce n'est pas la peine d'en rajouter. J'en ai déjà raté en demi-finale de la Coupe d'Algérie face au CABBA et j'en raterai sans doute à l'avenir. Ceci fait partie du jeu. On a vu le président Mohamed Raouraoua vous parler avant le coup d'envoi du match face au Soudan, il est sans doute revenu sur ce penalty ? En effet, il m'a dit que c'est le mektoub et qu'il ne servait à rien que je me torture avec ça. J'avoue que son soutien a été total. Il m'avait appelé juste à la fin du match face à la Tunisie pour me remonter le moral. Il a été d'un soutien énorme. Je ne l'oublierai pas. Avez-vous reçu des échos du pays ? Oui. Positifs ou négatifs ? Positifs. Mes amis n'ont pas cessé de m'appeler pour me remonter le moral. Pensez-vous que le public algérien a changé sa vision du footballeur local après ce CHAN ? J'en suis certain. C'est une évidence même, après le bon rendement que nous avons fourni durant ce CHAN. Je pense que nous avons surpris plus d'un par notre niveau. On a honoré le pays. Je sais que beaucoup n'auraient pas pariés sur nous au départ. Beaucoup a été dit sur nos chances, mais finalement, nous avons su comment déjouer tous les pronostics et on est très fiers. Qui des joueurs qui ont pris part à ce tournoi est, selon vous, capable de vous rejoindre chez les A ? Sincèrement, je ne peux rien avancer. Il faudrait poser plutôt la question au coach, seul habilité à vous répondre. Tout ce que je peux dire, c'est que les joueurs ont montré un niveau très appréciable. Le coach dit que les portes sont ouvertes à tout le monde. C'est clair, non ? Vous allez vous retremper dans l'ambiance du club à Sétif, une ambiance a priori pas très reluisante avec tous ces problèmes internes qui secouent l'Entente, comment allez-vous gérer ça ? J'ai confiance en Serrar. Je sais qu'il saura faire régner la sérénité de nouveau. L'Entente est un grand club et les grands clubs ne meurent jamais. Sincèrement, je ne suis pas du tout inquiet.