«Les hypocrites soutenaient Benchikha avant de se retourner contre lui aujourd'hui» «Benckikha pourrait revenir un jour en Equipe nationale, comme l'ont fait certains avant lui» Lors de la discussion qu'il a eue avec nous, l'ancien international Mahmoud Guendouz a promis de ne plus parler de l'Equipe nationale, après s'être attiré la colère de plusieurs techniciens pour avoir critiqué, il n'y a pas si longtemps, les Verts. Mais l'humiliante défaite concédée par l'EN samedi l'a poussé à s'exprimer et demander, via notre journal, aux autorités du pays d'intervenir pour sauver l'Equipe nationale et le football algérien. Il n'a pas épargné au passage le sélectionneur Abdelhak Benchikha : «Réussir à Béja, Zarzis et le Club Africain ne signifie pas automatiquement qu'on peut réussir à la tête de la sélection nationale», dira-t-il. Mahmoud, la sélection algérienne a concédé une lourde défaite au Maroc, avez-vous vu le match et que pensez-vous du résultat et de la piètre prestation des protégés de Benhikha ? Oui, j'ai vu le match, j'ai vu cette mascarade. Mais je voudrais avant tout évoquer une affaire que je défendais depuis un moment. De quelle affaire s'agit-il ? Que le football revienne aux gens du domaine. Partout dans le monde, ça se passe comme ça. Pour être entraîneur, vous devez avoir pratiqué le football, pareil pour être consultant. On ne vient pas de nulle part pour dire que je suis capable d'entraîner le MCA, la JSK ou la sélection nationale. Malheureusement, l'Equipe nationale a payé le prix du pourrissement de la situation de notre football, en sortant prématurément des éliminatoires de la CAN 2012. La sélection est devenue un laboratoire d'essais. Celui qui rêve de devenir entraîneur, on lui donne sa chance en Equipe nationale. Vous incriminez qui vous ? L'entraîneur qui a démissionné et prit tout sur lui seul ou les joueurs qui étaient comme des marionnettes sur le terrain ? Pauvre Benchikha. J'ai consulté la presse hier et aujourd'hui (entretien réalisé hier matin ndlr), et j'ai trouvé qu'il a été la cible privilégiée. Même ceux qui se nomment comme des locaux ont ouvert le feu sur lui. Hier, ils disaient que Benchikha était l'entraîneur qu'il fallait pour diriger la sélection, et voilà qu'après cette défaite, ces mêmes personnes le critiquent lui faisant porter le chapeau de la défaite. A qui faites-vous allusion ? Je ne citerai pas de noms, ce sont des hypocrites, mais je dois préciser que je ne suis pas en train de défendre Benchikha qui m'en voulait lors de la rencontre aller à Annaba, je ne sais pourquoi. Peut-être qu'il avait mal interprété mes déclarations. Il semble que vous ne voulez pas le critiquer pour qu'il ne se fâche pas contre vous une nouvelle fois… Lorsque je critique, je le fais par objectivité. Benchikha est venu avec de bonnes intentions, mais il croyait que celui qui a réussi avec Zarzis, Béja et le Club Africain était capable de réussir avec l'Equipe nationale. C'est-à-dire ? Réussir avec ces équipes tunisiennes ne garantit pas la réussite à la tête de la sélection algérienne. Normalement, l'entraîneur qu'on sollicite pour prendre la sélection algérienne doit d'abord se demander s'il est capable de coacher l'Algérie, une grande nation de football. Vous savez, prendre la décision de devenir entraîneur d'une sélection comme l'Algérie doit se faire après mûre réflexion. Le pauvre Benchikha qui croyait que c'était facile de prendre en main une équipe comme l'Algérie. Le voilà aujourd'hui en train de quitter le navire dans des moments difficiles. J'ouvre une parenthèse pour dire que je ne suis pas en train de le blâmer, car aujourd'hui, je suis avec lui et contre ceux qui le critiquent. On comprend par là que Benhikha n'aurait pas dû accepter d'entraîner les Verts ? Mais c'est lui qui voulait prendre en main cette équipe. Il était convaincu qu'il n'y avait pas de différence entre un club en Tunisie ou en Algérie et la sélection et que la réussite était assurée. Benchikha n'est pas le seul à avoir échoué. Avant lui, on a donné leur chance à d'autres entraîneurs qui ont raté leur passage en EN également. Je ne suis pas contre Benchikha, mais contre la politique qui a mené Benchikha en sélection. Vous voulez dire la FAF, puisque c'est elle qui l'a désigné ? Non, je ne vise pas la FAF ou une autre structure du pays. Je parle seulement de l'Equipe nationale, car le championnat souffre aussi. Des entraîneurs viennent de partout pour driver les plus grands clubs du pays. Ils ont même ramené des entraîneurs d''interquartiers qu'ils ont placés dans de grands clubs. Il faut revoir la façon avec laquelle on gère le football en Algérie. Ne croyez-vous pas que Benchikha est sorti par la petite porte, lui sur qui le public comptait pour conduire l'équipe à bon port ? Par la petite ou grande porte, Benchikha a voulu relever le défi, puisqu'il croyait que sa mission en EN allait être semblable à celle d'un club comme le Club Africain. Il s'est rendu compte que c'était différent et son départ de la sélection ne signifie pas qu'il ne reviendra pas en sélection. Certains entraîneurs dont les résultats ont été bien mauvais sont revenus cinq ou six fois en sélection. Vous croyez donc qu'il reprendra un jour la sélection algérienne ? Tout est possible chez nous. Il peut revenir dans deux ans. Et ce ne sera pas étonnant, du moment qu'on a déjà vu des entraîneurs moins compétents revenir coacher les Verts. Et je voudrais ajouter quelque chose… Allez-y… Certains journalistes ont beaucoup aidé Benchikha. De ma vie, je n'ai jamais vu un entraîneur bénéficier du total soutien des journalistes. Vous l'avez promu Général, et tous les jours, on lit dans la presse : ‘le Général veut ceci, le Général fait cela, le Général et sa compagnie sont prêts…' C'est une preuve de l'anarchie qui caractérise notre football. L'erreur de Benhikha, selon vous, est d'avoir accepté d'entraîner les Verts. Mais ne pensez-vous pas que les joueurs assument la plus grosse responsabilité, après le visage terne qu'ils ont montré ? Cela n'est pas nouveau. Je l'ai déjà dit, nous n'avons pas des joueurs qui possèdent le niveau pour jouer en Equipe nationale. Ils ont montré leurs limites lors du dernier Mondial déjà. Ils ont perdu sur le score de 4 à 0 contre l'Egypte et on a incriminé l'arbitre. Ils n'ont pas pu marquer en Afrique du Sud et tout le monde les a défendus. Aujourd'hui, ils encaissent quatre buts face au Maroc. Comment voyez-vous l'avenir de cette équipe sachant qu'à 99%, elle est éliminée de la prochaine CAN ? Devrions-nous ramener un autre entraîneur local et lui donner le temps nécessaire ou un entraîneur étranger capable de reconstruire l'équipe ? Le problème est plus profond par rapport à la question de l'entraîneur qu'on doit ramener. Même si vous ramenez le meilleur entraîneur du monde, il ne pourra rien faire. La situation actuelle n'est pas faite pour travailler. Croyez-moi et écrivez cela dans votre journal. Bien évidemment qu'on l'écrira pour que tout le monde le lise. Avec cette génération de joueurs qui est finie à mon avis lors du Mondial sud-africain, tous les entraîneurs vont échouer. Qu'il soit locaux ou étrangers, ils ne pourront pas faire mieux. Celui qui viendra acceptera la mission, affirmera qu'il relèvera le défi, prendra de l'argent et s'en ira après avoir échoué. Et quelle est la solution à votre avis. On veut que vous donniez une solution, du moment que n'importe quel entraîneur ne réussira pas, selon vous ? Tant que l'Etat est le parrain numéro un de la sélection et qu'il prend les décisions, c'est à lui d'intervenir. La politique qui veut qu'on compte sur les joueurs émigrés n'a pas porté ses fruits. Et la politique adoptée en championnat aussi a montré ses limites. L'Etat doit intervenir et frapper d'une main de fer pour remettre de l'ordre. Franchement, vous qui avez fait partie de la génération qui a crucifié le Maroc en lui marquant cinq buts sur son sol et réalisé les meilleurs résultats contre les plus grandes nations, est-ce que cette mascarade de samedi passé vous a touché ? Vous ne vous êtes pas dit que cette génération a démoli tout ce que vous avez construit dans le passé ? Franchement, je n'ai pas été affecté, c'est l'Algérie qui me fait pitié, car c'est mon pays, mais cette mascarade ne m'a pas touché personnellement. Demandez à n'importe qui en Algérie, il vous dira la même chose. Pourquoi ? C'était prévisible, en plus on est habitués à ces scandales, 4-0 contre l'Egypte, 3-0 contre le Malawi. Et à chaque fois, on incriminait l'arbitre, le climat... Même à Annaba, notre rendement a été catastrophique. Mais ce jour-là, tout le monde était content. Personnellement, je n'étais pas content, on a gagné sur une balle arrêtée. C'est ce jour-là que j'ai su que la mission au match retour allait être très compliquée. J'ai prédit la défaite et je n'ai pas eu tort. Un dernier mot, Mahmoud… Benchikha restera un ami à moi, mais il doit comprendre une chose importante, c'est qu'il n'a pas été capable d'entraîner la sélection nationale. C'est une vérité qui j'espère ne le contrariera pas. J'espère que les autorités du pays interviendront pour éviter à notre football de sombrer davantage.