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Menad : «A Mexico, Saâdane était dépassé car Djadaoui et Dahleb constituaient un staff en parallèle» 1re partie
Publié dans Le Buteur le 13 - 05 - 2009

«Contre l'Irlande, Saâdane m'a dit qu'il devait faire jouer des grands et je lui ai dit : «Alors, face à la Chine, tu feras jouer des nains ?»»
«Après la CAN-86, Fergani, Bencheikh et Merzekane ont été injustement sacrifiés»
«Si j'étais à la place de Medjadi, j'aurais dégagé le ballon sans réfléchir»
«N'avait été le blocage du ministre, j'aurais eu ma place au Mondial-82»
«A l'époque, il n'y avait ni élections ni AG des clubs et ça marchait très bien !»
«Nous étions aussi talentueux que les pros, sauf qu'on nous a bloqués en Algérie»
«Je n'en veux pas à Saâdane, car c'est désormais un confrère»
De tous les joueurs de la génération dorée des années 90, Djamel Menad est certainement l'un de ceux qui ont le plus beau palmarès, que ce soit avec la sélection nationale ou la JSK : champion d'Algérie, vainqueur de la Coupe d'Algérie, participation à la Coupe du monde avec les juniors et les seniors, champion d'Afrique des nations et des clubs, meilleur buteur en Coupe d'Afrique, une carrière professionnelle en France et au Portugal… Sa carrière internationale s'est même prolongée jusqu'à la moitié des années 90. Ce long parcours en fait un témoin incontournable d'une époque aussi euphorique par ses réalisations que troublante par ses à-côtés. Menad y revient avec du recul, mais aussi avec sa franchise habituelle. Dans cette première partie, il évoque les deux Coupes du monde auxquelles a participé l'Algérie.
*
Vous êtes l'un de fleurons de la belle époque du football algérien, celle de la Réforme sportive, remportant des titres nationaux et internationaux, tant en club qu'en équipe nationale. Que retenez-vous de cette époque ?
Sans subjectivité ou chauvinisme aucun, je dirais que c'était la plus belle période du football algérien. A l'indépendance, il y avait du football et des talents, mais on ne réalisait pas grand-chose au plan international. On ne passait même pas les premiers tours pour aller en Coupe d'Afrique ou en Coupe du monde ou même pour une participation aux jeux Olympiques. Bien que nous ayons des joueurs de niveau mondial, on n'était pas très fiers de nos performances. Puis, il y a eu l'avènement de la Réforme sportive. Les décideurs de l'époque avaient évalué la situation et décidé de ne pas continuer dans ce marasme-là et qu'il fallait instaurer une réforme. Cette réforme-là a apporté beaucoup de choses et donné des résultats : plusieurs participations à la CAN, deux participations à la Coupe du monde, des médailles d'or remportées, des sacres internationaux, même au niveau des clubs… Sans vouloir défendre cette époque-là, je dirais que tout marchait bien. D'ailleurs, au niveau des clubs, il y avait de véritables gestionnaires qui savaient gérer et diriger et faire fonctionner un club. Il y avait un engagement total de l'Etat à cette époque pour prendre en charge le football. Certes, l'Etat avait pris en charge tous les sports, mais plus spécialement le football. Il a mis le paquet et a placé des hommes à la tête des clubs. A l'époque, il n'y avait pas d'assemblées générales ni d'élections. C'était des désignations et des nominations, parce que c'était des sociétés nationales qui géraient le club et on dégageait des présidents parmi les cadres de ces sociétés afin de gérer le sport comme ils géraient leurs sociétés. Et ça marchait !
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Peut-on comprendre que vous regrettez cette période ?
Oui, je la regrette amèrement. Je préfère les désignations. Pas dans le sens dictatorial, mais dans le sens de placer des gens compétents. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. La Réforme sportive avait ses insuffisances, mais il fallait la prendre et améliorer les textes. Quand même, on ne pouvait pas rejeter un système où nous étions gérés comme des professionnels !
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Il y avait donc le professionnalisme ?
Oui. Sportivement parlant, on était professionnel au sens propre du terme. Je ne parle pas de l'aspect financier, car nous n'étions pas payés pour jouer, mais sportivement parlant, nous étions organisés comme des professionnels.
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Est-ce cela qui explique qu'à cette époque, de vrais professionnels évoluant en France, tels Djadaoui, Chebel ou autres Bourebbou, n'arrivaient pas à s'imposer face aux locaux ?
Absolument. C'était ça l'explication car le joueur local était pris en charge sur tous les plans : sportif, matériel, médical, professionnel… Il ne manquait de rien et n'avait pas de quoi s'inquiéter ou gamberger dans sa tête pour son avenir. Il savait qu'il était là pour honorer les couleurs du club et de la sélection. Il ne pensait qu'à s'entraîner, à jouer et à améliorer son niveau et c'est pour ça qu'il était très fort. Donc, il pouvait tenir la comparaison devant le professionnel de France. A l'époque, aucun des locaux sélectionnés n'était inférieur aux professionnels.
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A tel point que Bourebbou, meilleur passeur du championnat de France, était remplaçant de Madjer…
Oui, par exemple. Il y avait également Djamel Tlemçani, meilleur numéro 10 du championnat de France, qui trouvait des difficultés à s'imposer face aux locaux. C'est dire que nous avions des joueurs de haut niveau. La seule différence, c'est qu'ils n'évoluaient pas en Europe. Allah ghaleb, il y avait cette fameuse réglementation qui empêchait les locaux d'aller jouer en Europe avant d'atteindre l'âge de 28 ans. Qu'est-ce qui reste d'une carrière à 28 ans ?
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Estimez-vous que les 40 joueurs présélectionnés pour le Mondial-82 méritaient d'aller en Coupe du monde ?
Oui, les 40 joueurs, sans exception. Ce n'est pas pour défendre cette époque-là uniquement, car il y avait des joueurs pétris de qualités durant les années 70, mais dans les années 80, si on plongeait la main dans n'importe quel club et on la retirait, on tirerait de bons joueurs. A notre époque, le fameux onze de la Jumbo-JET pouvait facilement intégrer l'équipe nationale, tellement il était fort. Mais à côté, il y avait d'autres très grands joueurs comme Assad, Madjer, Belloumi. Aujourd'hui, les bons joueurs se font rares.
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Avez-vous été affecté de ne pas avoir été retenu dans les 22 pour le Mondial-82 ?
Oui, j'ai été très affecté parce que je méritais de participer à cette Coupe du monde. J'avais participé à tous les matches éliminatoires, mais il y a eu le problème de mon transfert du CRB à la JSK qui a été entouré de pas mal de grabuge et de conflits. Le ministre de l'époque s'était mêlé de l'affaire, m'empêchant d'être qualifié à la JSK. J'étais donc resté presque huit mois sans jouer, ce qui fait que je n'ai pas pu participer au Mondial.
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Pensez-vous que c'était la vraie raison de votre mise à l'écart pour le Mondial ?
C'était la seule et vraie raison. Beaucoup de gens l'ignorent, mais Yahi et moi avons été les seuls joueurs à avoir été sélectionnés chez les seniors juste après la Coupe du monde des juniors en 1979 à Tokyo. Nous avions participé aux jeux Olympiques de Moscou, puis aux éliminatoires de la Coupe du monde, avec le premier match au Sierra-Leone. Il était donc logique que je sois au Mondial, n'était ce problème de transfert.
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Est-ce Khalef qui vous avait annoncé que vous n'iriez pas en Coupe du monde ?
Oui, c'est lui. Il m'avait dit que si j'avais été compétitif, il m'aurait sélectionné, mais pour ne pas faire de jaloux, il ne pouvait pas le faire. Avant même qu'il ne me le dise, je savais que je n'allais pas y aller, car j'étais resté huit mois sans jouer. Allah ghaleb !
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N'était le problème que vous avez vécu, auriez-vous été capable de décrocher votre place parmi les 22 ?
Oui, j'en étais capable, car je m'étais imposé sportivement sur la scène nationale. C'est vrai, je méritais d'être dans la sélection, mais d'un autre côté, je me suis fait une raison et j'ai accepté ça en me disant que j'ai raté ce rendez-vous parce que je manquais de compétition.
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Sincèrement, comment avez-vous vécu la victoire contre la RFA ?
Wallah, je l'ai fêtée avec le peuple. Avec des amis, nous avons pris une voiture et nous avons défilé dans la rue.
*
Avec un pincement au cœur, quand même…
Oui, car j'aurais pu être en Espagne, avec mes coéquipiers, mais Allah ghaleb ! Il y avait une fête générale à travers tout le pays et j'y ai participé volontiers.
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Quels sont les joueurs présents en Espagne avec lesquels vous êtes resté en contact durant la compétition ?
Il y avait Yahi ainsi que les joueurs de la JSK, Amara et Larbès. Nous étions restés en contact. Cela me faisait rêver, comme cela fait rêver tout joueur de football qui veut réussir cet exploit comme eux.
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Pour la Coupe du monde de 1986 au Mexique, avez-vous eu un doute sur votre participation, vu votre mésaventure de 1982 ?
Ah, non ! J'étais tellement confiant de ma valeur et de mon rang que je ne me suis pas fait du souci.
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Est-ce par rapport à votre rôle de buteur lors des deux derniers matches qualificatifs face à la Tunisie ?
Non, il ne faut pas regarder ces matches-là uniquement. J'ai été performant durant tous les matches qualificatifs. Je ne vais pas vous apprendre que j'avais été élu meilleur sportif et meilleur footballeur algérien en 1985. Donc, ça ne pouvait pas m'inquiéter. D'ailleurs, à l'époque, l'entraîneur Rabah Saâdane disait après chaque match : «Le seul joueur qui me donne satisfaction et dont la place est indispensable, c'est Menad.» Il le disait aux joueurs et à la presse.
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N'empêche que malgré ces éloges, vous n'avez pas été titularisé lors du premier match du Mondial face à l'Irlande du Nord…
C'est ce qui m'a vraiment déçu. J'ai eu du chagrin parce que le prétexte avancé par Saâdane ne m'avait pas convaincu. Il m'a dit que pour rivaliser avec les Irlandais, il devait faire jouer les grands. Je lui ai dit : «Alors, face à la Chine, tu feras jouer les nains ?»
*
Quand même, vous aviez la même taille et la même corpulence que Djamel Zidane qui, lui, avait été titularisé…
Cela démontre bien que son argument ne tenait pas la route ! Faire jouer les grands face aux Irlandais, arrêtons de rigoler ! En vérité, la vraie équipe qui se dessinait était connue : c'était celle qui avait joué contre le Brésil. C'est celle-là qui devait jouer du premier au dernier match et ça s'arrête là !
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Partagez-vous l'opinion de Faouzi Mansouri et de Mahmoud Guendouz qui avaient déclaré au Buteur que Rabah Saâdane était trop gentil et voulait faire plaisir à tout le monde en faisant jouer les joueurs à tour de rôle ?
Ce que je peux dire, c'est que Saâdane était dépassé à cette époque. Les choses n'allaient pas bien, il n'arrivait pas à maîtriser le groupe qui lui a échappé un peu, parce qu'il y a eu des interférences et des immixtions dans son travail et dans ses choix et il ne savait plus où donner de la tête.
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Sont-ce des choses qui étaient visibles ?
Ah, oui ! Comment se fait-il que moi, joueur titulaire et indispensable, selon ses dires, lors des éliminatoires, je ne figurais même pas parmi les 16 sur la feuille du match face à l'Irlande du Nord ? J'étais à la tribune en train de regarder le match. Même pas remplaçant ! Je lui ai dit de trouver un autre prétexte. Bien au contraire, face aux Irlandais, il fallait des joueurs qui jouent à terre. Au FC Barcelone, ils sont tous presque tous petits, avec une moyenne de 1,65m, mais ça joue au ballon. On n'allait pas jouer au basket-ball, tout de même ! Avec du recul, je pense que c'est un vrai gâchis.
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Guendouz nous a déclaré qu'il peut pardonner les erreurs de 1982, mais pas celles de 1986 car l'équipe était plus forte, plus expérimentée et, logiquement, devait aller très loin en Coupe du monde…
Evidemment ! Ce qui nous a fait mal, c'est que nous n'avions pas retenu les leçons de 1982. Il fallait profiter de l'expérience passée pour aller à Mexico avec des arguments valables et un bon groupe. Je pense que le fait de désigner un staff qui a conduit la sélection jusqu'à la qualification et puis, arrivé à la phase finale, le remodeler, le fortifier et le renforcer par d'autres éléments a été une mauvaise chose. Je n'ai rien contre Djadaoui et je n'ai rien contre Dahleb, mais pourquoi un staff parallèle ? C'est ça qui a créé des clans et des tiraillements.
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Y avait-il un clivage entre les locaux et les pros ?
C'est clair ! Cependant, je ne dis pas que tous les professionnels étaient dans le clan anti-locaux. Un Mansouri, par exemple, était neutre et bon avec tout le monde. Cependant, il y avait quelques éléments qui refusaient d'entrer dans le moule. Je ne veux pas citer de noms pour ne pas remuer le couteau dans la plaie.
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Est-il vrai que le groupe était tellement divisé que les joueurs ne mangeaient même pas ensemble ?
Non, ce n'est pas vrai. A l'époque, c'était le Ramadhan. Les jours de match, c'est vrai que nous mangions tous ensemble, mais en dehors des matches, il y en a qui faisaient le carême et d'autres qui ne le faisaient pas.
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Qu'en est-il des sorties nocturnes ?
Il y avait des joueurs qui sortaient et qui faisaient la fête, mais moi et les joueurs locaux, nous nous lions au règlement intérieur et aux instructions du staff.
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Lors du match contre le Brésil, l'Algérie a encaissé un but, alors qu'elle dominait son adversaire. Medjadi nous a expliqué que Drid ne lui a pas parlé, alors que Drid a dit le contraire. A qui la faute, selon vous ?
Tout le monde a bien revu l'action. Si j'étais un défenseur, je n'hésiterai pas à mettre le ballon dehors ou à remballer, sans prendre de risque.
*
C'est donc Medjadi que vous incriminez ?
Je n'incrimine personne. Le football veut que, dans pareille action, quand on est défenseur, on ne prend pas de risque et on fait ce qu'il faut faire pour éviter le danger.
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Pensez-vous que sans ce but, l'Algérie aurait pu remporter ce match ?
Nous aurions pu décrocher au moins le match nul.
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Les avez-vous vus sentis déstabilisés à un certain moment ?
Comment ne pas être déstabilisé alors que tout le stade scandait «Algeria ! Algeria !» ? On était tellement contents. C'était quelque chose de grand.
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Si le même onze aligné face au Brésil avait joué contre l'Irlande du Nord, auriez-vous pu gagner ?
Wallah, nous aurions gagné ! Je dis bien : wallah ! Avec notre jeu technique à l'algérienne, nous les aurions battus. Mais faire jouer Harkouk et les grands sous prétexte que les Irlandais étaient grands… !
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Le gardien de but El Hadi Larbi avait déclaré à une revue émiratie que les Espagnols voulaient arranger le résultat de leur match contre l'Algérie. Le confirmez-vous ?
Je ne sais pas s'ils ont voulu arranger le match, mais une chose est sûre : les Espagnols avaient peur de nous. Mais ils ne savaient pas qu'au sein du groupe, c'était la «rouina» (la ruine). S'ils avaient su, peut-être ils n'auraient pas pensé à la combine. D'ailleurs, passées les premières minutes de la première mi-temps, ils ont vite détecté nos faiblesses. Ils nous ont infligé une raclée, et c'est tout.
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Personne n'avait compris les motivations du choix du onze entrant lors de ce match. Etait-ce un mélange de ceux qui n'avaient pas encore joué et de ceux qui avaient donné satisfaction ?
Je vous ai bien dit qu'à cette époque-là, Saâdane était dépassé. D'ailleurs, je ne lui en veux pas. C'est désormais un confrère. Moi aussi je suis entraîneur et c'est pour ça que je ne vais pas le critiquer, mais je dirais qu'il n'avait pas la force mentale et l'autorité pour s'imposer et imposer les joueurs qui méritaient amplement leur place.
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Contrairement à Khalef en 1982 ?
Oui. Je crois qu'en 1986, c'est ce qui manquait : l'autorité, la poigne et le courage d'imposer des joueurs valables.
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Est-il vrai, comme l'a déclaré un ancien joueur, que lors du match aller du dernier tour qualificatif face à la Tunisie, on vous aurait demandé de lever le pied vers la fin du match afin de ne pas humilier davantage les Tunisiens ?
Non, je n'ai entendu ça à aucun moment. Je pense qu'il fallait jouer et marquer le plus de buts pour assurer la qualification en Tunisie afin que le match retour à Alger ne soit qu'une formalité. C'est vrai qu'au départ, avant le match, nous avions peur. C'était un match derby contre une équipe qui est toujours motivée contre nous. Même si nous devions jouer contre le Maroc, nous aurions eu ces appréhensions. Lors des derbies, les paramètres sont particuliers et c'est toujours dur. Cependant, dès que Rekbaoui nous avait marqué le premier but, cela a été fatal pour eux. C'est comme lorsqu'on dérange une guêpe : après, elle ne vous lâche plus. Nous étions plus forts mentalement et tactiquement. Il faut dire aussi que la conjoncture se prêtait à une telle victoire de l'Algérie car la Tunisie, au plan du football, vivait une période difficile.
*
Qu'est-ce qui explique la mauvaise prestation de l'équipe nationale lors de la Coupe des d'Afrique des nations de 1986 en Egypte, alors que cette même équipe s'était montrée souveraine lors des qualifications ?
C'est vrai qu'il y a eu une mauvaise prestation. Si je me rappelle bien, Saâdane avait appelé en majorité des joueurs locaux. Il y avait très peu de professionnels. C'est après cette Coupe d'Afrique que les remaniements et les changements avaient commencé au sein de l'équipe et du staff. On a commencé à spéculer et à tirer sur certains. Il y a eu des joueurs qui ont été sacrifiés, tels Fergani, Bencheikh et Merzekane.
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Etait-ce injuste ?
Oui, c'était injuste. Si l'équipe était passée à côté à la CAN, ce n'était pas à cause de ces gens-là. Il fallait aussi voir du côté de l'encadrement. Tout le monde avait sa part de responsabilité, c'est vrai, mais les vrais dysfonctionnements étaient en dehors de l'équipe.
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Pourquoi était-ce toujours les locaux qui payaient ?
Parce que c'était les plus faciles, car la conjoncture de l'époque faisait que les locaux ne pouvaient pas ouvrir leurs gueules.
Entretien réalisé par
Farid Aït Saâda et Badreddine Djafer
(à suivre)


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