J'avais déjà introduit un morceau sur Ath Yenni qui s'intitule Thamourthiou Aâzizen que mon éditeur de l'époque m'avait forcé de retirer pour rester sur un seul style musical. J'ai dû céder la mort dans l'âme.. * Vous avez chanté en arabe mais peu en kabyle. Cela est dû à quoi au juste ? * Cette question m'interpelle dans ma conscience. Ce que vous dites est juste et faux à la fois. Juste parce que, effectivement, le large public ne m'a connu que comme chanteur arabophone. Mais ce qui est bon à savoir, c'est que depuis mon enfance, j'ai plus chanté en kabyle et en anglais qu'en arabe. Dans mon tout premier album, j'avais déjà introduit un morceau sur Ath Yenni qui s'intitule Thamourthiou Aâzizen que mon éditeur de l'époque m'avait forcé de retirer pour rester sur un seul style musical. J'ai dû céder la mort dans l'âme parce que je tenais à rendre hommage à mon village. Sinon j'ai commencé à chanter en kabyle depuis que j'ai ouvert les yeux. Dans ma famille, on a toujours eu des instruments de musique. Mon père était au conservatoire chez le grand Chérif Kheddam. Il nous a transmis le virus de la musique qui ne nous a plus quittés depuis. * Et vous n'avez pas pensé à chanter en kabyle plus tard ? * Bien évidemment. D'ailleurs dans mon dernier album, j'ai composé une chanson en kabyle que je considère comme l'une des meilleures que j'ai écrites. Surtout le texte qui, malgré son contenu un peu tristounet, m'étonne encore à chaque fois que je l'entends. Je ne me savais pas capable d'écrire de la poésie en kabyle. Une chose est sûre, c'est que je compte bien me racheter plus tard, incha Allah. * Quels rapports avez-vous avec Béni Yenni ? * C'est des rapports d'un enfant avec ses parents. J'ai beaucoup de tendresse pour Ath Yenni. Je voue un respect total pour cette terre de Kabylie qui a vu naître mes parents et toutes les générations qui nous ont précédées. Ath Yenni est le ventre qui a enfanté toute ma famille. C'est aussi une immense partie de ma culture. En fait, quand je suis sérieux avec moi-même, je me surprends à réfléchir en kabyle. C'est un peu drôle, même quand je m'énerve, c'est en kabyle que je l'exprime le mieux. C'est dire que le fait d'être né et de grandir à Alger ou à l'étranger n'altère pas mon côté ayaniou. Bien au contraire. * Quels souvenirs avez-vous gardé d'Ath Yenni ? * L'air pur en hiver et la chaleur suffocante en été. Beaucoup de verdure au printemps avec des gens très ouverts. Ça discute tout le temps à Ath Yenni. Les gens se parlent aisément entre eux. Surtout quand vous venez d'ailleurs. Les vielles dames vous demandent qui vous êtes et introduisent aussitôt des sujets de conversation. Cela ne se fait pas dans les villes. Je crois que c'est cette convivialité et cette candeur qui me font décider d'y retourner à chaque fois que je suis en Algérie. * Vous venez rarement à Ath Yenni... * Je ne peux pas faire mieux, malheureusement. Je vis à Berlin et je n'ai qu'un petit mois et demi de vacances par an. Mais à chaque fois que je retourne en Algérie, je me fais le devoir et le plaisir d'emmener mes enfants à Ath Yenni. Ils s'y plaisent beaucoup. Ils adorent la nature et la montagne. * Vous êtes l'animateur de Bordj Al Abtal, à Fort Boyard. On vous a vu parler un peu avec les candidats en kabyle. C'était voulu par la production ? Aucunement. Personne ne m'avait donné de consignes dans ce sens. Au début de l'émission, j'avais adopté un air très sérieux. C'était le rôle qui le voulait et je me devais de jouer le méchant. Par la suite, je me suis détendu peu à peu et j'ai fini par me lâcher. J'ai donc décidé de parler en kabyle avec certains candidats qui pouvaient me comprendre. C'était plutôt authentique, réel. J'ai pris un plaisir fou à montrer cette facette à la télé nationale. Il faut briser ce mur de manière définitive. Les accents de nos différentes régions sont tous agréables. C'est cela la force de l'Algérie, cette diversité culturelle est un atout que nous envient beaucoup de pays. Je suis toujours fier de parler en kabyle à la télé comme ailleurs. * Vous allez reconduire quand Bordj Al Abtal ? * Je crois que ce sera diffusé au mois de janvier 2009. C'est pour bientôt. Il y aura beaucoup de gags et d'invités surprise. On s'est bien amusés tout en améliorant l'émission. On n'était pas dans la découverte cette fois. * Vous avez sans doute fait découvrir le kabyle à Sting lorsqu'il vous a sollicité pour faire la tournée avec lui... * Vous savez, nous étions deux Berbères dans le staff de Sting. Il avait en plus de moi, un ami marocain qui s'appelle Ghani Krija. C'est un formidable percussionniste qui parle également berbère. Tout ce que je peux vous dire, c'est que Sting a écouté tout mon dernier album dont la chanson en kabyle et je peux vous dire qu'il n'a pas trouvé moche la sonorité. De plus, c'est un monsieur qui donne énormément d'importance aux cultures dites minoritaires. Il en fait son cheval de bataille depuis des années. * Un dernier mot ? * Je tiens à saluer toute la Kabylie par le biais de votre journal et plus particulièrement les gens d'Ath Yenni. Bonne année aussi à tous les Algériens où qu'ils soient. Entretien réalisé par Sofiène Tireche Qui est qui à Ath Yanni ? Mamache et Mohamed Réda sont cousins par le biais de leurs mamans issues des Ath Zaid (Graïne). Idir et Mohamed Réda sont cousins par le biais des Ath larvi. Le nom d'Ath Larvi est celui de la famille Cheriet. Idir est plus connu chez lui par Hamid Ath Larvi. Le nom d'Ath Ali est celui de Mohamed Réda Djender. Reportage réalisé par Nacym Djender