«Depuis une semaine, nous nous préparons à affronter Barcelone. Nous sommes tous sur la même longueur d'ondes. De ce fait, nous sommes sans doute encore plus concentrés et motivés» Visiblement détendu, le milieu de terrain international attend avec impatience le choc qui opposera Manchester United au FC Barcelone, samedi en finale de la Ligue des champions de l'UEFA. À l'approche du grand rendez-vous européen de la saison, l'ancien meneur de jeu de Tottenham tient un discours conquérant. À l'en croire, les Red Devils ont retenu les leçons de la défaite infligée par les Catalans au même stade de la compétition, deux ans auparavant à Rome. Le nouveau champion d'Angleterre serait même mieux armé aujourd'hui pour contrer l'armada blaugrana.Dans un entretien exclusif accordé à FIFA.com, Carrick évoque également la prochaine retraite d'Edwin van der Sar, l'influence positive qu'exerce Sir Alex Ferguson sur son groupe et son admiration pour Xavi et Andres Iniesta. Qu'est-ce qui a changé à Manchester United depuis 2009 ? Nous avons gagné en expérience. Nous avons connu de bons moments depuis cette époque, même si nous avons aussi traversé quelques passes plus difficiles. On dit que l'on apprend davantage de ses échecs… En tout cas, le groupe est très soudé. Ici, la solidarité n'est pas un vain mot. Nous voulons gagner tous ensemble. Comment vous sentez-vous, à l'approche de la finale ? Nous avons hâte d'y être. Bien entendu, nous sommes un peu nerveux, car c'est un match très important. Mais nous sommes surtout impatients de rentrer dans le vif du sujet. Pourquoi ce match est-il considéré comme le plus important de la saison en Europe ? Nous avons gagné notre championnat, les Barcelonais ont fait de même chez eux. Depuis quelques années, ces deux équipes dominent leur sujet. Nous nous sommes déjà croisés à plusieurs reprises, que ce soit en finale ou en demi-finale. Les deux clubs sont régulièrement présents au plus haut niveau. Maintenant, tout va se jouer sur une seule rencontre. Sir Alex Ferguson avait reconnu que les Barcelonais vous avaient «donné le tournis» en 2009. Comment faire pour les battre cette fois-ci ? Il faut jouer sur nos points forts pour faire la différence. Evidemment, nous devons avoir beaucoup de respect pour Barcelone. C'est une grande équipe. Mais nous ne sommes pas arrivés là par hasard. Si nous avons gagné le championnat d'Angleterre, c'est que nous avons quelques qualités. C'est là-dessus qu'il faudra s'appuyer. Je pense que nous pouvons donner du fil à retordre à n'importe quel adversaire. Vous ne partirez pourtant pas favoris. Saurez-vous gérer ce statut d'outsider ? Peu importe les étiquettes, c'est une finale, tout peut arriver. Il est vrai que d'ordinaire, nous avons plutôt la faveur des pronostics, mais ça ne changera pas grand-chose en ce qui nous concerne. Curieusement, vos récents exploits n'ont pas soulevé un grand enthousiasme. Avez-vous le sentiment que les médias n'ont pas jugé vos performances à leur juste valeur ? En tant que joueurs, nous ne nous posons même pas la question. Nous, nous sommes là pour gagner. Nous n'allons pas commencer à pleurnicher à cause des commentaires que l'on peut lire ici ou là. Gagner, c'est tout ce qui compte pour nous. En tant qu'Anglais, que représente le fait de disputer la finale de la Ligue des champions de l'UEFA à Wembley ? C'est fantastique. J'essaie de ne pas trop y penser car il faut rester concentré sur l'essentiel. Néanmoins, c'est un match énorme et nous avons la chance de le jouer dans un stade chargé d'histoire. Edwin van der Sar jouera son dernier match samedi. Auriez-vous souhaité qu'il dispute une saison supplémentaire ? Quand nous avons fêté le titre samedi dernier, tout le monde chantait «Une autre, une autre...» dans le vestiaire. Mais c'était surtout une façon de dédramatiser. Edwin est assez grand pour faire ses choix. S'il pense qu'il est temps pour lui de raccrocher, ce n'est pas à nous de le contredire. J'espère seulement que nous aurons l'occasion de lui offrir un beau cadeau d'adieu. On imagine que l'ambiance monte d'un cran à l'approche de la finale. Cela influe-t-il sur la façon dont vous vous entraînez ? Non. Par certains côtés, c'est la routine. Depuis quelques jours, nous insistons un peu sur l'aspect tactique mais l'intensité reste la même. On ne peut pas se permettre de penser à une éventuelle blessure. Il faut rester concentré sur la tâche à accomplir et travailler le plus sérieusement possible, afin d'être fin prêt le moment venu. Selon vous, Sir Alex Ferguson a-t-il déjà son équipe en tête ? Je ne crois pas. Je pense que chaque séance d'entraînement est une occasion de s'imposer dans ses plans. Il faut donner le meilleur de soi-même à chaque fois, car le niveau est incroyablement élevé. Notre groupe est très homogène et notre entraîneur dispose de nombreuses options. Le choix ne sera certainement pas facile. Franchement, je n'aimerais pas être à sa place. Votre place en finale est-elle le fruit d'un effort plus collectif qu'en 2009 ? Compte tenu du calendrier démentiel qui est le nôtre et de la richesse de notre groupe, tout le monde fait le maximum pour tenter de décrocher une place de titulaire. En tout cas, personne ici ne songerait à remettre en cause les décisions de l'entraîneur. Un joueur qui se retrouve sur le banc pour un ou deux matches ne songerait jamais à protester. Il ne faut jamais perdre de vue l'objectif principal, qui reste de remporter le championnat, tout en étant compétitif en Ligue des champions. En tant que milieu de terrain, que pensez-vous de Xavi et Andres Iniesta ? Ce sont de grands joueurs. Quand je les regarde à la télévision, je suis le premier à applaudir chacune de leurs actions. Evidemment, quand il faut jouer contre eux, c'est une autre histoire… Je les respecte énormément, pour ce qu'ils sont et pour tout ce qu'ils ont accompli, mais ils restent avant tout des adversaires. Pouvoir compter sur l'immense expérience d'un manager qui a déjà tout gagné est-il un grand avantage pour vous ? Quand quelqu'un qui a le vécu de Sir Alex Ferguson vous fait confiance, vous êtes sur un petit nuage. Avec un tel soutien, comment ne pas croire en soi ? C'est une chance extraordinaire de profiter des conseils et des encouragements d'un homme de sa trempe. Est-il différent dans de telles circonstances ? Tout le monde est différent. Après le match de Blackburn, nous nous sommes tout de suite projetés vers cette finale. Depuis une semaine, nous nous préparons à affronter Barcelone. Nous sommes tous sur la même longueur d'ondes. De ce fait, nous sommes sans doute encore plus concentrés et motivés. Beaucoup de fans s'attendent à un match très ouvert. En tant que joueur, quelle est votre opinion ? Difficile à dire. La dernière fois, nous avions très bien débuté, nous avions nettement dominé et puis ils ont marqué. On ne peut vraiment pas savoir à l'avance quel sera le scénario du match. Contrairement à ce que les gens disent, nous n'avions pas démérité ce jour-là. Nous leur avons souvent posé de gros problèmes. Ce n'était pas le désastre décrit ici ou là mais il y a certainement des choses que nous ferons différemment cette fois-ci.