"J'ai vécu de grands moments. Je suis toujours heureux d'assister à ce genre de compétitions." Agé de 66 ans, Bora Milutinovic n'a plus besoin d'être présenté. Globe-trotter à l'activité toujours aussi intense sur la scène footballistique, le Serbe a mené cinq sélections nationales différentes en phase finale de la Coupe du monde de la FIFA. Plus récemment, il a apporté sa contribution à l'équipe de travail qui a défendu la candidature du Qatar pour l'organisation de la Coupe du monde de la FIFA 2022. Blogueur populaire en RP Chine et intervenant de l'Académie Aspire («Academy for Sport Excellence»), l'entraîneur de l'Irak lors de la Coupe des Confédérations de la FIFA 2009 a accueilli FIFA.com à Doha pour un entretien à bâtons rompus. Fidèle à son style, Milutinovic évoque les compétitions continentales de l'année 2011, le succès du football qatari et son avenir dans le football. Nous vous avons vu suivre la récente Coupe d'Asie de l'AFC de très près. Quelle est votre analyse du niveau de cette compétition ? J'ai vécu de grands moments. Je suis toujours heureux d'assister à ce genre de compétitions. Il y avait une super ambiance dans les stades et l'organisation était parfaite. J'avais déjà vécu trois autres éditions, une à la tête de l'équipe de Chine et deux en tant que spectateur. Je peux vous dire que c'est une autre qualité de football. C'est plus dynamique, le jeu pratiqué est moderne. J'ai vu de bons matchs. En parlant du Qatar, vous avez travaillé pour le comité de candidature à l'organisation de la Coupe du monde de la FIFA 2022. Parlez-nous de cette aventure… Je suis très ému, très heureux, plus particulièrement pour le peuple du Qatar. Le Moyen-Orient a une belle occasion de démontrer tous les progrès qu'il a réalisés. Je suis sûr que nous allons assister à une Coupe du monde de rêve. J'espère que le bon Dieu me permettra de vivre ça ! (rires) Quelle a été votre première pensée quand vous avez vu apparaître le nom du Qatar ? Oh ! C'est impossible de décrire l'émotion qui m'a envahi à ce moment-là. Bien entendu, j'ai ressenti du bonheur pour toutes les personnes qui ont travaillé avec tant d'ardeur pour obtenir cette reconnaissance. Je suis sûr que les Qataris vont montrer une image différente de celle à laquelle s'attendent les gens. Vous êtes un expert de la CONCACAF. Comment analysez-vous la nouvelle configuration de cette zone après Afrique du Sud 2010 ? Le Mexique doit se pencher très sérieusement sur la nature de son problème. C'est un pays qui a une grande passion pour le football. J'espère que José Manuel de la Torre, un entraîneur jeune et intelligent, va réussir à faire travailler tout le monde dans le même sens. Il dispose d'une excellente génération. Le Costa Rica a accordé sa confiance à Ricardo La Volpe. Les Costaricains ont eux aussi la passion, mais ils manquent de patience. La Gold Cup sera intéressante à suivre. Gold Cup, Copa América... Allons-nous vous voir sur ces compétitions ? J'espère être en Argentine pour suivre ce qui sera, à coup sûr, une grande compétition. Il s'agit d'une mini Coupe du monde : on y voit les meilleurs joueurs du monde, comme les Argentins, les Brésiliens et les Uruguayens. Les Sud-Américains pratiquent le football avec passion et ils profiteront de cette épreuve pour préparer la prochaine Coupe du monde. Dans la CONCACAF, il y a également une grosse intensité autour de ce rendez-vous. Ces deux compétitions sont importantes car elles sont qualificatives pour la Coupe des Confédérations. Il faudra les suivre de très près. Lionel Messi s'est vu décerner le FIFA Ballon d'Or et José Mourinho a été nommé meilleur entraîneur de l'année. Etes-vous d'accord avec ce tableau d'honneur ? Pardon ? Ce n'est pas moi, le meilleur entraîneur ? (rires) Parlons sérieusement, si l'on raisonne en termes de résultats, Mourinho a connu une année fantastique et il a gagné beaucoup de choses. Pour ce qui est du Ballon d'Or, eh bien Messi, c'est Messi ! Avec tout le respect que l'on doit aux autres joueurs, il faut reconnaître que Messi a beaucoup de talent et d'influence, que ce soit en club ou en équipe d'Argentine. En plus, c'est un excellent coéquipier, qui a un superbe état d'esprit. Ajoutez à cela une vie privée irréprochable et tout est dit. Xavi, Andres Iniesta et les autres sont, eux aussi, parfaits dans ce domaine. C'est une bonne chose de montrer l'exemple en dehors du terrain. Notre dernière question est sur beaucoup de lèvres dans le monde du football. Quand allons-nous vous revoir sur un banc de touche ? Espérons que ce soit au Qatar en 2022 (rires). Trêve de plaisanterie, j'ai travaillé à la candidature et je collabore avec l'Académie Aspire. Je ne suis peut-être pas sur le terrain, mais je conserve un lien actif avec le football. Entraîner, c'est toute ma vie, mais aujourd'hui, je mets ma passion au service des Qataris, pour qu'ils améliorent leur football.